Que doit on tous acquérir et ce, le plus tôt possible pour vivre bien ?
  • La confiance en soi et envers les autres.
  • L'empathie, la générosité.
  • Être certain que les autres ont aussi des droits et des devoirs.
  • Apprendre à tirer de chaque aide apportée à quelqu’un, un bénéfice intrinsèque, une satisfaction personnelle.
  • Se faire remarquer en s’appuyant sur ses satisfactions personnelles et saines, plutôt que se faire remarquer dans la compétition, dans la provocation voire dans la violence.
  • Préférer le partage, la coopération, l’écoute, le compromis plutôt que la compétition.
  • L'amitié, l’amour.
  • Être soi, avoir des droits et des devoirs et les exprimer simplement, clairement pour les faire reconnaître et non pas tenter de les obtenir par la violence.

La socialisation est aussi une sorte de sublimation de nos pulsions agressives.
Un apprivoisement de nos désirs profonds en « exposition gracieuse ». La pulsion est souvent refoulée sans être domestiquée. Et pourtant elle s’apprivoise, se gère, s’appréhende, mais se doit de vivre, d’être partagée, d’être comprise, elle est en nous et nous nous devons de ne pas l’ignorer et de la laisser s’exprimer. Il est essentiel de traduire les pulsions par la parole. L’enfant a besoin de ses parents et autres éducateurs (professeurs, nounous, grands-parents, référents…) pour apprendre, comprendre et s'autoriser à prendre le meilleur « chemin » possible, car il en existe de si nombreux… Ce parcours est donc confus et nécessite un accompagnement avec encouragements à la clef, permissions relatives et interdictions, sa réussite comme son échec auront un sens à l’âge adulte. Il est essentiel de libérer l’énergie pulsionnelle née de l’angoisse. Certains parents souffrants eux-mêmes de carences affectives n’autorisent pas l’enfant à acquérir une sécurité intérieure nécessaire.
« Toute perception interne ou externe suscite des pulsions et si celles-ci n’ont pas de mots pour être traduites, pas d’interlocuteur pour être partagées, elles provoquent des fantasmes. » (Françoise Dolto)

Les affects, les culpabilités, les fantasmes ne sont-ils pas le quotidien du divan ?
Mélanie Klein a constaté : (criminologie, problèmes de criminogénèse) qu'il pouvait y avoir une analogie de contenu entre le fantasme ( qui se met en scène dans les jeux des patients enfants ) et l'acte commis par certains délinquants adultes. Le passage à l'acte, même s'il est impulsif est donc par concordance la mise en acte pure et simple, à la fois brutale et vierge de fantasmes préalables. C'est en quelques sortes par régression et retour "pulsé" en un fonctionnement totalement archaïque de la personnalité que la pulsion s'exprime à travers l'acte. Le passage à l'acte se défend de lui-même, de celui qui l'effectue mais aussi des autres tout autant.

La sécurité intérieure joue un rôle primordial dans la socialisation de l’enfant.

La sécurité intérieure est en d’autres termes la capacité de l’enfant à savoir ce qu’il sait et peut faire afin de l’effectuer et ce qu’il sait ne pas devoir ou pouvoir faire et à ne pas l’effectuer. C’est aussi pouvoir compter sur soi et compter sur les autres (représentés par les parents dans un premier temps et par les camarades, professeurs…) La sécurité intérieure s’inscrit également dans un processus de sécurité matérielle et psychique. De cette confiance en soi, mais aussi en autrui, il en découlera la stabilité d’un adulte épanoui et serein sans angoisse.

La socialisation commence par l’écoute et la compréhension que les parents apportent au nouveau né en répondant à ses besoins primordiaux, mais aussi en lui apportant tendresse, affection amour, donc sécurité.

Winnicott parlait de mère suffisamment bonne. Bonne pourquoi alors ? Bonne pour :
  • Aimer sans étouffer
  • Aimer sans repousser, sans rejeter
  • Rester à l’écoute de soi
  • Faire confiance tout en étant vigilante
  • Accompagner tout en autorisant
  • Permettre sans laisser faire
  • Répondre et interdire sans culpabiliser
  • Ne pas douter puisque savoir ce qui est bon et en être certaine donc être à l’écoute de soi et connaître ses propres limites et désirs.
  • S’intéresser sans s’immiscer
  • S’intéresser sans juger
  • Écouter ses ( à lui ) craintes, ses doutes, sans harceler, sans interroger
  • Mais aussi écouter les siennes qui transparaissent et ce dès la grossesse
  • Protéger en préventif, mais pas en empêchant
  • Être présent sans couver
  • Permettre sans lâcher-prise, sans le laisser seul, livré à lui-même

En somme, quotidiennement respecter l’enfant, le pré-ado, l’adolescent, le jeune adulte dans son JE et le lui redonner, le lui représenter à chaque fois qu’il le perd. Permettre à l’enfant et ce, à n’importe quel âge de se reconnaître et puis plus tard de s’affirmer en tant que « sujet ».


En effet, la socialisation se compose de permissions et d’interdictions… C’est un long travail d’accompagnement qui s’amoncelle tout au long de l’apprentissage de l’autonomie.

La confiance que l’enfant acquière de lui-même repose essentiellement sur la capacité des parents à l’accompagner à découvrir et effectuer ses premiers pas dans chaque nouveau domaine, tout en le laissant effectuer ses propres choix, aller de l’avant.

Le parent qui réfrène, interdit, cadre clairement ce qui est dangereux, non décent, douteux, permet à l’enfant de se sentir protéger par ses parents. Il comprend alors qu’il est totalement possible d’évoluer sereinement dans ce monde en respectant les valeurs, les règles et les lois.

La discipline rime t elle toujours avec punition ?

Le mot discipline est comme le mot critique il peut comporter un sens péjoratif ou constructif. Il s’agit donc de discipline constructive dans l’éducation, c'est-à-dire apprendre à l’enfant à être en accord avec : les règles dans un premier temps qui deviendront les lois plus tard , les valeurs et les obligations sociales tout en se les appropriant.

Punir, n’est-ce pas rejeter ? La discipline ne doit pas systématiquement être synonyme de punitions.

L’adulte doit être en mesure de guider l'enfant et de le respecter en tant que sujet et ce, dans sa globalité, dans ses acquisitions, dans son mode de fonctionnement, dans ses besoins.

Si un « non » ferme donne lieu à une punition alors qu’elle n’a pas été comprise par l’enfant, a t-elle du sens ?

Même si l’enfant connaît les règles, parfois il ne parvient pas à contrôler ses pulsions.
Comment peut réagir l’adulte devant un enfant ayant une attitude inacceptable ( cri, pleure, l’enfant se roule par terre…)?

L’aide de l’adulte doit être claire, rapide, ferme afin d’empêcher que cela dégénère encore plus. Doucement mais fermement, l’adulte peut maintenir /contenir l’enfant avec ses mains ou bras pour l’empêcher de partir, de taper.

Enfin, lui préciser que dès qu’il sera calme le dialogue pourra commencer et il sera entendu, mais que dans ces conditions, personne ne pourra le comprendre.

En revanche, il est très dommageable pour l’enfant qu’un adulte puisse le frapper, l’enfermer dans sa chambre, l’insulter verbalement ou encore lui faire honte ou justement le critiquer et lui hurler dessus à chaque petite erreurs commises.
Cela n’a aucune portée éducative, si ce n’est que l’enfant se sent diminué et que son estime de soi reste entâchée.

Il est important de penser qu’un enfant sur qui l’on hurle, vocifère, que l’on bouscule, tape, que l’on insulte, cri, que l’on enferme ne portera son attention uniquement que sur ses blessures narcissiques ou corporelles et non pas sur la raison pour laquelle, si importante soit elle, il a été malmené.

Beaucoup plus tard, cet enfant ayant grandit dans et avec une certaine peur de l’adulte n’appréciera pas « l’autre » dans sa globalité. Il essayera de "faire peur" ou se protégera dans sa carapace, sa sécurité intérieure étant largement « abîmée ». Selon la violence et l’accoutumance de ces pratiques, il aura aussi du mal à aimer et à être aimé. « C’est pas comme ça qu’on aime » , mais comment aimer autrement lorsque l’on a été aimé comme cela ?

La méfiance, le mensonge, le vol pourront malheureusement faire partie des symboles de représailles/ de retour et ce, dès la pré-adolescence de l’enfant ayant subit une telle « discipline »…

Il est tout aussi important pour l’enfant d’avoir confiance en ses parents qu’en lui-même.

Pour ce faire, le dialogue, l’écoute, la compréhension sont essentiels, mais aussi la liberté à prendre des décisions si petites soient elles. Le libre choix de se permettre, s’autoriser et de choisir, sont indispensables au bien être du tout petit comme de l’adulte. Un enfant à l’écoute de lui-même, de ses attentes, de ses désirs, sera un enfant adulte épanouie. L’enfant a besoin de moments bien à lui pour se ré-approprier ses lieux mais aussi ses découvertes, curiosités, apprentissages, il doit donc pouvoir s’écouter et y répondre en s’isolant et ce, dès l’âge de 2 ans ½.

Aimez-vous qu’il frappe à la porte de votre chambre avant d’entrer ?
Et vous, toquez vous à la sienne et surtout attendez vous qu’il vous autorise avant d’entrer ?

Lorsqu’il joue tout seul et que vous ne l’entendez pas, comment réagissez-vous ?

Plus le lien d'attachement est sécurisant et non persécuteur et plus l'enfant "peut" s'autoriser à s'ouvrir à l’autre (étranger) lorsqu’il en a l’envie.

L’école, les institutions, la garderie, les lieux d’éveils :

Le lieu de « garde » est toujours un lieu d'apprentissage social privilégié, il permet aux enfants d'imiter, d’exprimer, de communiquer, d'échanger, de partager et aussi d'acquérir des compétences sociales en jouant avec des enfants de son âge.

A chaque âge un apprentissage social sera découvert, à chaque âge la sécurité intérieure sera mise à mal, bousculée, la confiance en soi et en les autres devra donc être confortée avec l'aide des encadrants. Afin que le sujet grandissant se permette d'asseoir ses compétences et des connaître et de les utiliser sans douter.

Ainsi, le pré-adolescent par exemple rencontre jugements, colères, obstacles et mise à l’épreuve de sa tranquillité. Une mauvaise note doit faire avancer et non pas culpabiliser et ce, dès le plus jeune âge. L’accompagner pour approfondir le petit échec quel qu’il soit, lui permettra de ne plus douter de ses compétences, douter de son image, douter de lui-même.

A cet âge, tout particulièrement, les conflits font rages dans la cour de récréation et les amitiés sont souvent endolories et tumultueuses ; le rôle des parents consisterait, à toujours faire preuve de vigilance, de ne pas s’immiscer, sans pour autant laisser tout faire et remettre l’enfant à lui-même. L’enfant à cet âge qui se connaît déjà en tant que « sujet » s’affirmera grâce à cela en tant que tel.

Les parents et les éducateurs ont pour mission/rôle de répondre aux besoins de l'enfant et de l'aider à découvrir, développer et partager ses compétences, son contrôle de soi et sa conscience morale. Leur engagement affectif et leur accompagnement vers une bonne discipline autoriseront l'enfant à développer sa confiance dans et envers les autres, ce qui lui permettra aussi d'agir en total harmonie avec lui-même pour son propre bonheur et celui de ses pairs. Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
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