Pour beaucoup de parents, le petit garçon, ou la petite fille à qui l’on donnait la main pour traverser la rue, s’est brusquement transformé en un « individu non identifié ».
Les positions changent, les réactions changent, de part et d’autre dans la famille.
Les parents voient le temps qui s’est écoulé à travers leur enfant , qui passe du stade de l’enfance à une enveloppe corporelle proche de l’adulte . Cette nouvelle apparence se met en place dans l’angoisse et la difficulté pour le jeune, qui lui aussi ne se reconnaît plus ; il faut quitter, abandonner, explorer, avec des joies mais aussi des angoisses et des peines.
Pour les parents, il s’agit également de se séparer de l’image, de l’idée du petit enfant qui compose la famille.
Au moment de l’adolescence, les adultes se retrouvent confrontés à leur propre histoire d ‘adolescence, et donc à leur histoire familiale ; il s’agit aussi de faire le point sur le temps qui passe, le temps qui a passé , si vite, et si brusquement (comme nous le disent les parents).

La « crise d’adolescence » , comme elle est nommée généralement est également et souvent la « crise dans la famille » ; les positions de chacun se modifient , les places générationnelles sont en voie de modification :
les adolescents deviendront bientôt des parents poussant ainsi leurs propres parents à une place de grands parents. Ravivant ainsi les angoisses de chacun face à la culpabilité, et face à la mort.

Ces mouvements psychiques sont lisibles au travers des difficultés dont viennent nous parler les familles :
- ma fille sort le soir, elles est trop maquillée, elle n’écoute plus rien et ne fait que parler avec ses amis
- mon fils décide de tout, il devient violent verbalement , ou physiquement
- ma fille ne fait plus rien à l’école
- mon fils est sans arrêt collé à l’ordinateur
- la chambre ne ressemble à rien, j’ai honte.

Ceci du côté des parents ; le discours des enfants vient en miroir :

- ma mère ne comprends rien
- mon père ne me laisse pas sortir
- mes parents n’acceptent rien , ils sont vieux
- ma mère ne m’aime pas
- je n’étais pas désiré(e)…..

Dans l’agressivité, ou l’indifférence, dans la trop grande proximité ou la trop grande distance, chacun souffre, parle de sa propre histoire et de la difficulté d’Etre.

Nous rencontrons également aujourd'hui beaucoup de situations où la mère est seule à élever, éduquer, accompagner son ou ses enfants.
Père absent physiquement, père abandonnant, père non inscrit dans la tête des mères, père géniteur…des pères qui réapparaissent dans la tête de ces adolescents sous une certaine forme….
v Et là encore, le problème de la place se pose….
A quoi servent les enfants ?
Que réparent-ils de l’histoire de leurs mères ? de leurs pères ?
Qu’en est-il du lien ? fusion/défusion ?

Aimer et se séparer : pouvoir exister et permettre à l’autre d’exister aussi, à part entière.

Le travail de la Conseillère Conjugale et Familiale est alors d’essayer d’accompagner les familles, les couples, et les enfants sur une nouvelle façon d’éclairer leur histoire familiale
Brigitte DJIAN