Linouna — 08-12-2012 22:22

J'ai été violé il y a quatre mois de ça. Quatre mois et quelques jours, pour être précise.

J'ai 16 ans, et j'étais en colonie pour les vacances dans un autre pays. Le séjour se passait bien, nous étions dans un hôtel assez sympa, je m'étais fais de bons amis et les filles avec qui je partageais ma chambre était vraiment adorables. Un soir, un peu triste d'être sans mes parents, j'ai décidé d'aller les appeler, un peu avant l'heure prévue du repas puis le départ pour une soirée organisée par les monos. Comme je ne voulais pas leur parler devant les autres, ni même dans la chambre avec les filles qui pourraient entendre ma conversation, j'ai décidé de chercher un endroit isolé dans l'hôtel, ou je pourrais appeler sans risquer d'être dérangée ou écoutée, et cet endroit s'est averé être les escaliers de secours.

Je me suis assise bien tranquillement, aie appelé mes parents, leur ai parlé une dizaine de minutes - avec un peu d'émotion, j'ai versé deux/trois larmes - puis ai racroché, contente de les avoir eu. Et c'est là que c'est arrivé...

Je ne sais pas de qui il s'agissait. Je n'ai pas vu son visage, ou du moins si je l'ai vu, je ne m'en souviens pas. Je me souviens juste d'une main qui me plaquait violemment au mur, et de son pantalon qui se baissait, puis son calecon... Puis ses mains qui me baissait mon short et mes sous-vêtements...Après, c'est le trou noir. Mes souvenirs reprennent devant la porte de ma chambre d'hôtel, je suis seule, j'ai mon short sur moi mais mon t-shirt n'est plus rentrée dedans, mes cheveux sont en bataille, j'ai tellement pleuré que mes yeux sont déjà gonflés et j'ai mal, affreusement mal.

Je n'ai d'abord pas compris ce qui m'est arrivé. Je me sentais comme dans une bulle de coton, comme ailleurs. Je savais juste que j'avais mal, et que j'avais peur, et que je ne voulais surement pas aller à la soirée ce soir ni meme manger mais simplement me cacher dans ma chambre et mieux encore, rentrer chez moi pour être protégée par mes parents. Tout les gens me demandaient ce qui n'allait pas, mais je leur disait que ce n'était rien, que j'étais juste un peu fatiguée et que je voulais rester à l'hôtel ce soir. Une mono est venue me voir, une heure après environ qu'ils soient tous partis, et m'a trouvé entrain de faire une crise d'hystérie. Je commençais à saisir ce qui m'était arrivé, et j'avais peur, tellement peur, et je me sentais sale et j'avais tellement mal, aussi, tellement mal, aux bras, au dos, au ventre, aux jambes et surtout à un endroit où je ne voulais pas avoir mal, où je ne devrais pas avoir mal. Je ne lui ai pas dit ce qui m'étais arrivée, j'en étais bien incapable, mais je lui ai fait comprendre entre deux sanglots qu'il s'était passé quelque chose, et tout s'est très vite enchainé : on m'a emmené à l'hôpital, puis la police est arrivée, puis on m'a interrogé, mon père est venu me chercher, et là, on m'apprend qu'il n'y avait pas de caméras dans les escaliers. J'étais effondrée : pas moyen, donc, de savoir qui était mon agresseur... Il aurait pu être autour de moi en ce moment que je n'en saurais rien.

J'avais tellement peur, et je voulais juste retourner chez moi et tout oublier que j'ai refusé qu'il y ait une quelconque enquête, au grand damne de ma famille. Mais je ne regrette pas ma décision. Tout ce que je voudrais, c'est oublier, tout oublier...

Les sequelles physiques - des gros bleus un peu partout sur le corps + griffures + brulures - sont parties, maintenant, mais à l'intérieur, je ne vais pas mieux...
Je ne dirais pas que j'y pense tous les jours et que ça m'empêche de vivre, non, je dirais même que je suis plutôt heureuse, mais quand j'y pense, en revanche, ça me fait tellement mal... Le pire, je crois, est ce trou noir qui m'empêche de savoir exactement ce qu'il m'est arrivée, alors que je sais parfaitement,grâce aux examens médicaux, ce qu'il s'est passé... Désolée pour le roman, merci de m'avoir lue.