Difficultés alimentaires de mon fils de 9 ans

Votre fils est-il en santé ? IMC ? Pédiatre ?
Mon fils me paraît en santé mais il ne semble pas disposer de réserves autant du point du vue de la nourriture que du sommeil (il se réveille très tôt le matin depuis toujours). De ce fait, il est toujours sur un fil, à la limite, la moindre contrariété provoque chez lui de l’abattement, il se décourage facilement, pleurniche souvent et manque parfois d’énergie. Il donne l’impression d’être toujours un peu fatigué et/ou affamé. A l’école, on me dit que c’est un enfant calme et éveillé, qui a de très bons résultats et j’ai l’impression qu’il déploie toute son énergie dans ses activités à l’extérieur de sa famille et « craque » lorqu’il rentre à la maison.
Son IMC est d’environ 13,7 ce qui le situe dans la norme inférieure. Le pédiatre ne considère que cet élément. Il lui avait fait une analyse sanguine il y a deux ans et n’avait pas observé de carences particulières. Donc, pour lui, il n’y a pas de gros souci mais il insiste pour qu’on continue à le stimuler à goûter les aliments.

Ce qu’engendre le comportement de mon fils chez moi
Comme je me suis réjouie de voir que mes enfants respiraient seuls et avec énergie à leur naissance, j’attends avec impatience que mon fils face preuve d’autonomie en répondant à ses propres besoins alimentaires et que dans l’idéal il y prenne du plaisir. Je veux dire par là que je m’inquiète d’avoir à gérer ce domaine qui devrait être de son ressort à son âge, alors qu’il paraît ne pas sentir la faim. Un peu comme si je devais encore le tenir comme à l’époque où il  apprenait à marcher. J’ai le sentiment qu’il mange parce qu’on l’exige de lui et non parce qu’il sent qu’il en a besoin. Je porte quelque chose que je devrais lâcher (d’où l’expression « empoigner »… et effectivement je n’ai pas confiance en lui pour gérer ce domaine. Si je pousse la réflexion très loin, je pense que j’ai peur car pour moi ne pas avoir envie de manger équivaut à ne pas avoir envie de vivre…

Faire la cuisine avec lui
J’ai fait plusieurs tentatives dans ce sens mais il est extrêmement dédaigneux face aux aliments, il semble dégoûté par beaucoup de choses… et ces moments semblent être de l’ordre de la corvée pour lui et ne l'incite en tout cas pas à y goûter par la suite...

Difficultés depuis sa naissance
J’ai allaité mon enfant jusqu’à ce qu’il ait 7 semaines puis ai décidé d’arrêter car je ne comprenais pas du tout ses besoins… je ne savais jamais si il avait faim ou pas, si je manquais de lait. Mon fils a souffert de coliques durant ses trois premiers mois, il pleurait énormément et nos nerfs étaient mis à rude épreuve. Nous avons consulté le pédiatre, l’homéopathe, l’ostéopathe, personne n’a pu nous dire ce qu’il en était. J’ai changé 15 fois de lait car rien ne semblait lui convenir… Autant je me sentais très proche de mon bébé et de ses sentiments dans un tas de domaines, autant j’avais déjà l’impression de ne rien y comprendre au sujet de son alimentation. La diversification s’est faite avec beaucoup de réticences de sa part, et nous y sommes encore… J’ai préparé des tonnes de purées maison de tous les goûts, toutes les saveurs, toutes les textures mais mon fils se nourrissait très peu. J’ai imaginé des assiettes rigolotes, des soleils, des hérissons, je vous passe les détails mais je vous jure que j’ai essayé beaucoup de choses qui m’étaient conseillées par mon entourage pour faire d’un repas un plaisir. Par contre dès un an, mon fils a pris l’habitude de boire un biberon de cacao matin et soir jusqu’au jour où le pédiatre m’a demandé de supprimer le biberon, mon enfant étant en âge de boire à la tasse… Dès ce jour, mon fils à refusé son cacao… plus une goutte, ça n’avait pas le même goût à son avis.

Verbaliser ses angoisses face à la nourriture
Le premier coup d’œil dans son assiette provoque tout de suite une réaction : je ne veux pas ça, j’aime pas, y’a rien pour moi. Ensuite il va attaquer ce qu’il juge passable et laisser le reste, là nous intervenons mon mari et moi et lui demandons de goûter un peu. Il refuse, on insiste, …, et il semble déjà tellement contrarié et bloqué que quand il accepte de mettre une once de nourriture dans la bouche, il grimace, geint, crache parfois (ce qui nous exaspère au plus haut point), comme si nous lui présentions quelque chose de très fort ou amer. Et généralement nous nous arrêtons là et le laissons quitter la table afin que le reste de la famille puisse se nourrir dans une atmosphère respirable… De plus, notre fils s'évertue à manger avec les doigts et nous lui répétons vingt fois par jour de prendre ses services.

Que se passerait-il si on supprimait les aliments qu’il accepte facilement ?
Franchement je ne sais pas et ça vaudrait certainement la peine de tenter le coup mais mon mari et moi avons l’impression d’avoir déjà perdu énormément d’énergie dans ce combat et craignons de ne plus en avoir assez pour tenir le coup et rester fermes face à notre enfant.

Traitement de toute néophobie
Mon fils est toujours très sensible à tous changements, dans tous les domaines, que ça soit à l’école, à la maison. Il doit être certain de maîtriser tous les éléments avant de se lancer dans une nouvelle expérience (par exemple, il nous a tenu la main très longtemps alors qu’il savait déjà marcher, et le jour où il nous a lâché la main, il n’est jamais tombé) C’est un enfant qui ne supporte pas de perdre (crise pénible, il semble démoli) et est d’une mauvaise foi terrible pour ne pas avoir à assumer la réalité de la défaite. A l’école, la moindre faute qu’il fait provoque un drame à son retour à la maison. Il n’accepte pas le passage par l’apprentissage, il doit savoir tout de suite. Nous lui répétons régulièrement que les erreurs sont nécessaires et mettons le doigt sur nos propres erreurs et lacunes en lui expliquant qu'elles ne modifient en rien l'amour que chacun se porte et qui est le plus important.

Il rêverait de « pouvoir » goûter
Effectivement, et c’est bien là que mon fils me touche, lorsque nous en discutons calmement par exemple au moment du coucher, il me dit qu’il aimerait bien manger de tout comme les autres enfants mais que c’est très dur pour lui. Il a du mal à m'en dire d'avantage.

Si je faisais confiance et ne faisais plus cas de cette sélection des aliments
Je pense que mon fils mangerait les aliments qu’il connaît bien et laisserait les autres. L’objectif de la diversification serait abandonné. Si je ne tiens plus compte de ses goûts, il ne touchera à rien et quittera la table sans avoir mangé. Mais se plaindra quand même de la faim (dans ce cas, il semble en prendre conscience).

Parler de tout ça de vive voix
J’ai beaucoup parlé de tout ça à beaucoup de monde (médecins, amis, connaissances) et j’apprécie aujourd'hui cette forme écrite qui me contraint à prendre le temps de trouver au fond de mes sentiments le terme qui convient le mieux… Pour le moment, j’aimerais bien conserver cette forme de communication qui me permet aussi de relire plusieurs fois ce qui m’est écrit, et de l’entendre différemment petit à petit…

Merci pour votre écoute

Comment avez vous "supprimé" le biberon ? Et quel âge avait il ?
J’ai expliqué à mon fils que le pédiatre jugeait qu’il était tout à fait en âge de boire dans une tasse (il avait entendu le pédiatre en même temps que moi) et j’ai retiré les biberons de la circulation d'un jour à l'autre et il n’a pas protesté… sinon qu’il n’a plus voulu boire de cacao ni de lait sous aucune forme mais n'a jamais réclamé le biberon. Il avait environ 4 ans et demi.

Présenter cette nouvelle phase comme une compréhension nouvelle de la famille à son égard...
D’accord, cette piste me semble intéressante, je vais tenter de faire passer le message à mon mari et à ma fille. Je pense que cette nouvelle donne dédramatisera la situation.

Le manque de pouvoir peut se traduire effectivement par une demande/prise de contrôle, mais qui n'est au fond qu'une demande de "re-connaissance".
J’ai l’impression de reconnaître cette difficulté depuis longtemps pour mon fils mais ne l’ai effectivement pas beaucoup exprimé à mon fils. Je vais prendre le temps afin qu’il se sente reconnu (et soutenu) dans cette difficulté.

En exposant clairement la problématique à toute la famille et en verbalisant que vous n'êtes pas d'accord qu'il quitte la table avant la fin du repas, qu'il devra gouter au moins une cuillère de chaque aliments présenté, que vous ne ferez plus de plat spécial pour lui mais que toute la famille mangera à présent pareil,  que vous avez bien compris qu'il aimerait bien pouvoir manger comme tout le monde et que de par ce désir vous allez accepter quelques travers qui ne sont pas acceptable en société
comme :
-manger avec les doigt, gouter et craché si le gout n'est pas acceptable...
-le laisser manger avec les doigts
-le laisser manger et prendre ce qu'il lui semble acceptable de manger POUR LUI

Ok, ça me semble une bonne piste que nous n’avons pas encore (clairement) explorée… Je vais m’atteler à mettre cela en route.
Je me permettrai alors de vous transmettre les réactions de toute la famille afin de mieux comprendre où se situe effectivement le problème.

Merci à vous. Pour la première fois j’ai l’impression de ne pas me trouver face à un interlocuteur qui pense que j’exagère le problème (tous les enfants sont difficiles disent-ils) et respecte mon souci et la difficulté de mon fils.

A bientôt