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Alternatives possibles à l'utilisation du rêve en séances d'analyse?

#1  22196

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Alternatives possibles à l'utilisation du rêve en séances d'analyse?

Bonjour,

La question est suffisamment explicite, mais je vais tâcher de vous mener à ses enjeux, et ce qui me pousse à la poser.

Je suis un cursus universitaire en psychologie (je suis en fin de L2). La "clinique" est loin d'être la spécialité qui m'attire le plus, donc je manque de connaissances sur le sujet (et sur le sujet de la psychanalyse dont elle tente d'introduire quelques notions de bases). Néanmoins, j'en retiens quelques phrases célèbres telles que "le rêve est voie royale d'accès à l'inconscient".

En parallèle, je suis une analyse depuis quelques mois, et je suis un peu désorienté par l'aspect des séances. Je ne parviens pas à savoir si elles sont positives ou non, si elles se déroulent "normalement"..., et mon analyste ne manifeste strictement aucun comportement de validation ou de réfutation quand je lui fais part de mes doutes à ce sujet.
Pour autant, elle n'adopte pas particulièrement la technique de la langue de bois: sachant que j'ai quelques vagues notions concernant les objectifs que peut (et ne peut pas) satisfaire une cure analytique..., elle se montre parfois directe.

Nous en sommes clairement toujours à la phase préliminaire où je tente d'intégrer, d'avancer pour tenter d'accepter ce concept particulier qu'est l'analyse.
Il est question pour moi de parvenir à entrer dans le procédé de la libre association... et c'est compliqué.

Mon analyste m'a clairement stipulée que tout le monde n'était pas capable de faire de la libre association, et donc que tout le monde n'est par conséquent pas apte à suivre une cure analytique.
Pourtant je m'attache à cette idée, ce désir..., sans être encore pleinement en mesure d'en identifier les raisons (puisque souffrant, j'avais tout de même conscience qu'entreprendre une cure analytique n'avait pas pour première ligne de conduite, et n'était pas nécessairement la voie la plus simple et rapide pour être "soulagé").

Pour lutter contre ce problème de libre association, j'ai demandé des explications sur le concept: ce à quoi "ça" pouvait ressembler.
Je me suis entendu répondre évidemment qu'il s'agit de dire tout ce qui nous passe par la tête, sans réfléchir..., et qu'à ce titre, raconter un rêve est une occasion idéale.

Alors évidemment, ma tendance à la rationalisation me poussera à rétorquer que par définition même, la pensée précède le langage, et donc la parole... et donc qu'il n'est pas possible de parler sans réfléchir.
Il n'est à mes yeux pas possible d'avoir l'esprit vide, de ne pas avoir une multitude de pensées parallèles à celle qui axe la conversation que l'on est en train de tenir. De même l'affluence permanente de toutes les informations sensorielles véhiculées par l'environnement qui sont traitées par notre cerveau, parasitent, orientent, et engendrent nécessairement des pensées biaisées.

Bref, tout ça pour dire que je n'arrive pas à sortir quoi que ce soit sans réfléchir quelques dixièmes de seconde au préalable à ce que je vais dire. Si je luttais pour ne pas penser, les mots qui sortiraient de ma bouche seraient nécessairement ceux désignant les objets de proximité visuelle qui m'entourent (l'accès au lexique nécessitant déjà une activité cérébrale... on retombe dans nos travers).

A partir de là, je me suis conforté dans l'idée que la narration du rêve restait la seule alternative possible pour enclencher le processus, sans pouvoir entrevoir/prédire dès le départ un lieu d'atterrissage, qui, de cas échéant par cette prédiction serait forcément différent de celui qu'il aurait du être.

Mais voila, je ne me souviens pas de mes rêves. J'ai 24 ans: seuls 2 rêves originaux et détaillés m'ont marqués dans ma vie... En cauchemar, je ne m'associe que pleurant sur la tombe de ma mère (elle n'est pas morte), vision qui m'est apparu 2-3 fois dans mon existence.
En tout état de cause, tous ces souvenirs de rêves remontent à 3-4 ans à minima.
Alors bien évidemment, lorsque je me réveille, j'ai parfois la sensation d'avoir rêvé, sans savoir de quoi.
Au mieux je peux placer quelques phrases grossières pour dire de quoi il s'agissait: "j'ai rêvé que j'étais jaloux que mon meilleur ami ait une petit copine et pas moi... et cette sensation était déplaisante". Mais ça n'ira jamais plus loin que ça... et surtout je ne me souviens d'aucun détail.

D'un temps, j'avais poussé le vice à me munir d'un dictaphone posé sur ma table de chevet. A mon réveil, avant même d'ouvrir les yeux ou d'allumer la lumière (pour limiter "l'effet parasite" issu du traitement des informations sensorielles), je posais machinalement la main sur le dictaphone pour enregistrer mon rêve en en restituant le maximum de détails.
J'ai ainsi pu obtenir quelques résultats intéressants parfois (bien que rares), et je consolidais le souvenir en les retranscrivant ensuite sur papier.
Seulement malgré tout, au bout de quelques jours, l'exaltation liée à la remémoration s'étiolait, il n'y avait plus d'émotion soulevée par le rappel de ce rêve, et les détails les plus illogiques/saugrenus qui en faisaient l'attraction... avaient disparus.

Il serait totalement dénué d'intérêt que je rapporte une retranscription écrite de mes rêves lors d'une séance d'analyse. Pour dire qu'il est même déjà rendu obsolète par le fait même d'avoir entrepris de se le remémorer pour pouvoir le consolider.
Ceci je l'admet. Car j'ai pu constater que mes séances les moins riches étaient celles sur lesquelles je fondais le plus d'espoir. Depuis peu, j'ai intégré la règle de ne plus me pointer avec le moindre sujet sous le coude (censé servir à démarrer quand on est "froid"). Et j'ai effectivement constaté qu'à l'inverse, les séances où je débarquais sans rien n'avoir de particulier à raconter se révélaient systématiquement les plus productives.

Mais alors si je comprends bien... le rêve: on doit faire un rêve, ne pas le consolider pour ne pas risquer de réfléchir à son sujet (ce qui risquerait de pervertir son contenu), et le cracher de but en blanc à l'analyste?
Dans ces conditions, pour que ce soit possible à titre personnel, il faudrait que je me réveille les lundi à 14H30 après avoir fait un rêve "verbalisable", pour débarquer la tête dans le cul chez mon analyste afin de le lui raconter.
Sachant que les rêves verbalisables au cours de mes 5 dernières années doivent pouvoir se compter sur les doigts d'une main... ça fait cher payé pour s'offrir le privilège d'avoir matière à bosser correctement le temps d'une séance.

Au delà de cela, je m'interroge toujours face à ces gens que je côtoie, et qui ont toujours plein de rêves étranges, riches et foumillants de détails à raconter. Il n'y a qu'à lire les pages de ce forum par exemple.
Il est croire que je suis un cas isolé, que j'ai un déficit sur ce plan là.
D'où ma question initiale: en l'état actuel des choses, quels recours puis-je avoir pour pouvoir me "lâcher" en séance?

Non parce que mon analyste lacanienne n'a pas seulement héritée de la théorie de son Maître... elle a aussi hérité de ses excentricités... à un niveau où le concept de "neutralité bienveillante" devient obscure à mes yeux (mais je suis mauvaise langue, je projette surement).
En somme, elle m'a clairement dit: "il faut que vous parveniez à vous lâcher, sous quoi ça ne sert strictement à rien de balancer 30 euros chez moi chaque semaine". Sachant quelle combine avec la connaissance d'un évènement antérieur de mon histoire: le fait d'avoir été abandonné il y a quelques années par un psy auquel j'étais très attaché...., s'attend-elle à ce que je perçoive ce genre de phrase autrement que comme un "couteau sous la gorge"?


En somme, comme vous le voyez je suis un peu paumé. Et si des personnes ici peuvent me reprendre, voir corriger certains points au milieu de ma diarrhée textuelle... je ne pourrais que leur en être reconnaissant.

En vous remerciant d'avance.

Hors ligne

 

#2  24800

Re: Alternatives possibles à l'utilisation du rêve en séances d'analyse?

a écrit:

s'attend-elle à ce que je perçoive ce genre de phrase autrement que comme un "couteau sous la gorge"?

Lui avez vous posé cette question ?


Cabinet de psychothérapie et de Psychanalyse de Christelle Moreau, MAISON de la SANTE, 7 avenue Alfred Mortier, 06000 NICE CENTRE, Arrêt de TRAM Lycée Masséna, Cathédrale Vieille Ville, pour rendez-vous, merci de me joindre au 06 41 18 52 56, à bientôt.
M'appeler avec Skype : christelle.moreau

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