Slavoj Zizek , vous connaissez ?
Par Christelle Moreau, jeudi 31 mai 2007
Un livre vient de sortir :) Slavoj Zizek , psychanalyste, philosophe, humaniste, écrivain, il est... Il a ... au moins le mérite d'être plus que présent et d'essayer d'éclairer les autres en leur faisant part de ses écrits. Et des écrits Slavoj Zizek , il en publie à la pelle.
Le centre absent de l'ontologie politique Traduit de l'anglais par Stathis Kouvélakis. Flammarion, 546 pp., 24 €.
Que veut l'Europe? Réflexions sur une nécessaire réappropriation : édition, présentation et traduction de Frédéric Joly. Flammarion «Champs», 128 pp., 7,50 €.
C'est de Ljubljana, capitale de la Slovénie que ce grand (il est extrêmement grand ) homme a fait son nid.
Discours à la façon George Frèche, grande gueule et gesticulations sont au rendez-vous pour un homme dont la notoriété mondiale s'est faite en si peu de temps. Eclairer le monde sur beaucoup, c'est impressionnant, sur presque tous ! Voilà le but de Slavoj Zizek de «la rupture de Hegel avec l'idéalisme kantien» en se référant à la «révolution cinématographique accomplie par David Lynch», passer de Leibniz au cyberespace, gyrovaguer entre le «grand Autre» de Lacan, Lénine et Matrix, la pornographie et la comedia dell'arte, l'intolérance et le multi-culturalisme, l'opéra, le 11-Septembre, saint Paul, l'Irak, The Full Monty, Toni Negri, Tony Blair, la «perversion du christianisme» , Schelling et Kieslowski ( la double vie de Véronique), les gender studies, Adorno, X-files, les tendances New Age, le post-modernisme, à la post-politique, etc. bref, une quantité gigantesque de beaucoup de choses.
C'est un penseur au sens réel du terme, il pense et il agit. Philosophe à la base et psychanalyste Lacannien, il est actuellement à mes yeux, le chroniqueur le plus extravagant de la culture de masse via la philosophie. Non content de vouloir épaté le monde par ces multiples écrits sensés et censés illuminer les esprits et avoue sans scrupule vouloir démontrer les catégories du discours sociologique, philosophique et politique contemporain, voire d'en extraire le refoulé.
Original, provocant, politiquement incorrect, retombant toujours sur ses pates, Slavoj Zizek n'a actuellement pas de limite dans ses plaidoiries.
Le "Sujet qui fâche" dont l'écriture est très explicite, demande par contre une assez bonne connaissance des systèmes philosophiques analysés. Il a pour sujet :la récupération ou la ré-affirmation du sujet cartésien. Assez étonnant de lire un panflet de philo sur ces thèmes, surtout à notre époque, egocentrique, le monsieur, peut-être, non ? Il traite donc des multiplicités, de la différence, de l'intersubjectivité, de l'altérité première, etc. Emblème de la rationalité, les théories communicationnelles (Habermas), la «pensée de l'Etre» heideggerienne, le foucaldisme, le deleuzisme, le cognitivisme, l' «écologie intégriste» (reprochant à Descartes «d'avoir fourni les fondements philosophiques de l'exploitation brutale de la nature» ), le postmarxisme, le féminisme... Or il est grand temps, dit Zizek, d'opposer «aux contes pour enfants que l'on raconte sur ce spectre de la subjectivité cartésienne, un manifeste philosophique de la subjectivité cartésienne elle-même». Le Sujet qui fâche veut être ce manifeste !
ZiZEk tente alors de démontrer «l'erreur fatale de Heidegger, clairement perceptible dans l'échec de sa lecture de Kant», qui permet aussi de mettre en perspective «l'engagement de Heidegger dans le nazisme». Zizek est convaincu que ce que Heidegger a rencontré, «c'est l'abîme de la subjectivité radicale annoncé par l'imagination transcendantale de Kant, et il a reculé devant cet abîme, pour se plonger dans sa pensée de l'historicité de l'Etre».
Le slovène vacille encore un peu entre Kant et Hegel, avant de reprendre la plume en parlant des «quatre philosophes qui, d'une manière ou d'une autre, ont pris Althusser pour point de départ», et, d'une critique d'Althusser, ont abouti à «leur propre théorie de la subjectivité politique» : Ernesto Laclau («théorie de l'hégémonie»), Jacques Rancière («théorie de la "mésentente"»), Etienne Balibar («théorie de "l'égaliberté"»), et en finà Alain Badiou («théorie de la subjectivité en tant que fidélité à l'Evénement de Vérité»).
C'est après cela qu'il n'oublie pas les femmes en abordant la «prolifération libératrice de multiples formes de subjectivité féminine, homosexuelle, ethnique...» et les «politiques identitaires» qui devraient ou non s'ensuivre, en prenant pour centre «la théorie performative de la formation du genre» de Judith Butler, en évaluant les risques établis par les sociologues Ulrich Beck et Anthony Giddens.
Une transposition du passé dans le présent comme avait pu le faire André Glucksmann dans "Dostoievski à Manhattan", mais en plus envolée. Une oeuvre qui se veut dans le désir, dans une folie douce ou douce folie qui se voudrait instructive, rationnelle, cartésienne et irréelle. Excellente lecture. Christelle Moreau
Psychothérapeute, psychanalyste
Formatrice en Management et communication
Intervenante à l'Université,
Maison de Santé 7 rue Alfred Mortier 06000 Nice
06 41 18 52 56
Que veut l'Europe? Réflexions sur une nécessaire réappropriation : édition, présentation et traduction de Frédéric Joly. Flammarion «Champs», 128 pp., 7,50 €.
C'est de Ljubljana, capitale de la Slovénie que ce grand (il est extrêmement grand ) homme a fait son nid.
Discours à la façon George Frèche, grande gueule et gesticulations sont au rendez-vous pour un homme dont la notoriété mondiale s'est faite en si peu de temps. Eclairer le monde sur beaucoup, c'est impressionnant, sur presque tous ! Voilà le but de Slavoj Zizek de «la rupture de Hegel avec l'idéalisme kantien» en se référant à la «révolution cinématographique accomplie par David Lynch», passer de Leibniz au cyberespace, gyrovaguer entre le «grand Autre» de Lacan, Lénine et Matrix, la pornographie et la comedia dell'arte, l'intolérance et le multi-culturalisme, l'opéra, le 11-Septembre, saint Paul, l'Irak, The Full Monty, Toni Negri, Tony Blair, la «perversion du christianisme» , Schelling et Kieslowski ( la double vie de Véronique), les gender studies, Adorno, X-files, les tendances New Age, le post-modernisme, à la post-politique, etc. bref, une quantité gigantesque de beaucoup de choses.
C'est un penseur au sens réel du terme, il pense et il agit. Philosophe à la base et psychanalyste Lacannien, il est actuellement à mes yeux, le chroniqueur le plus extravagant de la culture de masse via la philosophie. Non content de vouloir épaté le monde par ces multiples écrits sensés et censés illuminer les esprits et avoue sans scrupule vouloir démontrer les catégories du discours sociologique, philosophique et politique contemporain, voire d'en extraire le refoulé.
Original, provocant, politiquement incorrect, retombant toujours sur ses pates, Slavoj Zizek n'a actuellement pas de limite dans ses plaidoiries.
Le "Sujet qui fâche" dont l'écriture est très explicite, demande par contre une assez bonne connaissance des systèmes philosophiques analysés. Il a pour sujet :la récupération ou la ré-affirmation du sujet cartésien. Assez étonnant de lire un panflet de philo sur ces thèmes, surtout à notre époque, egocentrique, le monsieur, peut-être, non ? Il traite donc des multiplicités, de la différence, de l'intersubjectivité, de l'altérité première, etc. Emblème de la rationalité, les théories communicationnelles (Habermas), la «pensée de l'Etre» heideggerienne, le foucaldisme, le deleuzisme, le cognitivisme, l' «écologie intégriste» (reprochant à Descartes «d'avoir fourni les fondements philosophiques de l'exploitation brutale de la nature» ), le postmarxisme, le féminisme... Or il est grand temps, dit Zizek, d'opposer «aux contes pour enfants que l'on raconte sur ce spectre de la subjectivité cartésienne, un manifeste philosophique de la subjectivité cartésienne elle-même». Le Sujet qui fâche veut être ce manifeste !
ZiZEk tente alors de démontrer «l'erreur fatale de Heidegger, clairement perceptible dans l'échec de sa lecture de Kant», qui permet aussi de mettre en perspective «l'engagement de Heidegger dans le nazisme». Zizek est convaincu que ce que Heidegger a rencontré, «c'est l'abîme de la subjectivité radicale annoncé par l'imagination transcendantale de Kant, et il a reculé devant cet abîme, pour se plonger dans sa pensée de l'historicité de l'Etre».
Le slovène vacille encore un peu entre Kant et Hegel, avant de reprendre la plume en parlant des «quatre philosophes qui, d'une manière ou d'une autre, ont pris Althusser pour point de départ», et, d'une critique d'Althusser, ont abouti à «leur propre théorie de la subjectivité politique» : Ernesto Laclau («théorie de l'hégémonie»), Jacques Rancière («théorie de la "mésentente"»), Etienne Balibar («théorie de "l'égaliberté"»), et en finà Alain Badiou («théorie de la subjectivité en tant que fidélité à l'Evénement de Vérité»).
C'est après cela qu'il n'oublie pas les femmes en abordant la «prolifération libératrice de multiples formes de subjectivité féminine, homosexuelle, ethnique...» et les «politiques identitaires» qui devraient ou non s'ensuivre, en prenant pour centre «la théorie performative de la formation du genre» de Judith Butler, en évaluant les risques établis par les sociologues Ulrich Beck et Anthony Giddens.
Une transposition du passé dans le présent comme avait pu le faire André Glucksmann dans "Dostoievski à Manhattan", mais en plus envolée. Une oeuvre qui se veut dans le désir, dans une folie douce ou douce folie qui se voudrait instructive, rationnelle, cartésienne et irréelle. Excellente lecture. Christelle Moreau
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