Bruno BETTELHEIM est né à Vienne. Son père était un ami de S. FREUD. Il fait des études de littérature, de philosophie et d'histoire de l'art. Il entreprend une psychanalyse et découvre un champ d'expérience illimité . En 1938 il est interné à Dachau, puis Buchenwald. En 1939 il émigre aux Etats-Unis. En 1944 il travaille à Chicago, réorganise l'institut Shankman et le dirige jusqu'en 1973. Très tôt il s'intéresse à l'autisme.

Les situations extrêmes

C'est un concept né de son étude des déportés en camp de concentration. BETTELHEIM y a observé que les prisonniers répondaient par toute une gamme de réactions psychotiques à cet environnement modifiant leurs personnalités en profondeur. Il a ainsi noté comme réactions: tentative de suicide , catatonie, hébétude, dépression mélancolique , délire de persécution, délire d'influence, mégalomanie, autisme... L'autisme était le comportement de certains prisonniers résignés à la mort et à la fatalité.

N'ayant plus le statut d'êtres humains, réduits à l'état de choses, ils s'identifiaient à la volonté du persécuteur et restaient convaincus du caractère inéluctable d'une mort imminente. Prisonniers et enfants autistes avaient ainsi les mêmes vues sur le monde et sur eux-mêmes.

Caractéristiques des situations extrêmes : on ne peut se soustraire à la situation, sa durée est indéterminée, rien de ce qui la concerne ne peut être prédit et la vie même est toujours en danger. On y est impuissant. Face à cela, l'individu réagit en dépensant le moins d'énergie possible à faire quoi que ce soit, adoptant une vie végétative au possible. Il y a un retrait de la réalité pour une vie fantasmatique de plus en plus pauvre. Même l'angoisse s'atténue . La différence avec les enfants autistes est qu'il y a eu développement intellectuel, mental et physique, que les conditions de déstructuration sont réelles, alors que pour l'enfant autiste il suffit qu'il soit convaincu de vivre de telles conditions pour devenir autiste. Pour cela la pathologie de la mère n'est pas déterminante et l'enfant lui-même crée le processus autistique par réaction spontanée à la mère. Cette réaction deviendra chronique en fonction de la réponse de l'environnement. L'important est cette persistance de l'échec dans la communication avec l'entourage du bébé . L'autisme correspond à une angoisse écrasante qui mène au retrait de la réalité. Le bébé se rend insensible pour éviter cette angoisse.

L'école orthogénique

"Si un milieu néfaste peut conduire à la destruction de la personnalité, il doit être possible de reconstruire la personnalité grâce à un milieu particulièrement favorable". D'où l'aménagement de conditions spéciales d'existence, comme dans l'école orthogénique ("redressement de la naissance"). Cette école reçoit des enfants "incurables", une cinquantaine environ. 1/3 sont des autistes. Pour BETTELHEIM, il y a 85 % de réussite. Est considéré comme une réussite le cas de l'enfant qui parvient à mener sa vie, à décider pour lui-même.

L'enfant autiste crée un langage adapté à sa perception du monde, ce qui constitue une élaboration intellectuelle.