Thérapeute ou ...

Bonjour,

je viens chercher des conseils de personnes expérimentées suite à ma première consultation chez un "psychothérapeute" qui m'a été conseillé par une personne qui était satisfaite de ses services.

(Je précise que je suis en instance de divorce, décision que j'ai prise après un an et demi d'une liaison avec une femme qui m'a tout simplement abandonné le jour où j'ai engagé la procédure. Nous avions projeté de vivre ensemble et un enfant était dans nos rêves.)

Je précise que cet homme n'a pas de plaque professionnelle, ne mentionne aucun diplôme particulier et consulte dans une pièce adjacente à son domicile privé (à droite en entrant c'est son logement, à gauche c'est le cabinet constitué d'une table d'école et de deux chaises en bois). Je n'en tire aucune conclusion a priori, mais ce sont les faits.

L'accueil fut glacial de prime abord. Et il m'a tout de suite fait asseoir sans prendre aucune information à mon sujet.

L'entretien que j'ai eu avec lui (c'est la première fois que je consultais) a été plutôt désagréable. Je n'ai senti aucune écoute de sa part et il n'a cessé de me reprocher de tourner autour du pot au lieu d'aller droit au but. Il montrait sans cesse des signes d'impatience et cherchait à me pousser à dire des choses qu'il semblait avoir en tête. Il a souvent déformé mes paroles (extrapolation) et, en dépit de mes correctifs, a refusé d'en tenir compte. Il semblait pressé d'en découdre, ne me laissant même pas le temps de raconter "mon histoire".

J'ai commencé à avoir peur lorsqu'il m'a dit : "cela fait une heure que nous parlons et nous n'avons pas fait grand chose. On peut continuer comme ça si vous voulez mais ça ne servira pas à grand chose." Et il ajoute (ce qui me semble une immense erreur) : "En ce qui me concerne, j'ai confiance en moi." Est-il normal qu'un thérapeute dise une telle chose à un patient ? Il n'y a rien de tel pour briser la confiance...

En cours d'entretien (lequel était plus un interrogatoire qu'un dialogue parfois), il m'a fait le test suivant (avec petit schéma sur un tableau) :

à quel âge avez-vous été indépendant financièrement ? X ans
quel âge avez-vous actuellement ? XX ans

Il a donc tracé une ligne verticale allant de 0 à X ans, et une deuxième ligne verticale allant de X ans (et 1 mois !) à (X x 2) ans.

Sa première manipulation a consisté à soustraire X de XX, ce qui donne un résultat (Y). Il me demande alors : "Que vous est-il arrivé à Y ans ?" - "Ben, rien de spécial. Rien du tout même..." - "Un choc émotionnel, une déception ?" - "Ben, non. J'étais un ado calme et sans histoire."

Là, je sens à nouveau qu'il n'est pas content. Décidément, je suis un mauvais élève ! Bon : il me pose une autre question :

à quel âge vos parents ont-il divorcé (je le lui avais dit auparavant) ? W ans

Crac ! On y est ! Bingo ! Il fait une marque sur la première ligne verticale et la relie à la marque correspondant à mon âge actuel sur la deuxième ligne : W x 4 = (presque) XX me dit-il triomphant !

Et voilà : rien de plus. Je lui ai dit : et alors ? Sa réponse : bah, c'est un multiple ! Et c'est tout ? Et c'est tout ... Si encore il m'avait dit avant de faire son "test" : "on a constaté que l'âge auquel un adulte divorce correspond à 4 fois l'âge qu'il avait lorsque ses parents ont eux-mêmes divorcé", puis il aurait fait le tableau après m'avoir demandé les informations correspondantes, alors j'aurais (éventuellement) senti qu'il y a quelque chose là derrière. Mais cette conclusion, il l'a tirée après avoir vu les chiffres, et en bidouillant un peu : que dois-je en penser ? Me dire simplement que tel chiffre est (presque) un multiple d'un autre ? Cela ne me donne aucune information, aucun sens par rapport à ma situation et, au pire, ne fait que créer un sentiment de confusion qui n'éclaire en rien mon problème.

Il laisse tomber et passe à autre chose d'une façon qui me semble totalement chaotique. Mais je ne dis rien et essaie d'être le plus "coopératif" possible.

J'ai eu droit ensuite au petit tour des "signes" : je tousse ? Ah ! c'est un signe, me dit-il. À quoi je réponds : il faisait froid sur le quai de la gare (j'étais venu en train) et les vents coulis étaient pénétrants. (Visage sceptique et petit rictus entendu ...). J'ai épousé une Espagnole ? Ah ! "Il faudrait se demander pourquoi une Espagnole ?". À quoi j'ai répondu : quand elle m'a tapé dans l'oeil, j'ignorais qu'elle était espagnole. Le contexte dans lequel nous nous sommes rencontrés était très cosmopolite ... (Nouveau visage sceptique et nouveau rictus entendu ...). Ce sont donc des signes : OK. Mais de quoi ? Il ne m'en a rien dit. Merci : ça fera 80 euros ! C'est le genre de procédé, je trouve, qui augmente le stress au lieu d'apaiser ou de faire réfléchir de façon constructive. On fait naître une interrogation floue et on vous laisse comme ça, au milieu de nulle part ...

Autre détail suspect, à mon sens : alors qu'il a désigné mon amante par la formule "l'amante", ce qui m'a semblé normal et approprié, il a, en revanche, systématiquement désigné mon épouse par la formule "l'Espagnole", ce qui, à l'inverse, m'a semblé inadapté et un peu discourtois, limite insultant. "L'épouse" aurait été aussi bien. Ou alors, il aurait fallu parler de l'amante en disant "La Bérichonne" ! Bref, encore un indice peu rassurant quant à la compétence du bonhomme.

Et puis il y a eu (toujours dans une totale improvisation et la plus parfaite discontinuité avec ce qui précédait et ce qui suivait) l'expérience "du noeud". J'ai un noeud dans le ventre : ça semble normal, compte tenu de la situation. Question de sa part : "Comment est-il ce noeud ? Grand, petit, long, court, serré, noir, vert, bleu, etc. ?". J'essaie de répondre ... Il s'impatiente devant mon incapacité à lui décrire correctement, c'est-à-dire dans ses termes, mon noeud. Il prend alors les choses en main : il fait le geste de prendre avec son pouce et son index quelque chose dans mon ventre (le noeud donc), de l'enlever, de le mettre en face de mes yeux puis de le jeter à mes pieds. Il me demande alors : "Comment vous sentez-vous maintenant ?". Grande perplexité de ma part car en plus du noeud (le premier) je commence à stresser un peu face à ce type bizarre (2e noeud en formation ?). Bref : je balbutie et je sens qu'il s'impatiente. Il voudrait vraiment que son truc fonctionne - et moi aussi d'ailleurs. Mais j'ai l'impression que c'est du bidon (si j'ose dire). Il recommence donc deux ou trois fois, avec une variante : il fait se promener mon noeud de mon oreille gauche à mon oreille droite en me demandant de le suivre avec les yeux. À ce sujet, il observe que mes yeux ne le suivent pas aussi bien qu'ils le devraient. C'est encore un signe. Mais de quoi ... Voilà. Le temps passe effectivement et je sens bien qu'il s'impatiente de plus en plus. Je ne m'étais pas imaginé une consultation de psychothérapie de cette façon.

À plusieurs reprises il me reproche de lui "résister" et de ne pas être coopératif. À quoi je réponds que j'essaie simplement de parler le plus clairement possible de mes ressentis et qu'il lui suffit de reposer ses questions s'il estime que je n'ai pas su y répondre, ce qui permettra d'affiner la parole. C'est le but, non ?

Au final, je n'ai pas vraiment pu exposer mon problème, ce qui est un peu dommage, et cela d'autant plus qu'il a énoncé des conclusions ("vous n'étiez pas faits pour vivre ensemble") qui m'ont semblé un peu brouillonnes et hâtives (il ne savait pas encore grand chose de mon histoire) et déplacée (c'est à moi, éventuellement, de prononcer cette conclusion et non pas à lui, conformément à la maïeutique). Avant de passer au paiement, il m'a dit : si vous souhaitez revenir, il suffira de deux heures et nous en aurons fini. Ouah ! La classe ! Trop fort le mec ! Je sens déjà mon noeud qui se défait ! Deux heures ? mais c'est la mort des cabinets de psy !

À la fin de la "séance", il me mets trois cartes de visites dans la main en me disant de les donner autour de moi car c'est sa façon de procéder. Au passage, cela m'a fait penser que ce mode de "recrutement" doit forcément déboucher, statistiquement, sur des situations où il traite des personnes se connaissant les unes les autres et qui, toujours statistiquement, peuvent avoir eu des "histoires" entre elles. C'est mon cas par exemple. Or cela me semble plutôt malsain et peu déontologique. Détail : sur cette carte le mot "thérapeute", qui figurait sur le modèle que j'avais reçu un an avant, a disparu et il est désormais remplacé par le mot "conseil". Un pas en arrière ? Des plaintes ? La peur d'être coincé par un des organismes régissant la profession (FFPP ou la CNCDP) ? Toujours est-il que cette modification est un signe ! De quoi ? Du manque de confiance en lui de ce personnage !

J'en suis donc sorti un peu retourné et stressé (j'ai même vomi dans le train au retour).

Cela m'aiderait si vous pouviez me donner votre avis à propos de cette expérience un peu étrange.