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envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

#1  30240

Bonané
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envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

Bonjour,
Je viens tout juste de m'inscrire sur le forum et j'avoue n'avoir pas envie de rechercher dans les différents messages des choses qui pourraient m'aider, je préfère raconter ce qui m'arrive, chaque histoire étant particulière.

J'ai 23 ans et je suis actuellement pour un an un Japon dans le cadre de mes études.
Jusqu'à mes 16 ans j'allais "bien". Avec le recul je me rends compte que beaucoup de choses n'allaient pas dans ma vie, mais par contraste avec maintenant, j'allais vraiment bien. A cette époque j'ai commencé à faire des crises d'angoisse et à tout coup avoir le sentiment de basculer dans un autre monde, où les mots habituels n'avaient plus de sens, à perdre tout lien avec les autres et avec moi-même. Tout ça a été très violent et je ne comprenais pas du tout ce qui m'arrivait. Ce genre d'épisodes était au début assez court et lorsque je revenais à "la normale", avec souvent des sensations euphoriques j'avais l'impression d'avoir rêvé ou inventé ce que j'avais ressenti : il m'était impossible de concilier ces deux parts de moi, je ne comprenais tout simplement pas. Peu à peu ces épisodes d'angoisse (je ne sais pas comment les nommer autrement) se sont fait plus longs, plus forts, plus rapprochés. J'ai essayé d'expliquer autour de moi ce que je ressentais mais j'ai fait face à plusieurs types de réaction. Relativisme ("ça arrive à tout le monde"), indifférence pure (un jour, quelqu'un que j'aimais et prenais pour un ami m'a demandé par réflexe, "ca va?" et à mon "non", il n'a répondu qu'un "ok", plein d'indifférence. jamais oublié) et une sincère inquiétude mais aussi totale incompréhension, notamment de la part de ma mère. Qui n'a jamais vécu ce genre de moments ne peut pas le comprendre, bien sur. Petit à petit je me suis mise à fuir tout le monde, mes amis m'appelant, je ne répondais pas ou suppliait ma famille de dire que j'étais absente. j'inventais des mensonges pour justifier que je n'avais pas répondu, lorsque ça allait mieux j'arrivais encore à être la personne qu'ils connaissaient, drôle, détendue, soit-disant à l'aise. j'ai toujours montré une image de moi, été polie, gentille, attentive aux autres. Pour tout le monde j'étais la personne qui souriait tout le temps, et je me sentais enfermée dans ce sourire qui n'était qu'une facade pour me protéger. L'année de mon bac je me réveillais la nuit avec des crises très intenses où j'étouffais, j'avais l'impression de tomber dans un trou sans fond, je voyais les autres "réussir leur vie" et moi ne jamais avancer, alors que j'avais toujours eu de bons résultats. au fur et à mesure tout s'est fait plus intense, j'ai peu à peu perdu tout vrai contact avec les autres, je n'ai plus su crée de nouvelles amitiés, et me suis raccroché à ce qu'il me restait, lorsque j'en étais capable. après le bac je ne me suis pas inscrite à la fac, car je n'avais aucune idée de quoi faire. un an après j'ai entamé des études de philo, persuadée que c'était "ma voie". Je me suis retrouvée face à des gens extrêmement brillants et pour la première fois de ma vie je me suis sentie moins intelligente. Je n'avais jamais vraiment travaillé pour mes études car j'avais toujours eu des bonnes notes sans le faire, je n'ai donc pas su m'y mettre cette fois et j'ai arrêté. j'ai passé une nouvelle année sans étudier, je suis partie en voyage deux mois, deux mois d'angoisse terrible, mêlée à la culpabilité de "ne pas profiter". en rentrant je me suis enfermé pendant deux ou trois mois dans ma chambre, en sortant très rarement. Ils restent surement les pires mois de ma vie, je ne me suis jamais sentie autant perdue, désespérée, emmurée, morte. j'ai trouvé un travail, être forcée à l'activité m'a fait du bien. j'ai décidé de m'inscrire en licence de japonais, de travailler comme une folle pour obtenir de bons résultats, être fière de moi. j'ai réussi. pendant deux ans je n'ai vu presque personne, tout en souffrant beaucoup je m'obligeais à travailler au maximum. certaines fois j'étais tellement mal que je n'y arrivais pas. je me souviens d'avoir travaillé plusieurs heures et de n'avoir rien retenu, j'étais je ne sais où, perdue loin en moi. finalement j'ai eu ma seconde année et la chance de partir au Japon, où je suis maintenant.
Pendant ces années je ne pouvais pas nier que les choses n'allaient pas, j'ai consulté plusieurs psychologues et psychiatres. Je me suis peu à peu rendue compte de certaines réalités qui ont été très dures à accepter pour moi.
Il me faut parler de ma famille, car beaucoup de choses lui sont liées.
Je suis l'aînée de deux soeurs, ma cadette est née alors que j'avais trois ans, mon autre soeur alors que j'en avais quatre. Mes parents sont très différents l'un de l'autre, des opposés. Ma mère est très vivante, gaie, ouverte vers les autres, tendre envers nous, attentive à nos besoins. Mon père est l'exact inverse, il est quelqu'un de très complexe à décrire. A plus de 50 ans il n'a AUCUN ami, vit cloitré, sort travailler et autrement reste chez lui devant la télé, jardine en été. Ils ont divorcé lorsque j'avais 15 ans. A l'époque j'en étais triste mais en même temps contente car j'ai grandi dans un climat très "lourd" et je savais que cela arriverait. Mes parents ont choisi la garde alternée pour mes soeurs et moi : deux semaines chez mon père, deux semaines chez ma mère. Je me suis rendue compte avec effroi que je ne connaissais pas mon père : il ne s'était jamais occupé de nous. Pour moi il était celui qui "faisait chier" en criant, en disant à ma mère de baisser la musique, pas grand chose de plus. Il ne savait pas s'occuper de nous, il ne savait même pas cuisiner. En un sens j'étais contente de pouvoir le découvrir. Très vite je l'ai découvert. Il avait des crises de colère terribles, incontrôlées et sans raison. Ma vie chez lui est vite devenue "un enfer", une peur et une anxiété permanente, car je savais qu'il était comme un lion en cage, que sa colère pouvait exploser n'importe quand, sans aucune raison et qu'il hurlerait des choses sans aucun sens (votre mère est une connasse / tout le monde est contre moi / et vous aussi / je vais me suicider ) jusqu'à ce que l'on pleure, le seul moyen pour qu'il se calme. Je l'ai vu humilier ma soeur qui a quelques rondeurs, je l'ai vu ne pas nous prêter attention, j'ai tremblé qu'il nous frappe, qu'il nous tue. Je me suis un jour demandé combien d'années de prison je risquerai si moi je le tuais, pour en finir, pour protéger mes soeurs et moi. J'en étais à ce point de détresse insoutenable. A cette période mes crises avaient déjà commencé, je fuyais les autres, et pourtant j'aimais encore aller au lycée où au moins j'étais loin de lui.
Les semaines chez ma mère, je les attendais plus que je ne peux le dire. Dans ma tête un compte à rebours permanent, plus qu'une semaine , plus que deux jours, etc. Dès que j'arrivais chez elle, un autre compte à rebours se mettait en route : plus que deux semaines avant de retourner chez lui.
Je voulais partir, mais n'en trouvais pas la force, je ne me souviens plus si je pensais à moi, à mes soeurs ou à nous trois, ou si tout simplement je n'osais pas. Un jour j'ai écrit une lettre à mon père que je comptais lui donner lorsque l'on irait chez ma mère, une lettre dans laquelle je lui écrivais que je partais, que je n'en pouvais plus, que je l'aimais mais qu'il me faisait du mal, que j'avais essayé de l'aider mais que ce n'étais pas possible, qu'il était le seul à pouvoir le faire. J'ai fait lire cette lettre à ma soeur, qui s'est mise à pleurer très fort. Mon père l'a entendue pleurer, il est rentré dans ma chambre sans frapper, comme à son habitude, il a exigé de savoir pourquoi elle pleurait. J'ai tenté de mentir et finalement je lui ai donné la lettre. Je n'oublierai jamais toute la force et la fureur que j'ai vu en lui; j'ai eu extrêmement peur, je me souviens de mon corps crispé, j'avais très peur qu'il ne me frappe. Il a tout lu sous mes yeux, j'ai oublié tout ce qu'il a dit, je me souviens qu'il a dit que je n'étais plus sa fille, mais ça ne m'a pas touché particulièrement, il ne s'était jamais conduit comme un père. il m'a laissé seule dans ma chambre, j'ai appelé ma mère qui est venue me chercher. j'avais vécu deux ans dans cet enfer, j'en partais, j'étais soulagée. puis j'ai vécu un an chez ma mère, mes soeurs venant deux semaines par mois. pendant plusieurs mois mon père ne m'a plus parlé, puis les choses se sont tassés, rien ne s'est amélioré mais les choses se sont calmées. j'étais très heureuse d'être seule avec ma mère, nous avions une relation extrêmement proche, elle était plus que ma mère, c'était mon pivot. (à cette période, mes "crises" étaient là, mais distantes les unes des autres, fortes mais fugaces) . Puis elle est tombée amoureuse de l'homme qui est maintenant mon beau père et qui n'était avant que le père de ma meilleure amie. Lorsque je l'ai su et qu'elle nous l'a "présenté" j'étais enthousiaste. Très vite les choses ont entièrement changé. De "je vous le présente simplement" il est devenu la personne présente tous les jours qui accaparait toute l'attention de ma mère qui n'avait d'yeux que pour lui. Je me suis sentie humiliée, rejetée, mais ce ne sont que des mots, je ne peux pas décrire la douleur que j'ai ressentie et que je ressens encore. Je suis devenue très agressive envers lui, et ma mère prenait sa défense, me forçait à m'excuser, etc etc. J'aime beaucoup cet homme et je vis dans un enfer, de le haïr pour cette place qu'il a prise, et de l'aime beaucoup pour ce qu'il est. C'est cette année là que j'ai passé mon bac, entre angoisse, disputes, hurlements. Ma douleur était tellement forte que je m'entaillais les bras avec une lame de rasoir, le seul moyen de me soulager.
Voir des psychologues/psychiatres m'a été utile, j'ai découvert beaucoup de choses sur moi. J'étais quelqu'un d'extrêmement colérique au sein de ma famille, alors que je ne me mettais jamais en colère à l'extérieur, je ravalais tout, à vrai dire j'étais tellement   annihilée que sur le moment je ne ressentais "rien", je vivais des choses que je trouvais humiliantes sans rien oser dire, pas forcément de "grandes" choses mais des choses qui me déplaisaient, je ne me sentais pas respectée et je ne disais rien. Je m'auto-justifiais en me disant que je préférais ne "pas en faire un fromage". Je me suis rendue compte, avec difficulté, que j'étais tout simplement incapable de me mettre en avant, terrifiée.
Pendant des années j'ai ressenti une colère immense envers mon père, je le voyais comme la source de tout, celui qui avait brisé tous mes élans envers les autres, envers le monde extérieur. Un de mes précédents psys m'a dit qu'il était peut être "l'arbre qui cachait la forêt", peut être que ce n'est pas à lui que j'en voulais. Il m'a expliqué que lorsque l'on est l'ainé d'une fratrie, l'arrivée d'un autre enfant peut être vécue comme étant très très douloureuse, mais que le plus souvent cette souffrance était niée, refoulée, que l'on ne s'autorisait pas à la vivre. Ses paroles m'ont parlé, même si je n'arrivais pas à les relier à ce que je ressentais. J'ai continué à y réfléchir, peu à peu elles ont fait plus de sens. Je pense maintenant que la cause de ce que je ressens vient de là. Je ressens toujours un immense vide en moi, comme si toutes mes actions étaient vaines, dans le fond. Je vois le monde autour de moi, je l'aime, je suis attirée, j'aimerais en faire part, mais je me sens enfermée en moi, comme si l'énergie qui pourrait me pousser à aller vers les autres m'avait été enlevée.
Je suis maintenant très isolée, car je suis dans un pays où je ne peux pas aller consulter un psy (niveau de japonais très bas, et même si je trouvais un psy qui parle anglais, mon anglais n'est pas suffisamment bon pour que je puisse exprimer avec précision ce que je ressens, d'autant plus que j'ai déjà du mal à le faire en français) , alors je vais sur internet, à la recherche d'articles qui pourraient me guider, j'ai commandé des livres dont j'espère qu'ils m'aideront également, mais je ressens aussi le besoin de "parler", voilà la raison de ma présence ici.

Ce message est long, surement confus, manquant de chronologie et de détails pertinents, je l'ai écrit d'une traite, sans être trop sure de ce que je voulais dire, trop-plein de tout en moi.
J'aimerais savoir si d'autres ont déjà ressenti des choses similaires, notamment ces grandes crises où plus rien n'a de sens, même les mots et aussi si quelqu'un est passé par ce sentiment d'être paralysé en soi, de regarder les monde, désespéré de ne pouvoir s'y élancer..

Merci à ceux qui auront lu jusqu'à la fin ce message !
Si vous avez des livres/articles à me conseiller, n'hésitez pas !

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#2  30351

Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

Bonjour,

a écrit:

Jusqu'à mes 16 ans j'allais "bien". Avec le recul je me rends compte que beaucoup de choses n'allaient pas dans ma vie,

pourriez vous être plus claire, svp, il semble qu'il y a quelque chose là.. vous pensiez que et en fait non?

a écrit:

Ils ont divorcé lorsque j'avais 15 ans.

après:

a écrit:

Jusqu'à mes 16 ans j'allais "bien

aucune cause à effet?


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#3  30352

Bonané
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Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

bonjour !
merci d'avoir pris le temps de me répondre.
par rapport à ce qui déjà, n'allait pas, je pense maintenant que beaucoup de choses que je vis maintenant avec force étaient déjà présentes mais très atténuées, comme mon grand manque de confiance en moi, mon besoin constant de perfection, mon énorme peur de m'exprimer en public et de me "tromper", ma jalousie énorme dès que je m'attache à une personne. Pendant mon enfance je vivais dans ma famille, dans un cocon bien agréable. depuis mes 18 ans je me suis isolée de plus en plus. je vis maintenant au Japon, seule, en milieu universitaire donc "entourée" mais sans vrais amis et je donne le change au quotidien.

je pense que le divorce de mes parents a été plus dur pour moi que je ne l'ai cru alors qu'il s'est produit, mais la chose la plus difficile pour moi a été lorsque ma mère est tombée amoureuse et s'est remariée : je ne le "digère" toujours pas. dans le fond je préfèrerais qu'elle divorce, malgré que je sais qu'elle est très heureuse maintenant, mais je ne supporte pas qu'elle ne se consacre plus autant à moi. je suis profondément triste à 23 ans, d'écrire des mots qu'un nouveau né pourrait prononcer, mais c'est ce que je ressens, je me sens comme un bébé démuni.

j'essaie d'écrire le plus possible pour "évacuer" ce que je ressens, de lire articles et livres qui pourraient m'aider, mais j'ai un immense cri en moi, cri sur lequel je n'arrive pas à mettre de mots et qui m'étouffe, j'ai l'impression de tourner en rond dans mes pensées.

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#4  30358

Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

a écrit:

comme mon grand manque de confiance en moi, mon besoin constant de perfection, mon énorme peur de m'exprimer en public et de me "tromper",

un lien avec le manque de mise en confiance paternel?


Thérapeute

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#5  30359

Bonané
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Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

Bonjour,
C'est ce dont je m'étais convaincue. Pendant longtemps j'ai haï mon père de n'avoir jamais pris soin de moi ni de s'être intéressé à moi, mais j'ai peu à peu changé mon point de vue. Bien que son attitude ne m'ait pas été très bénéfique, je crois que mon problème vient plus de ma relation avec ma mère. Je ne sais pas quoi faire car j'en ai déjà parlé avec elle. J'ai l'impression que j'ai un puits sans fond en moi

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#6  30417

Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

le lien au père était possible, mais en relisant je vois cela:

a écrit:

je préfèrerais qu'elle divorce,

et

a écrit:

ma jalousie énorme

enfin:

a écrit:

je ne supporte pas qu'elle ne se consacre plus autant à moi.

hum, oui c'est fort, non?!


Thérapeute

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#7  30418

Bonané
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Re: envie de vivre, mais comme une pièce manquante.

Oui très fort, beaucoup trop fort pour moi, c'est un sentiment qui m'oppresse entièrement et je ne sais pas comment m'en défaire ou le dépasser. J'ai déjà eu beaucoup de discussions et avec ma mère et divers psys, mais j'ai l'impression qu'hormis crier comme une cinglé pendant des heures et des heures, aucun mot ne pourra exprimer ce que je ressens.

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