Bonjour,
J'ai été voir un psy, deux fois, puis j'ai un troisième RDV (c'est moi qui avais écrit le post "abus de confiance", dans l'aparté). Le problème, c'est que j'ai l'impression qu'il est en train de se passer la même chose qu'avec tous les psy que j'ai vus (il y a un an ) depuis cet abus de confiance. Enfin, tous les psy que j'ai vus étant de retour depuis septembre 2006 dans la ville où est ce psy : entre mars 2006 (date de l'arrêt de ma thérapie avec lui suite à son mensonge) et septembre 2006, je résidais dans une autre ville, j'y avais trouvé du premier coup une psy.
Voilà ce qui se passe :
Il y a du négatif qui est en train de s'installer. Pourtant, je ne lui ai pas encore tout dit. Je veux dire, quand un psy me demande pourquoi je vais le voir, forcément, je lui dis, à un moment, qu'il n'est pas le premier, et forcément, je lui parle (en bien ... et en mal) des autres, de celles et ceux qui l'ont précédé.
Je ne crois pas être responsable de ce que mon précédent psy m'a fait. Je crois que ça m'a fait du mal. En retour, j'ai "et il vous a fait ça au bout de combien de temps ?". 5 ans. Puis un air de prendre note. Bien sûr, ça ressemble à une durée qu'il serait possible de rapprocher d'une autre durée (quand il me pose cette question, il ne sait pas, mais 5 ans, c'est l'âge où mon père a commencé). La seule responsabilité que je peux me reconnaître dans cette histoire, c'est d'être restée avec ce psy qui était souvent absent (tout en étant là physiquement) pendant 5 ans ...
Je n'aime pas qu'on me demande si en 3e, j'étais "pubère" (on parle de cette période). Je lui ai dit que je n'avais pas envie de répondre à cette question. Il n'a pas insisté. Mais je n'aime pas cette question. C'est une question de médecin ou de flic, pour moi. Elle ne m'apporte rien, je la ressens comme une intrusion.
Puis ces mots sur l'enfance : "pourquoi vous avez voulu récupérer ces dessins ?" (des dessins chez la psy qui me suivait de l'école primaire à la fin du collège, c'est à dire durant la période où mon père m'abusait sexuellement, et ceci sans jamais avoir rien décelé de l'existence de ces abus). Il précise : "parce que ce n'est pas une démarche anodine". Je lui réponds : "parce que je voulais les revoir : je ne me souviens plus de ce que j'y ai dessiné, je voulais les revoir pour retrouver les souvenirs que j'ai oubliés aussi et qu'ils m'auraient rappelés".
Je ne sais plus si c'est avant ou après, qu'il m'a commenté : "ce n'est pas anodin, comme démarche, parce que normalement, il ne reste que quelques souvenirs de son enfance, on oublie son enfance, et si on a fait des dessins, on ne se souvient que de quelques images parmi eux". Et ça ça me renvoie directement à ce que m'avait expliqué mon père, quand j'étais enfant, j'avais moins de 10 ans : il m'expliquait que lui ne se souvenait pas de son enfance, jusqu'à 10 ans, il a tout oublié, et ensuite il m'a dit que c'était normal, d'oublier ainsi. Et moi je ne trouvais pas ça normal, de tout oublier jusqu'à 10 ans, je trouvais que ça faisait très tard. En mon for intérieur, cependant qu'il me disait ça, je me suis fait un serment : j'ai juré, ce jour-là, de ne pas oublier mon enfance comme lui, et plus tard d'écrire un livre sur le mal que m'avaient fait les adultes. J'avais juste, déjà, oublié le vrai sujet de ce livre : le mal encore plus grand qu'il m'avait fait lui.
Je n'aime pas qu'un psy me donne des explications qui ressemblent aux siennes. C'est comme s'il était déjà là, si vite. Pourquoi tellement de monde se fait envahir, comme posséder, si facilement par lui ?
Au départ, au téléphone puis en le voyant la semaine dernière, j'ai senti dans les intentions de ce psy un désir très fort de soigner (dans sa voix, ce qui transparaissait, ce qui était perceptible pour moi, au-delà des mots). Tellement fort qu'il en était touchant, ce au milieu d'autres choses que je ne saisissais pas plus précisément (mais pas aussi positives). C'est ce désir-là qui m'a fait me dire "il y a des chances que ça marche". Mais ce matin, il était devenu invisible, dans sa voix, ce désir-là J'ai envie d'écrire : il me soupçonne. Ce matin, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à quelqu'un qui est sur la défensive, jauge, scrute, est loin. Puis quand je lui ai dit (plus vers le début) : "moi aussi j'ai des questions que j'ai envie de vous poser", il m'a dit de lui poser, mais d'une manière pas spécialement encourageante. Je lui ai quand même posé ma question : c'était comment il concevait son rôle, en tant que thérapeute, et le déroulement de la thérapie. Je l'ai posée de manière très ouverte. Trop semble-t-il : il m'a demandé "vous voulez dire par rapport aux différentes écoles psy ? Ou ici ?". J'ai trouvé sa réponse très floue (bien sûr, que c'était sur "ici" que je le questionnais : les écoles psy, c'est de la théorie, ce qui m'importe, c'est quelle mise en oeuvre se passe ici).
Il m'a aussi demandé comment j'allais chez la psy durant si longtemps, une fois par semaine, alors qu'elle me répulsait (je lui ai dit qu'elle me répulsait, et que j'y ai été tous les samedi de l'école primaire à la fin de la 3e). Je lui ai répondu que c'était comme aller à l'école et tout le reste : une obligation faite par les adultes. (J'ajoute ici ce à quoi cela me fait penser : pendant une durée similaire, tous les dimanche matin, j'allais dans un lit avec une personne qui me répulsait encore plus. Se rend-il compte de cela ? Et pourquoi ? Parce que c'était une obligation faite par un adulte dont c'était le rôle : mon père. Ce psy se rend-il compte que je vivais dans un monde où je devais accepter ça, et donc où la question de refuser d'aller dans un endroit qui me répulse, ailleurs, ne pouvait se poser non plus ?).
J'y peux rien, ça me fait penser à des questions de flic. ("comment avez-vous pu aller chez cette psy si longtemps, si elle vous répulsait ?" - et comment aurais-je pu ne pas y aller ?????).
J'ai peur qu'il soit en train de prendre parti du mauvais côté.
C'est comme à chaque fois, sauf que cette fois-ci, je vois le processus se faire. Le processus qui conduit à mon rejet, sans que je puisse rien faire.
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Comment c'est possible qu'une psy elle m'ait suivi pendant toute la durée du collège, et une partie de l'école primaire, à raison d'une fois par semaine, et qu'elle n'ait JAMAIS rien compris à ce que je lui disais, à ce que je lui racontais avec la pate à modeler et les dessins (dessins qu'elle a détruits en me les renvoyant à une mauvaise adresse, bien plus tard, quand je lui ai demandé de me les rendre) ? Et aussi avec ce que je lui ai raconté ensuite avec des mots, avant de me taire ?
Comment c'est possible qu'elle m'ait laissé là-dedans, comment c'est possible qu'elle n'ait rien compris ? Pourtant oui, à chaque fois je revenais, toutes les semaines. J'espérais qu'elle me parle. Qu'elle me pose les bonnes questions. Mais elle elle se taisait. Et moi je ne savais pas ce que c'était les bonnes questions. J'avais oublié aussi les réponses. A chaque fois j'oubliais, je crois. A quoi bon se souvenir s'il n'y a personne pour entendre ?
Mon père me faisait du mal et j'oubliais le mal, à chaque fois. Il partait dans le noir : le mal, écran noir, le mal, écran noir. Le mal, occulté par un écran noir. Le noir de l'oubli. Ne resurgissait que dans mes cauchemars (toujours le même cauchemar), plein de noir qui détruisait tout, bouffait tout (un peu comme dans le film "Histoire sans fin").
(j'arrive pas à me souvenir de ses séances plus que ça, j'essaie mais ça ne vient pas, ça affleure juste - il n'y a que mon envie de vomir, ma haine au point d'avoir envie de me faire du mal - je résiste à cette envie de me faire du mal - qui revient sans cesse, depuis ces quelques jours).
C'est comme une immense colère. Une envie de tout casser, de rage, silencieuse, comme un bulldozer : cet endroit où on m'envoie pour parler et où on ne m'entend pas, non plus, cette condamnation au silence. A mort. J'y retourne chaque semaine et chaque semaines c'est pareil : la mort. Envie de secouer cette connasse de psy jusqu'à ce qu'elle entende jusqu'à ce que ses putains de boules quiès elles tombent mais impossible de la secouer j'ai pas la force mes mots sont écrasés par son silence par le silence de tous les adultes qui m'entourent aveugles et sourds ne voient rien n'entendent rien d'une enfant qui a oublié où étaient la gauche et la droite, pue parce qu'elle ne se lave plus que le minimum, une fois par moi, par dégoût de l'eau, du bain, tout ça (il m'abusait notamment dans la salle de bains, ce ****), est lente dramatiquement lente à l'école ... etc, etc, etc. Et ça depuis qu'il a commencé à m'abuser : inversion par rapport à avant, où je savais où étaient ma gauche et ma droite, où les médecins marquaient dans mon carnet de santé "parle bien, très sociable et à l'aise".
Comment ils ont pu ne rien voir ? J'ai envie de les frapper jusqu'à ce qu'ils comprennent ce que ça fait de rester des années dans le silence sans que personne n'entende ni ne comprenne rien.
Comment elle a pu ne rien voir, comment elle a pu envoyer mes dessins à une mauvaise adresse, après avoir répondu à ma demande au téléphone, d'un ton violent : "vous voulez tout détruire !!!!" ? Qui voulait tout détruire ? Qui a tout détruit, détruit les restes de ce qu'elle n'a pas vu ?
Qui m'a détruit moi, mon père seulement ou tous ces gens qui l'ont laissé faire, n'ont pas imaginé une seule seconde que si je puais et étais un boulet à l'école, ce n'était pas à moi qu'il fallait le reprocher mais de sa faute à lui qui me démolissait par ses actes ?
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Je l'ai exprimé, c'est elle qui n'était pas capable d'entendre.
Comment croire que cela ne transparaissait pas dans mes dessins ?
Comment croire que c'est une erreur par hasard qu'elle les ait détruits de fait en se trompant d'adresse et en les envoyant en courrier simple (surtout sans mettre le nom de l'expéditeur au cas où ...), ce après m'avoir hurlé au téléphone "vous voulez tout détruire !!!". Non moi je voulais retrouver la vraie histoire. Je voulais retrouver les cailloux semés sur ce chemin sous forme de dessins. Elle elle voulait ne rien voir, ne rien entendre, tout détruire.
Rassurez-moi, l'inceste, les psy travaillent ces pulsions en thérapie, maintenant, ou bien c'est toujours sensé être indifférent que ce soit du fantasme ou la réalité ?
Moi c'était réel. J'ai réellement porté plainte. Mon père a réellement abusé de moi et de ma soeur. Ma mère a réellement été abusée par son beau père. Mon grand père maternel a réellement été le proxénète de ma grand mère maternelle qui a vitriolé un client qui ne voulait pas payer (c'est écrit dans le dossier de l'assistance publique, je ne suis pas en train de faire mythomane). Le frère jumeau de mon père est réellement fou (psychotique) depuis l'âge de deux ans. J'ai réellement un cousin (côté maternel) autiste. J'ai réellement un oncle (côté maternel) détruit et alcoolique depuis des années. J'ai réellement une famille comme ça. J'ai l'impression que beaucoup de psy dans ma ville, ça les angoisse. Pas tous, mais souvent. Moi aussi ça m'angoisse, si ça peut les rassurer. Quand j'ajoute qu'un de leurs collègues a abusé de ma confiance, c'est le bouquet. Trop c'est trop.
Ah oui, la psychanalyse et ma famille, c'est une vieille histoire : ma mère a suivi une psychanalyse pendant 20 ans (suite à retour en mémoire des abus qu'elle a subis elle). J'ai compris en 2003 que sa psy était une "amie" pour elle, et que ma mère trouvait normal de payer pour une ... amitié. J'ai pensé à la prostitution. J'ai pensé à la psy de ma mère : se rendait-elle compte du rôle dans lequel elle était ? Ma mère utilisait à la maison ses connaissances acquises en psychanalyse pour faire des interprétations sauvages et destructrices sur moi et un peu ma soeur (je suis l'aînée, c'était moi en première ligne). La psy de ma mère ne se doutait de rien. C'est comme si elle avait fait partie de la famille (pathogène) à son insu, et été utilisée pour renforcer le mal dans cette famille. C'était omniprésent au point que ma soeur voulait "faire psychanalyste pour gagner beaucoup d'argent" (heureusement pour ses patients potentiels, elle a fait autre chose finalement). Je n'ai pas dit tout ça au psy que j'ai été voir récemment. Vous, vous avez la ressource de me prendre pour une mytho. Lui, il va faire quoi si je l'angoisse encore avec ça ?
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