Guide du signalement
Prévenir la maltraitance des enfants et agir efficacement contre elle.
Il s'agit de mettre fin à l'idée que le signalement soit synonyme de
suspicion ou de délation. L'auteur du signalement est celui qui apporte des
constatations sur la situation de l'enfant et non des preuves ; un signalement
n'est pas un jugement. En parler c'est déjà agir.
L'information peut être communiquée par voie orale ou écrite.
Des éléments concernant la situation d'un enfant susceptible d'être en
danger sont portés à la connaissance de l'autorité administrative ou
judiciaire.
Il peut s'agir de la transmission de faits observés, de propos entendus,
d'inquiétude sur des comportements que ce soient ceux de mineurs ou
d'adultes à l'égard d'un mineur.
Il s'agit de donner la possibilité d'aider des enfants et cela à plusieurs
stades :
Les enfants en danger :
L'ensemble des enfants en risque et maltraités.
L'enfant en risque :
enfant qui connaît des conditions d'existence risquant de mettre en danger sa
santé (physique ou psychologique), sa sécurité, son éducation ou son
entretien, mais qui n'est pas pour autant maltraité.
L'enfant maltraité :
enfant qui est victime de violences physiques,
d'abus sexuels, de cruauté mentale, de négligences lourdes ayant des
conséquences graves sur son développement physique et psychologique.
Violences physiques :
violences exercées sur le corps de l'enfant ayant des conséquences graves
sur sa santé.
Violences sexuelles :
toutes les formes d'atteinte sexuelle, attentat à la pudeur, exhibitionnisme,
pédophilie, attouchements,
pornographie, exploitation à des fins de prostitution, voyeurisme, viol,
inceste.
Cruauté mentale :
exposition répétée d'un enfant à des situations dont l'impact émotionnel
dépasse ses capacités d'intégration psychologique : humiliations verbales et
non verbales répétées, menaces, marginalisation ou dévalorisation
systématique,exigences excessives ou disproportionnées à l'âge de
l'enfant, consignes ou injonctions éducatives contradictoires ou impossibles
à respecter.
Négligences lourdes :
privation de nourriture, de soins au point de compromettre sa santé, son
développement staturo-pondéral ou psychique.
INDICATEURS DE RISQUE, SIGNES DE MALTRAITANCE
Marques corporelles ou lésions traumatiques :
hématomes, brûlures, fractures, cheveux arrachés, etc.
Divers troubles :
alimentaires (anorexie, boulimie), des sphincters
(énurésie, encoprésie), douleurs abdominales, maux de tête à répétition,
troubles du sommeil, fatigue, pâleur, maladies et/ou hospitalisations à
répétition. troubles du comportement (tristesse, anxiété, agitation,
agressivité), de la communication, de la personnalité, affectifs, etc. retard
psychomoteur ou intellectuel.
Difficultés scolaires :
absentéisme, échec, désinvestissement...
>
Attitudes délictueuses et opposantes :
provocation, vol mise en danger,
passages à l'acte : tentative de suicide, fugue, prise de toxiques'
LA MALTRAITANCE N'EST PAS TOUJOURS AISÉMENT REPÉRABLE.
A cela, deux raisons principales :
1/ la difficulté à différencier l'acte volontaire de maltraitance d'une
situation accidentelle.
2/ la confrontation au silence qui entoure les situations de maltraitance tant
au niveau des victimes que des auteurs présumés.
Toutefois, il existe un certain nombre de facteurs qui perturbent la relation
parent/enfant, fragilisent la famille et qui, cumulés, peuvent aboutir à une
situation d'indifférence, de rejet ou de violence.
les signes de reconnaissances :
Marques corporelles ou lésions traumatiques :
hématomes, brûlures,
fractures, cheveux arrachés, etc. divers troubles : alimentaires (anorexie,
boulimie), des sphincters (énurésie, encoprésie), douleurs abdominales, maux
de tête à répétition, troubles du sommeil, fatigue, pâleur, maladies et/ou
hospitalisations à répétition.
Troubles du comportement :
(tristesse, anxiété, agitation, agressivité), de
la communication, de la personnalité, affectifs, etc.
Retard psychomoteur ou intellectuel. diff icultés scolaires : absentéisme,
échec, désinvestissement...
Attitudes délictueuses et opposantes : provocation, vol' mise en danger,
Passages à l'acte : tentative de suicide, fugue, prise de toxiques'
Qui sont ces parents ?
état de santé :
alcoolisme, maladie mentale. dysfonctionnement de la vie
familiale.
Comportement inadapté à l'égard de l'enfant : manque d'attention, manque
d'hygiène, absence de suivi médical ou médicalisation à outrance, violence
verbale.
Attitudes éducatives non adaptées :
discours négatif, absence ou excès de
limites, confusion, inversion des rôles.
Attention :
Si chaque indice pris séparément n'est pas nécessairement un signe de
maltraitance, c'est la répétition de ces indices ou l'existence de
plusieurs facteurs de risque qui doit alerter.
Un enfant peut être en danger alors qu'aucun signe extérieur n'alerte : les
mauvais traitements se rencontrent à tous les âges de la vie de l'enfant et
dans tous les milieux.
Obligations légales :
Quelle que soit la nature de la maltraitance,la souffrance de l'enfant
entraînera des traumatismes qui peuvent influencer toute sa vie.
Contribuer à entretenir le silence sur une maltraitance commise sur un enfant,
c'est participer au développement de ces traumatismes.
Pour permettre à un enfant de ne pas rester seul dans le secret de la
maltraitance, il faut sortir des réactions de déni, de doute, de
banalisation, voire de crainte des suites qui seront données à un
signalement.
Dans tous les départements, des services ont la responsabilité de prendre les
mesures qui s'imposent pour protéger un enfant et aider ses parents en
difficulté.
Article 223-6 du Code Pénal
« Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui
ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l'intégrité
corporelle de la personne s'abstient volontairement de le faire est puni de
cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 ' d'amende.
Sera puni des mêmes peines quiconque s'abstient volontairement de porter à
une personne en péril l'assistance que, sans risque pour lui ou pour les
tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en
provoquant un secours. » L'obligation de porter assistance à une personne
victime d'un délit ou d'un crime s'impose à tous, y compris à ceux qui
sont tenus au secret professionnel. Sinon, il s'agit de non-assistance à
personne en danger.
OBLIGATION D'INFORMER LE PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE OU LE PRESIDENT DU CONSEIL
GENERAL DES MAUVAIS TRAITEMENTS A ENFANTS
Article 434-3 du Code Pénal
« Le fait, pour quiconque ayant eu connaissance
de privations, de mauvais traitements ou d'atteintes sexuelles infligés
à un mineur de quinze ans ou à une personne qui n'est pas en mesure de se
protéger en raison de son âge, d'une maladie, d'une infirmité, d'une
déficience physique ou psychique, ou d'un état de grossesse, de ne pas en
informer les autorités judiciaires ou
administratives est puni de trois ans d'emprisonnement
et de 45 000 ' d'amende. » Toute personne non soumise au secret
professionnel est dans l'obligation
d'informer les autorités
administratives (Président du Conseil
général ou son représentant désigné) ou judiciaires, des crimes ou mauvais
traitements dont elle a eu connaissance.
LE SECRET PROFESSIONNEL
Article 226-13 du Code Pénal
« La révélation d'une information à caractère
secret par une personne qui en est dépositaire soit par état ou par
profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission
temporaire, est punie d'un an d'emprisonnement
et de 15 000 ' d'amende. »
LE SECRET PROFESSIONNEL DES PERSONNES PARTICIPANT AUX MISSIONS DE L'AIDE
SOCIALE A L'ENFANCE
Article L221-6 du Code de l'Action Sociale
et des Familles
« Toute personne participant aux missions du Service d'Aide Sociale à
l'Enfance est tenue
au secret professionnel sous les peines et dans les conditions prévues par les
articles
226-13 et 226-14 du Code Pénal.
Elle est tenue de transmettre sans délai au Président du Conseil général ou
au responsable désigné par lui toute information
nécessaire pour déterminer les mesures dont les mineurs et leur famille
peuvent bénéficier et notamment toute information sur les situations de
mineurs susceptibles de relever de la protection des mineurs maltraités. »
Afin de lui permettre d'exercer ses responsabilités en matière de protection
de l'enfance, toute personne
participant aux missions de l'ASE est tenue d'informer le Président
du Conseil général ou son représentant
désigné, des situations d'enfants en danger.
LES EXCEPTIONS
Article 226-14 du Code Pénal
« L'article 226-13 n'est pas applicable dans les cas où la loi impose ou
autorise la révélation du secret. En outre, il n'est pas applicable :
1 - A celui qui informe les autorités judiciaires,
médicales ou administratives de privations ou de sévices, y compris
lorsqu'il
s'agit d'atteintes sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été
infligés à un mineur ou à une personne qui n'est pas en mesure de se
protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique;
2- Au médecin qui, avec l'accord de la victime, porte à la connaissance du
Procureur de la République les sévices ou privations qu'il a constatés, sur
le plan physique ou psychique, dans l'exercice de sa profession et qui lui
permettent de présumer que des violences physiques, sexuelles ou psychiques de
toute nature ont été commises. Lorsque la victime est mineure, son accord
n'est pas nécessaire;
3- Le signalement aux autorités compétentes
effectué dans les conditions prévues au présent article ne peut faire
l'objet d'aucune sanction disciplinaire. »
Article 44 du Code de Déontologie Médicale (décret N°95-100 du 6/9/95)
« Lorsqu'un médecin discerne qu'une personne
auprès de laquelle il est appelé, est victime de sévices ou de privations,
il doit mettre en oeuvre les moyens les plus adéquats pour la protéger en
faisant preuve de prudence et de circonspection.
S'il s'agit d'un mineur de quinze ans ou d'une personne qui n'est pas en
mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique, il doit,
sauf circonstances particulières qu'il apprécie en conscience, alerter les
autorités judiciaires,médicales ou administratives. »
En parler c'est déjà agir.
Si l'information à l'autorité judiciaire ou administrative des situations
d'enfants maltraités est une obligation générale pour tout citoyen, il
concerne tout particulièrement le professionnel qui, dans le cadre de ses
fonctions, a connaissance de mauvais traitements à l'égard de mineurs.
Plus vite il intervient, plus vite une solution est trouvée dans l'intérêt
de l'enfant.
Le signalement permet la mise en oeuvre de la protection du mineur tout en
aidant la famille à retrouver son rôle.
Lorsqu'un professionnel a un doute sur la situation d'un enfant, il ne doit
pas rester isolé mais il doit rechercher une aide à l'évaluation.
INFORMATION ET SIGNALEMENT
L'information peut être communiquée par voie orale ou écrite.
Des éléments concernant la situation d'un enfant susceptible d'être en
danger sont portés à la connaissance de l'autorité administrative ou
judiciaire.
Il peut s'agir de la transmission de faits observés, de propos entendus,
d'inquiétude sur des comportements que se soient ceux de mineurs ou
d'adultes à l'égard d'un mineur.
Le signalement se présente sous la forme d'un document écrit après
évaluation pluridisciplinaire et si possible pluri-institutionnelle par des
professionnels des services médico-sociaux du Conseil général, de
l'Education
Nationale, des services des hôpitaux, des services spécialisés'
Ce document fait état de la situation de l'enfant et de la famille, des
mesures préconisées de type administratif ou judiciaire.
CONTENU DU SIGNALEMENT
Composition familiale identité de l'enfant concerné (nom, date et lieu de
naissance, établissement scolaire') état civil des membres de la famille
adresse de chaque parent et de(s) l'enfant(s) (préciser si elle est
différente de celle des parents au moment du signalement) exercice de
l'autorité parentale situation par rapport à l'emploi des parents et
catégorie socio-professionnelle
Présentation de la situation indiquer les éventuelles interventions
développées auprès de la famille en précisant si elles ont été acceptées
ou refusées dégager le motif du signalement du contexte privilégier les faits
et les éléments objectifs avec le souci constant d'être le plus précis
possible:
- l'origine de l'information
- la date des événements et les mesures déjà prises
- les lieux où se sont produits les différents événements signalés
- les faits rapportés sont-ils isolés ou répétitifs
- accidentels ou non ' Ont-ils été constatés ou rapportés ?
- les paroles de l'enfant
- les constatations médicales (certif icat médical joint)
- les conséquences pour l'enfant de ces faits
Conclusion elle indique une ou des propositions elle précise sur quel(s)
membre(s) de la famille, la mesure devrait porter (si l'enfant peut être conf
ié à un tiers, ne pas omettre de préciser l'adresse de celui-ci) elle
indique si les parents ont été avisés du signalement, et si non pour quel
motif si les parents sont d'accord pour l'aide qui leur est proposée elle
indique date, nom et qualité du signataire du rapport.
Tout élément de danger survenu depuis l'envoi du premier signalement doit
faire l'objet d'un signalement complémentaire.
IL Y A LIEU DE DIFFÉRENCIER DEUX TYPES DE SITUATION :
La situation des enfants en danger dans leur environnement
(hors urgence)
L'antenne enfance ado placée sous la responsabilité du Président du Conseil
général est chargée de recueillir l'ensemble des signalements d'enfants en
danger et les informations relatives à des enfants susceptibles d'être en
danger.
Quand un enfant est en danger, et que les parents refusent l'aide qui leur est
proposée ou que l'aide est insuff isante pour limiter le danger encouru par
l'enfant, le service adresse le signalement au Procureur, af in que des
mesures d'assistance éducative puissent être imposées aux parents. Les
parents sont alors informés par écrit de cet envoi.
Dans les autres cas, les signalements sont transmis au Président du Conseil
général pour mettre en oeuvre les mesures de l'aide sociale à l'enfance.
Les situations d'urgence (nécessitant une protection immédiate
du mineur) en cas de maltraitance physique grave ou d'abus sexuel
Le signalement est adressé directement par télécopie doublée d'un appel
téléphonique, au Procureur de la République des Tribunaux de Grande Instance
de la région.
Dans tous les cas, parlé, ne rester pas avec ce poid qui ne fera qu'empirer au
fil des jours et pensez au bien-être de l'enfant.
SIGNALEMENT ADMINISTRATIF
Dans le cadre des missions de l'aide sociale à l'enfance, les services du
Conseil général peuvent, avec l'accord des parents, mettre en place
différents types d'actions :
-intervention d'une technicienne d'intervention familiale et sociale (TIFS) à
leur domicile
-aide éducative à domicile
-accueil provisoire de l'enfant au service de l'aide sociale à l'enfance
-accueil mère-enfant
Ces aides sont contractualisées, elles peuvent prendre la forme d'un travail
associant plusieurs intervenants et sont définies dans la durée et leurs
objectifs avec les parents.
Après évaluation de la situation, le Président du Conseil général peut
transmettre le signalement à l'autorité judiciaire s'il estime la mesure
insuffisante ou impossible à mettre en place.
SIGNALEMENT JUDICIAIRE SUITES CIVILES
En cas d'urgence, le Procureur de la République assure la protection
immédiate de l'enfant en le conf iant à un service spécialisé ou à une
personne digne de confiance, à charge de saisir le Juge des Enfants dans un
délai de 8 jours.
Hors les cas d'urgence, le Procureur de la République décide de
l'opportunité de saisir le Juge des Enfants. Une procédure d'assistance
éducative est ouverte auprès du Juge des Enfants qui appréciera si une
mesure de protection est nécessaire à la situation de l'enfant. Avant toute
décision, les parents et l'enfant sont entendus par le Juge des Enfants, à
moins que son âge ne le permette pas, ou qu'il soit de son intérêt d'être
dispensé de comparaître. Ils sont avisés des motifs de la décision.
Les mesures suivantes peuvent être prises par le Juge des Enfants :
-mesures d'investigations complémentaires (enquête sociale, mesure
d'Investigation et d'orientation éducative, examen médical,
psychologique'),
-mesure d'action éducative en milieu ouvert,
-mesure confiant l'enfant à la garde de l'autre parent, d'un
établissement, d'un service ou d'une personne digne de confiance.
SUITES PÉNALES
Le Procureur apprécie également s'il convient de diligenter une enquête de
police ou de gendarmerie, et d'engager des poursuites contre les auteurs des
mauvais traitements.
Rappel de procédure , rappelez vous les démarches :
Le Médecin départemental de votre P.M.I.
ou
Education Nationale
Service social scolaire ou service de santé scolaire
ou
Inspection Académique
En cas d'urgence :
-Parquet de votre département
-Procureur de la République
-TGI, de votre département
Bon courage à vous, et merci pour eux.
Et si vous avez besoin de soutien, si vous avez besoin d'en parler, si vous
doutez sur le bien fondé d'un éventuel signalement ou si voulez tout
simplement déléguer cliquez ici
04.93.04.14.47 de 14h à 16h du lundi au vendredi
ou encore sur skype : christelle.moreau à Nice
NB : Chaque département à mis en place un fascicule reprenant explicitement
ces informations, vous pouvez donc vous le procurer, soit en imprimant cette
page, soit en allant le chercher à votre conseil général.