Tout d'abord, l'accouchement, cette séparation obligatoire et brutale est en quelque sorte la mise en bouche du devenir...Sa préparation inévitable, inéluctable et souvent la mieux acceptée car elle reste indispensable et par conséquent fort bien comprise.

Puis, vient petit à petit le quotidien qui s'installe. L'enfant a environ 2 mois, lorsqu'il a compris que le jour et la nuit sont différents, mais ne saisit pas encore la séparation de corps d'avec sa mère, on dit donc qu'il apprend à "faire ses nuits".
C'est alors, qu'en grandissant, vers ses neuf mois environ, il va prendre conscience que maman est une personne à part entière, indépendante et ayant la possibilité de se séparer de lui et que par voie de conséquence, il peut sans l'avoir décider être seul.
Parfois, les séparations deviennent très lourdes à supporter pour lui, le soir au coucher mais aussi la journée et même lors de courtes disparitions de la mère (changement de pièce de la maman, par exemple) Il devra alors, intégrer le fait que l'absence n'est pas une séparation définitive, ni un abandon ou une disparition.

Cette perte de "contrôle" peut être paniquante pour un petit bout si elle n'est pas bien expliquée de façon rassurante et surtout si la mère, elle même, a des craintes (mort subite du nourrisson, angoisses divers de séparations )

A partir de ce moment là, souvent, les parents, qui lors de l'accouchement trouvait "normal" qu'il y est une séparation puisqu'elle était vitale, oublient l'utilité des autres séparations à venir car elles leur paraissent subsidiaires, subits et "souffrante" pour l'enfant et parfois pour la mère.
En effet, les mamans peuvent avoir une perte de confiance en "la vie", et surtout un besoin "sécure", de protéger, de surveiller leur progéniture.

Il est important de comprendre que plus l'enfant percevra, dans la communication non verbale de ses parents, du doute, du soupçon, de l'inquiétude, des angoisses, répercutés sous formes de regard interrogateurs, contrôleurs, plus ils vivront eux-mêmes la séparation du coucher difficilement. L'enfant n'est il pas en mesure de se demander "la raison pour laquelle papa et maman s'angoissent avant de me coucher ?"... Ceci peut l'amener à penser que si il y angoisses, il a toutes les raisons d'avoir peur lui aussi.

Je peux donc affirmer que plus les parents seront confiants, sereins, calmes et contents lors du coucher et plus les enfants mettront peu de temps à trouver leur sommeil et à en apprécier le besoin.

Et ceci va toujours dans le sens de la séparation définitive, ( même si c'est très loin...) chaque dodo est une séparation à part entière et est le gage d'un début d'autonomie.
Alors forcément, plus les schémas sont clairement énoncés à l'enfant, plus il est rassuré et comprend là où se trouve son "territoire".
En effet, il sera tout simplement plus simple à bébé de comprendre le rituel du sommeil, si ce dernier se fait toujours au même endroit et dans les mêmes conditions. Si papa et maman ont une chambre avec un grand lit et qu'elle est différente de celle de grande soeur qui a un lit moyen et de la sienne qui comporte un lit bien douillet et quelques petites décorations créant chaleur et ambiance. Il est important également que la chambre ne soit pas qu’élément de sommeil, mais aussi de partage tel que la lecture d'un livre, l'écoute de musiques douces, même dès le plus jeune âge, etc...

Si vous ne partager pas cette "culture" et bien soit, mais cela sera certainement un peu plus compliqué à lui faire comprendre, la raison pour laquelle, les grands ne vont pas se coucher en même temps que les petits.

Une chose est certaine, bébé peut tout comprendre, si vous lui expliquez clairement. Il ne parle pas encore, soit, mais sachez qu'il adore les grandes explications et ne perdez pas de vue, qu'il ne faut pas tergiverser, quelque soit le choix que vous aurez décidé, vous avez eu le temps de le murir pendant 9 mois...Ne vous laissez pas influencer, il y va de votre bien être. Et de votre bien être, découlera le sien.

Si toutefois, il avait peur du noir, alors, investissez dans une petite veilleuse, mais sachez tout de même, qu'il n'a aucune raison d'avoir peur du noir... Et vous, quand vous étiez petit, cela se passait comment lorsque maman éteignait la lumière ?

Ne lui transmettez pas vos peurs du loup et autres peurs de sorcières, il n'en est pas encore là.

Si votre petit "échoue" dans sa recherche de sommeil à plusieurs reprises, merci pour lui de ne pas le gronder, soyez patient, tout en étant très clair, c'est à dire, non hésitant. Ne perdez pas votre calme et surtout ne vous angoissez pas, car il se pourrait que cela renforce encore sa dépendance vis à vis de vous. Pour cela, je vous invite à pratiquer une petite séance de gestion de stress, de respirations intensives, juste avant de le coucher, afin que votre respiration, que votre rythme cardiaque soit suffisamment lent, que vous soyez détendue et qu'il puisse par voie de conséquences ressentir votre bien-être.

Vous pourrez constater au fil des mois qui passent, que plusieurs périodes sont plus difficiles que d'autres à effectuer, mais sachant que c'est passager, vous pouvez lui transmettre votre conviction de sa réussite à parvenir à trouver le sommeil, cela l'aidera forcément !

La halte garderie, crèches et écoles seront encore d'autres étapes essentielles dans l'apprentissage de l'automnomie de votre enfant et dans sa prise d'indépendance vis à vis de vous.
Alors, restez calme, doux, clairs dans vos désirs et dans vos propos, attentifs, rassurants, apaisants, directifs et pleins d'amour et dans tous les cas ayez confiance en vous et en lui.

Les petits plus :

Si lors d'un coucher difficile, vous perdez votre sang froid, sortez de la pièce au lieu d'hurler, de vous agacer ou de désespérer et arrêtez de rester bloqué derrière la porte à l'écouter respirer ou gazouiller, faites lui confiance, il va s'endormir et faites vous confiance aussi, vous avez fait de votre mieux. Si votre enfant pleure, rassurez-le en le prenant dans vos bras, faites-lui un câlin, écoutez-vous ! En écoutant ses émotions, vous comprendrez et apaiserez votre enfant. Puis à votre tour, exprimez-lui qu'il est important pour lui qu'il parvienne à trouver le sommeil et à s'endormir, c'est bon pour lui et pour son cerveau, mais c'est également bon pour vous, votre lait et votre couple.
De votre côté, arrêtez le café si ce n'est pas déjà fait, éteignez les télévisions, attrapez un bon bouquin, reposez vous et dormez bien... Si votre enfant ne parvient pas à vous quitter, pourquoi ne pas lui lire à voix haute, quelques pages du livre que vous dévorez en ce moment avant de le recoucher tendrement ?

Si vous vous sentez désemparés, n'hésitez pas à vous faire aider et consultez ! En général, une à cinq consultations (en cabinet, à domicile ou à distance) suffisent amplement à redonner à tout le monde la confiance nécessaire pour s'endormir gentiment dans une belle sérénité.

Bonnes et douces nuits !

Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
06 41 18 52 56