Freud utilisait le "NOUS" comme marque de reconnaissance et d'appartenance afin d'impliquer chacun de nous dans ses dires, car tout le monde quelque part souffre ou a souffert de son propre vécu.

Pour supporter notre vie, nous utilisons des "briseurs de soucis". Il les défini comme trois stades possibles : trois stades qui peuvent crescendo venir titiller notre désespoir.
Tout d'abord, nous pouvons utiliser de fortes diversions qui nous permettent de dédramatiser notre malheur et surtout de se voiler la face , puis l'on tente à tout prix de se faire plaisir (certaines personnes essayent de vivre uniquement dans le plaisir car elles sont malheureuses, alors, chaque bonheur artificiel créé ou réuni, leurs font oublier leur vie, ce sont des personnes qui ont toujours envie d'aller faire la fête, au resto, en boite de nuit, qui sont en perpétuelle recherche d'un amusement quelconque, bien-sur ces personnes ne peuvent se contenter d'un instant sympathique, l'excès est toujours de rigueur, enfin l'usage des stupéfiants ou autres tranquillisants qui nous rendent insensibles.
Cette course après la jouissance, mais aussi comme protection à notre propre souffrance où l'un ou l'autre de ces moyens nous devient indispensable pour supporter notre fardeau.

Alors, vous, que "choisissez"-vous, ou qu'avez-vous déjà choisi ?
C'est un peu restrictif, non ?

Cela signifie bel et bien que ce n'est pas le produit qui fait "l'addicté", que ce n'est pas l'alcool qui fait l'alcoolique, ni la drogue le toxicomane, mais avant tout : la fragilité psychique préexistante d'un sujet.

La personne qui flanche à ce point et tombe dans l'addiction totale est une personne qui n'essaye pas vraiment de comprendre, mais qui préfère agir pour se soulager et cela continuellement et parfois jusqu'à la mort. Souvent ce sont des personnes qui, à la base, n'en pouvaient plus et souhaitaient faire quelque chose pour eux, enfin, pour eux.

C'est la raison pour laquelle, il est important de comprendre que l'addiction n'est pas due à la consommation, ni à l'abus occasionnel de tel ou tel produit, mais l'addiction est la dépendance à ce produit. En d'autres termes c'est une entrave à notre liberté de s'abstenir de.... Et au lieu de s'abstenir d'agir de la sorte, alors on finit par ne plus pouvoir s'abstenir de ce que nous nous sommes infligé !

D'ailleurs, la guérison prochaine d'un sujet dépend et commence par la prise de conscience plus ou moins forte de cette soumission à l'acte conjuguée à la dépendance. En d'autres termes si vous souhaitez vous arrêtez, la première question à vous poser, est de vous demander à quoi vous sert cette addiction et non pas pourquoi vous faites ça !

D'autres études approfondies ont été effectuées, celle de Bergeret nous informe :
1/ Il n'existe aucune structure psychique profonde et stable spécifique à l'addiction. N'importe quelle structure mentale peut conduire à des comportements d'addiction (visibles ou latents) dans certaines conditions affectives intimes et relationnelles.
2/ L'addiction ne modifie nullement la nature spécifique de la structure psychique profonde en question, mais se contente de modifier plus ou moins notablement le mode de fonctionnement secondaire de cette structure.
3/ L'addiction est recherchée non seulement en fonction d'un besoin plus ou moins manifeste du sujet mais aussi, sur le registre économique latent, comme une tentative de défense et de régulation contre les déficiences ou les failles occasionnelles de la structure profonde en cause.

Le patient addictif souffre et cela sur trois plans :
d'abord dans ce qui le pousse à recourir à un produit, ensuite dans ce qui l'empêche de rompre la dépendance et enfin dans ce qu'il subit des conséquences (physiques, sociales et psycho-affectives).

Malheureusement, l'addiction devient très vite vitale, elle devient en quelques sortes une véritable technique de survie psychique qui s'avère en plus totalement efficace quant au soulagement de souffrances. Mais ce soulagement est totalement subjectif, car une autre souffrance intervient alors, la dépendance... Bref, c'est un cercle extrêmement vicieux !

Il n'y a pas de solution magique qui vous débarrasse de votre mal de vivre, votre produit miracle , votre drogue, vos habitudes vous détruisent alors qu'il suffirait de se reconstruire. De se "déprogrammer" en quelques sortes, d'arriver à comprendre le " qu'est-ce-que ça m'apporte, et le comment faire pour aller mieux sans ça". Le : qu'est ce qui me rendrait mon bonheur ou me le créerait ( mais de sain cette fois ).

Théorie de Mc Dougall : De tels acte-symptômes, dévoilent une carence de l'élaboration psychique et un défaut de symbolisation lesquels sont compensés par un agir de qualité compulsive visant ainsi à réduire par le chemin le plus court la douleur psychi que.

c'est donc de pré-disposition dont on pourrait parler, chaque individu, détiendrait un capital de résistance à la souffrance, ce seuil étant dépassé... Il ne convient donc pas de rechercher une structure spécifique puisqu'il n'y a pas de « personnalité addictive » en tant que telle.

Après, chaque individu est différent !

Pour guérir, il n'y pas de remèdes miracles, mais quelques mises en place thérapeutiques :

Une psychothérapie longue et bien suivie, des psychodrames, des instants de relaxations, des groupes de paroles d'inspiration psychanalytiques sont à mon sens les plus adaptés.

Superbe citation :

"Les plus sains comme les plus fous d'entre nous s'accrochent, telles des araignées, à une toile par eux-mêmes tissée, obscurément ancrée dans le vide et sauvagement balancée par les vents du changement. Pourtant, cette toile fragile, à travers laquelle beaucoup ne voient que le vide, constitue le seul artifice permanent, la seule signature authentique de l'espèce humaine, et nous sommes les premiers responsables de sa fabrication." Geoffrey Vickers

Quelques lectures :
  • Freud S., 1930/1971. Malaise dans la civilisation et Au-delà du principe de plaisir
  • Mc Dougall L'économie psychique de l'addiction
  • Bergeret J : Le psychanalyste à l'écoute du toxicomane et aussi La violence fondamentale
  • Abraham et Torok : L'écorce et le noyau
  • Pédinielli Psychopathologie des addictions
  • Michel de M'Uzan : "Les esclaves de la quantité"
  • Les Narcoses du désir par Sylvie Le Poulichet et Pierre Fédida
  • Winnicott De la pédiatrie à la psychanalyse et L'espace potentiel
Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
06 41 18 52 56