Vampire affectif, harcellement psychologique ou normalité ???

Bonjour,

Il me semble plus simple pour moi d'exprimer ma situation par écrit, qui sans être dramatique, comparée à d'autres cas, n'en est pas moins souvent très éprouvante psychologiquement.
Il me faut ainsi d'abord d'emblée poser le contexte.
J'ai rencontré mon mari, il y a dix sept ans. D'emblée, je peux dire que notre relation a été immédiatement particulière, compliquée et difficile puisque mon mari était alors toxicomane. Nous avons combattu cette dépendance pendant des années avec tout ce que cela implique comme difficultés annexes au quotidien, combattu si bien au fond qu'il a coupé court à cette dépendance, il y a maintenant plus de onze ans. Il n'en est pas moins resté quelqu'un d'extrêmement fragile et fragilisé, avec un tempérament à fleur de peau et des habitudes. J'ai porté tout ce petit monde à bout de bras pendant des années, sans à peine sourciller ou m'interroger sur ce qu'il était normal d'accepter ou non. Il n'a jamais été quelqu'un de violent physiquement. La violence, si tant est qu'elle puisse s'appeler comme cela a toujours été beaucoup plus psychologique, dans la mesure où il a toujours alterné les moments calmes et les moments de violence verbale, les crises. J'ai souvent eu envie de partir, mais il y avait alors une lueur d'espoir ... et il était alors pendant quelques temps plus calme, moins excessif, moins colérique.

Il y a un an et demi, il a perdu son emploi, licencié au bout de près de quinze ans de bons et loyaux services, sachant que professionnellement il était très performant, mais très caractériel socialement, ne supportant aucun ordre. Je me suis occupé de tout son dossier de prudhomme, des relations avec l'avocat, de le payer aussi...

Parallèlement, notre fille subissait de pleins fouets l'adolescence et la situation entre eux devenait exclusivement conflictuelle et je devais faire tampon entre eux d'eux. Notre fille n'est pas une enfant facile certes, mais les réactions de son père sont parfois à mon sens disproportionnés. On ne sait pas toujours vraiment qui est à l'origine de la querelle, mais c'est au final un échange d'insultes, et c'est un peu à qui aura le dernier mot.
Certes, souvent, mon mari me dit que toute l'origine de nos querelles, de nos crises, vient du fait que je ne suis pas en phase avec lui, quant à son éducation. Je suis certes plus souple ou plus laxiste, mais il me semble que cet âge est suffisamment difficile pour que l'on tente toujours de trouver un consensus et ne ferme jamais la communication. J'ai du mal a accepter de plus que l'on rende une ado responsable de tous nos maux.
Et puis, même si  elle peut parfois être à l'origine d'un désaccord, il est clair, que souvent les conflits éclatent sur d'autres bases ... comme le fait qu'on le réveille involontairement le matin lorsqu'on se lève ... sa colère peut être alors violente verbalement, il a l'insulte facile et blessante et elle vous habite toute la journée. Lorsqu'on en discute avec lui, il dit qu'il a des réveils difficiles ou qu'il est hanté par de nombreuses angoisses, qu'il ne faut pas se formaliser et à force, on finit par croire que toutes ces insultes injustifiées, ces méchancetés balancées dans le cadre d'une crise ne sont pas si graves que cela, d'autant plus qu'on retrouve toujours une phase d'accalmie. Dans ces phases là, qui durent bien peu, je me dis qu’il faut que j’agisse peut-être différemment, il me fait de la peine, je me culpabilise d’avoir pu répondre à ces attaques, me fâcher etc …


Et pourtant, je supporte de moins en moins bien ces crises, j’ai souvent le sentiment qu’on m’a tapé dessus,  je suis comme vidée et révoltée, d'autant plus que je suis passablement fatiguée puisque c'est sur moi que repose de nombreuses tâches et responsabilités, puisque je suis maintenant la seule à travailler et que d'emblée de bien mauvaises habitudes se sont instaurées. A moi, les tâches ménagères, les courses, l'administratif, les devoirs des enfants, les lever tôt, le fait d'accompagner notre jeune fils à l'école. Souvent d'ailleurs, il me reproche le soir d'être fatiguée, de me coucher "comme les poules", de ne pas être marrante, que je suis froide de ne pas communiquer ou de en penser qu'à mon boulot ... 

Je crois qu'au fond, il est resté très ado lui même, c'est quelqu'un qui brandit souvent sa quarantaine pour argumenter avec notre fille, mais en fait il a du mal à gérer les contraintes, manque complètement d'autonomie sur de nombreuses choses ... J'ai au fil du temps accepté ses sorties  le soir à la pêche , à la musique, avec des potes tandis que je m'occupais seule des enfants ...
Il est toujours assez tourné sur lui-même et c'est vrai qu'en fait quand il sort maintenant, parfois on se sent bien et nous sommes tellement habitués ...
Certes, il lui arrive de faire la cuisine ou la vaisselle, d'avoir maintenant quelques intentions pour alléger ma tâche, mais la comparaison de notre deux quotidiens reste très différente.

C'est vrai que mes proches m'incite à la séparation,  me disant que cette situation est inadmissible, mais même si parfois je n'en peux plus, il y a en moi un mélange de ras le bol et d'espoir, même si les sentiments que j'éprouve aujourd'hui sont particuliers, indéfinissables...  que je peux parfois ressentir l'envie d'autre chose, de m'échapper, que physiquement, je ne suis pas particulièrement présente parce que j'ai l'impression que des choses sont cassées, je suis terriblement attachée à lui et une séparation me paraît terrible et à la fois, et en  période de crise, je me dis que cette situation n'est plus gérable psychologiquement ...ni pour les enfants, ni pour lui, ni pour moi ... mais j'essaye toujours d'y croire ... et je crois que je suis moi même très indécise ... que je suis incapable de dire ce qui est normal ou pas, de définir exactement les sentiments que j'ai pour lui,  que je me demande souvent en période d'accalmie, si je n'ai pas exagéré les choses, même si sur le coup cela m'a vraiment atteint psychologiquement et que j'ai parfois du mal à récupérer ...

Physiquement, je ne parviens plus à éprouver aucun désir. Dans ces moment là, je me force car autrement, çà l'énerve ... mais je suis ailleurs, je n'ai plus l'impression que nous soyons dans une relation amoureuse, c'est profond, mais c'est tout autre chose. Et je me culpabilise de ne plus éprouver de sentiments véritablement amoureux pour lui, je me dis que c'est peut-être pour cela qu'il est comme çà ...

Hier soir ... après quelques jours (2 jours) de relative accalmie, il m'a d'abord reproché d'avoir envie de dormir, comme d'habitude ...(Il était minuit)  D'être fatigué ... Alors que je suis la seule à me lever tôt le matin,  à travailler et à emmener les enfants à l'école pendant qu'il dort ... Je n'ai d'ailleurs pas le droit de faire du bruit le matin, car dans ce cas, nous avons droit à une crise ...
Je reviens donc à hier soir, où il m'a dit des choses complètement délirantes, que je luis avais volé l'amour de ses enfants, sa vie, son honneur, qu'il avait bien compris ce que je voulais faire, mais que je n'y arriverait pas ... et que j'étais folle, que j'avais besoin d'aller voir un psychiatre.



Je ne sais plus vraiment où j'en suis. Je suis très attachée à lui, à cause des accalmies, mais à la fois j'atteins un seuil, je suis dans une impasse complète et même les enfants, avec qui les liens sont un peu particulier car il s'est toujours occupé d'eux de façon très ponctuelle, ont du mal souvent à supporter ses sautes d'humeur ... Peut-être s'agit-il de problèmes de couples normaux , de crises passagères, mais cela fait quand même dix-sept ans que cela dure et le fait qu'il ne travaille plus depuis près de deux ans, sans chercher, n'a fait qu'aggraver les choses....

Avec mes remerciements anticipés