chaton-blessée — 12-10-2011 21:49

Bonsoir,
Voilà je m'appelle Ilham j'ai 24 ans, ma grand-mère ma ramenée en France à l'âge de 6 ans donc elle m'a élevée avec son mari j'ai vécu avec eux pendant 4 ans à l'âge de 10 ans elle m'a emmenée au Maroc chez mes parents car elle se doutait de quelque chose entre moi et son mari.
À l'âge de 13 ans elle revient me chercher mais cet fois ci seul car elle a divorcée et c'est à ce moment-la qu'elle veut savoir si son mari m'a touché je lui ai tout avouée en lui disant quand elle partait au travail il venait me chercher à l'école il me disait vient on va jouer il se coucher sur moi mais il me couvrait toujours mon visage, je prenait ma douche avec lui, il me défendais toujours auprès de mamie il était toujours tendre avec moi il n'y a jamais eu de violence il m'a jamais menacé il savait que je n'aller rien dire à mamie ni à personne d'autre. C'était notre secret! Je ne lui ai jamais dis non je savais que c'était pas bien ce qu'on faisait mais je savais pas que c'était interdit.
C'est elle qui m'a pousser à porter plainte je ne voulais pas quand il y avait des confrontations j'étais mal pour lui même si il a tout nié au juge j'arrive pas à lui en vouloir. Finalement il y a eu un non-lieu car il y avait pas assez de preuve et mamie me le reproche toujours en me disant c'est parce-que c'est moi qui voulait tout ça sinon j'aurai parler mais étant petite j'avais plus peur d'elle que de lui!
Aujourd'hui j'ai l'impression que mon cerveau est en désaccord avec mon corps dans ma tête je suis bien comme si il m'est rien arrivée mais dés qu'un homme pose sa main sur moi j'ai une boule au ventre j'ai mal à l'intérieur de moi j'ai envie de pleuré, je ne comprends pas pourquoi ce mal-être je me dis peut-être que c'est mon corps qui n'était pas prêt à ce genre de chose même si je le voulais. Je suis perdue

Christelle Moreau — 12-05-2013 12:32

Bonjour Ilham,

Ce que vous relatez est effectivement malheureusement "l'ordinaire" de l'enfant abusé devenu adulte et ne pouvant s'autoriser. Un enfant de cet âge n'est pas prêt à accueillir et à acquérir une sexualité d'adulte, il est en pleine découverte de son corps et ne peux pas intégrer autre chose que la propre sexualité qu'il est en âge d'envisager.
Vous avez fait l'objet d'attouchements et la douceur et la gentillesse de votre agresseur n'ont fait que vous induire en erreur. Rares sont les attouchements, sous le toit familiale, qui ne se déroulent pas avec la même problématique que vous. C'est à dire avec "tendresse", sous le couvert "affectif" et "respectueux" de la hiérarchie parentale.
Malheureusement, le conflit dans ce cas en d'autant plus important, car  : comment dissocier le pervers, à présent, de la douceur ? Comment savoir si l'on vous aime ou si l'on souhaite vous faire "du mal" ? Comment avez vous le droit et par qui avez vous le droit d'être aimer ? Savez vous reconnaître l'être aimant ? Autant de questions et bien d'autres encore qui lors de ce genre de clivage entre les ressentis et les désirs prennent pouvoir et empêchent de lâcher prise et de vivre en accord avec ses envies.
Vous n'avez pas à culpabiliser d'avoir apprécié ses caresses et sa douceur, ce n'est pas de votre faute, tout enfant à besoin et est en demande de plaisir et même si celui ci était interdit on vous a fait croire que cela était acceptable.

Le fait d'avoir conservé votre "secret" n'est pas non plus une erreur désirée, mais démontre la pression de votre relation, si douce soit elle, sous influence. Et, à l'écart de lui, vous vous êtes autorisée à tout dire, sous une autre pression que la sienne...
Vous n'avez pas à vous en vouloir de ne pas avoir réussi à parler. Comment peut on savoir lorsque l'on est enfant que ce que l'on offre d'amour, ce que l'on nous fait découvrir comme sensation, est interdit ?
Votre clivage est d'autant plus important qu'aujourd'hui, votre famille dénonce votre non-dit comme étant une faute consentie. Votre grand-mère est probablement très culpabilisée de ne pas s'être autorisée à écouter ses doutes plus tôt.
Elle peut aussi s'en vouloir de vous avoir offert un hôte de son choix si malsain et si pervers.
J'ai le sentiment qu'elle vous livre sa culpabilité sous la forme de la colère, car elle ne peut envisager avoir aimé cet homme sans s'être aperçue... Là aussi ce n'est en aucun cas de votre faute.

Le corps se rappelle en effet ce que l'esprit souhaite occulter. C'est la raison pour laquelle je vous invite à ne plus taire davantage vos clivages et vos désirs en vous autorisant à rencontrer un bon psychanalyste qui vous permettra de comprendre que votre bourreau, qui n'en avait pas l'air, en était bien un, que ce n'est effectivement pas comme cela que l'on aime un enfant, mais que vous ne pouvez penser que tous les hommes puissent vous envisager comme tel, d'autant qu'aujourd'hui vous êtes une femme et non plus une enfant. Que le désir que vous avez éprouvé en étant toute petite et que vous ne contrôliez pas, vous est offert aujourd'hui et qu'il n'est pas interdit, que vous en avez le droit et que vous avez le droit d'être aimé et d'aimer comme bon vous semble.

Il est important que vous autorisiez cette petite fille abusée, meurtrie, à grandir en vous, afin que votre corps soit enfin en accord avec votre "je", et j'ai envie de dire, avant que vous vous autorisiez à devenir à votre tour maman.
C'est en consultant sur un divan que vous parviendrez à "naître" plus "que" votre "je". A être vous tout simplement.
Bonne suite à vous Ilham, prenez soin de vous.