Bonjour,
J'ai rencontré mon thérapeute cet après-midi et j'en suis ressortie un peu frustrée. Voilà maintenant 9 semaines que je le consulte et nous avons parlé de ma difficulté à m'ouvrir et à parler. Il a accepté que je puisse lui écrire avant nos rencontres afin de lui faire part de ce que j'aimerais parler, afin de faire diminuer mon anxiété de débuter sur un sujet.
Aujourd'hui, ça ne s'est pas passé comme je l'avais prévu. Donc ce soir, je lui ai envoyé un courriel afin d'évacuer ce que je n'avais pas dit. J'aimerais partager ce courriel avec vous afin de voir ce qui en ressortira
S'il vous était possible de me dire, suite à la lecture de ce qui va suivre, si selon vous j'ai fait un pas en avant avec ma thérapie ... je suis boulversé ce soir et je recherche du réconfort et de la compréhension. Je m'excuse à l'avance pour la longueur du texte... j'en avais gros sur le coeur! J'ai hâte de vous lire.
Voici donc le courriel envoyé à mon thérapeute:
Bonjour,
J’imagine que tu ne dois pas être surpris de voir que je t’écris…
Quand tu m’as demandé, avant que la rencontre se termine, comment je me sentais, j’étais sincère en répondant que je me sentais plus calme.
Franchir la porte de ton bureau est très difficile pour moi, mais en même temps je m’y sens en sécurité. J’ai en fait des sentiments partagé de sécurité et de peur. Que tu sois assis devant moi, à m’observer et à attendre que je parle me rend quasi paralysé. Je ne sais pas quoi faire de moi, comment m’assoir, où regarder, quoi dire… mais en même temps je me sens rassuré en ta présence.
Par contre, malgré cette sécurité, j’ai toujours un doute derrière la tête. À chaque rencontre, c’est comme si je m’attends à me faire dire que ce sera la dernière. Qu’on m’abandonne et qu’on va me laisser à moi-même. J’ai même des fois l’impression d’être ennuyante lors de nos rencontres. Que je radote et qu’à force de ne pas évacuer ce que j’ai réellement à dire, ben ce sera de ma faute et je devrai vivre avec. Ces sentiments ont remué beaucoup de souvenir qui me font de la peine et me mettent en colère vis-à-vis mon père. Je ne pensais jamais me rendre là, mais j’en viens à la conclusion que je le déteste et je lui en veut énormément, et je trouve ça difficile à avouer et accepter.
Je sais que ces sentiments sont le fruit du pourquoi je n’arrive pas à m’ouvrir, et pourquoi je suis si mal à l’aise face aux hommes. Ce qui m’agace et me frustre, c’est d’avoir tous ces sentiments mais d’être incapable de les verbaliser. Je veux arriver à pouvoir évacuer ce que j’ai de refoulé. J’ai honte quand je pleure alors je n’ose pas aborder les sujets qui me font réagir. Je suis consciente qu’en t’écrivant, nous allons en reparler et c’est le but du pourquoi j’ai demandé à pouvoir commencer comme ça, pour l’instant. Je vais y arriver à parler sans barrières et sans retenue!
La raison pourquoi je t’écris, c’est que j’avais tout ça en tête que je voulais discuter avec toi aujourd’hui, mais j’en ai été incapable. J’ai des émotions partagées face à ce que je viens d’écrire. Je ressens de la peine, de la haine, mais aussi un soulagement d’enfin dire ce que j’avais à dire depuis si longtemps.
Bref, en ce moment, je ne me sens pas au top (ni au plus bas alors c’est déjà ça!), mais je vais faire en sorte de remonter et de reprendre sur moi. Ce weekend, j’ai l’intention de faire quelque chose que je n’ai jamais été en mesure de faire (à cause de ma perception de ce que les gens pouvaient penser), mais que j’ai toujours voulu faire (car je le sais maintenant que les gens ne me « voient » pas, ils ont leur vie et ne se préoccupent pas de ma présence) : me rendre seule à l’Île des moulins et m’installer avec un livre sur un banc ou sous un arbre, ou tout simplement marcher ou regarder les gens passer. Ça peut paraître banale comme « défi » mais pour moi, ça me demande beaucoup de courage.
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