« Ce n’est pas de leur faute, mais c’est de leur fait », disait Françoise DOLTO en évoquant les parents…
Anne Ancelin-Schützenberger, quant à elle, dit qu’un Non-Dit à la première génération donne un secret à la seconde.
Pour illustrer mon propos, des exemples tirés de mon histoire :

Un de mes grands-oncles se prénommait Abel. C’est celui des frères de ma grand-mère paternelle sur qui était tombé le silence : le fantôme. Ma grand-mère me parla de lui alors que j’étais déjà adulte. Elle savait peu de choses, sauf qu’il avait été condamné à casser des cailloux… Un jour ma route croisa « par hasard » (coïncidence signifiante) celle d’un enquêteur qui me proposa de faire des recherches sur Abel dont le prénom est contenu dans le mien Is abel le… J’ai pu remonter son histoire qui donnera naissance à un roman (en cours)…

Mon prénom est donc un « rappel inconscient » de cet oncle dont personne ne parlait jamais. Il y a une « réparation » à faire. Rétablir la vérité et faire enfin le deuil de ce jeune homme dont la famille n’a jamais vu rapatrier le corps.
Anne Ancelin-Schützenberger (Aïe mes aieux !) : « Ce fantôme, ce serait comme quelqu’un qui sortirait de la tombe mal fermée d’un ancêtre, après une mort difficile à accepter, ou un événement « dont on a honte », ou une « situation difficile » pour la famille, quelque chose de très mal vu, de « moche », de louche, de « pas bien » pour la mentalité de cette époque-là… Il s’agit d’oublier quelque chose ou quelqu’un qui était disgracié ou avait disgracié la famille, laquelle en avait honte, et dont on ne parlait pas. »

Ma mère est décédée a 32 ans en laissant de jeunes enfants comme ses deux grands-mères avant elle. Elle était fille unique et a épousé un fils unique. Mes deux grands-mères (qui ne se connaissaient pas au moment de la rencontre de leurs enfants) ayant subi « la totale » comme elles disaient.
Ma grand-mère maternelle a été placée avec sa fratrie à l’Assistance Publique. J’ai moi-même adopté une petite fille ayant vécu jusqu’à cinq ans et demi dans une maison d’enfants.
Mon mari ignorant tout de son grand-père paternel (le fantôme), a découvert qu’il avait habité dans le Berry un lieu-dit « le Landais », alors que nous nous sommes installés depuis peu dans les Landes…
Des prénoms se répètent dans l’arbre, de même, on croise dans la vie des personnes portant des prénoms que l’on retrouve dans notre arbre. Ces prénoms reviennent souvent comme si nous étions « abonnés « à certains d’entre eux !

Freud dans « L’interprétation des rêves », à propos du choix des prénoms de ses enfants :

« Je tenais à ce que leurs noms ne fussent pas choisis d’après la mode du jour, mais déterminés par le souvenir des personnes chères. Leurs noms font des enfants des revenants. »

Pour sortir de l’histoire familiale (n’en garder que les éléments positifs) et devenir libre encore faut-il la connaître ! Pour en savoir plus, lire les ouvrages d’Anne Ancelin-Schützenberger, Elisabeth Horowitz, Paola del Castillo (Le grand livre de la psychogénéalogie), Didier Dumas…