lapetitecapucine — 01-08-2011 14:07 |
Bonjour,
Cela fait environ un an et demi que ma vie a pris un tournant désastreux.
Après une rupture douloureuse, j'ai perdu mon travail et je suis actuellement employée en interim pour des petites missions, sans espoir de toucher le chomage puisque j'ai démissionné de mon poste (j'ai subi du harcèlement moral).
Je suis suivie par un psy depuis 2 ans. Il est présentement en congés pour deux mois ....
Je recommence à aller TRES MAL. je ne suis pas d'un naturel très positif, mais l'absence de perspectives professionnelles m'angoisse d'autant plus. je sors du boulot à 16h et rentre m'enfermer chez mon ami où je m'enterre dans mon mutisme.
Je voudrais profiter de l'extérieur, faire des activités, mais je suis terrassée et je m'aperçois que je n'ai absolument aucune envie de rien. Au final à part le travail, je ne fais rien. Je ne vois personne à part mon copain. Je ne supporte plus rien ni personne de toute façon. Tout me pèse, m'ennuie, ou m'irrite. Je me sens laide, je me néglige, enfin bref, tous les signes de ce qu'on pourrait nommer "dépression".
je vais avoir 30 ans et voilà ma vie ...
Que faire pour aller mieux ? pour vivre enfin ????
Merci
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georgesN — 01-08-2011 18:19 |
patienter jusqu'au retour du psy et tenter alors de résoudre ce deuil gelé -votre rupture. Qui est probablement un écho, un remake d'un abandon plus ancien, non ?
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lapetitecapucine — 02-08-2011 08:48 |
Merci à vous pour vos bons mots. Je vais patienter jusqu'à début septembre, et ne pas essayer d'aller "plus vite que la musique".
Ce deuil gelé remonte à bientôt deux ans, il s'agissait d'une relation qui a duré 4 ans et demi et qui m'a meurtrie, encore à ce jour. Je n'arrive pas à tourner la page et je culpabilise, je suis constamment tournée vers le passé, nostalgique; j'ai même fais une tentative de suicide tellement la douleur était intolérable. Je suis consciente que ce n'est pas "l'homme" qui me manque, mais un fonctionnement qui a cessé .....
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georgesN — 02-08-2011 08:53 |
:-) vous ne répondez pas à ma dernière ligne qui est une ouverture vers faire du sens à cette impossibilité d'accepter une séparation, un abandon. "un fonctionnement qui a cessé" : non: qui se répète; possiblement!
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georgesN — 02-08-2011 08:54 |
ps: c'est la relation qui vous a meurtrie? ou la rupture ?
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lapetitecapucine — 02-08-2011 09:06 |
Bonjour,
Votre question est très pertinente. Je pense tout à fait qu'il s'agit d'un "remake" d'un abandon plus ancien.
Vous savez, j'ai beaucoup réfléchi hier soir à cette hypothèse. Des abandons j'en ai vécu plusieurs. Cette rupture cependant, ferait-elle écho à une rupture d'ordre familial (départ de ma mère ou rupture vis à vis de mon père ?) ou à une séparation d'ordre amoureux ? ....
Toujours est-il que systématiquement, j'ai toujours très mal vécu les ruptures. J'en fais même une sorte de phobie, ce qui m'a amenée à accepter parfois l'inacceptable en couple.
Oui ce fonctionnement se répète, car je n'ai rien résolu ....
Ce qui m'a meurtrie ? Je confirme que c'est bien la rupture ... J'en suis à ressasser que j'aurais tellement aimé avec "une seconde chance". Mais je me rappelle que lorsque j'étais en couple avec lui, je ressassais d'autres ruptures; j'ai toujours été tournée vers le passé, j'ai toujours cherché à le réparer à travers mes nouvelles histoires (= échec assuré).
Aujourd'hui je suis de nouveau avec un homme, la relation est insatisfaisante et il a déjà cherché à me quitter, je l'ai vécu comme une mort cérébrale. On s'est remis ensemble, mais je vois bien que je "m'oublie" pour lui, par peur vicérale qu'il me quitte encore. J'en viens à avoir peur de le froisser en permanence.
Ma toute première relation amoureuse (j'avais 20 ans) a duré 4 ans avec un homme plus âgé, qui ne m'aimait pas et se plaisait à me rabaisser. J'étais totalement dépendante de lui, et si la relation a duré 4 ans c'est parce que je refusais toute séparation. Jusqu'au jour où c'est arrivé mais mon coeur était déjà ailleurs.
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lapetitecapucine — 02-08-2011 09:31 |
PS : C'est "drôle" que vous soulignez ma phrase " : c'est la relation qui vous a meurtrie? ou la rupture ?
Je pensais à la rupture comme point de souffrance, mais j'ai plutôt parlé de la relation ...
Quant à ma relation actuelle, je préfère ne pas y penser, mais je suis liée. Ma dépression doit être une conséquence.
J'ai préféré me convaincre que je suis heureuse dans cette relation, pour ne pas avoir à faire le choix de partir, de me séparer. Mais je suis chroniquement mal, encore ce matin, je trouve qu'il me néglige totalement.
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georgesN — 02-08-2011 10:17 |
"je trouve qu'il me néglige totalement." il y aurait tellement à dire sur ce bout de phrase... (et ce serait à vous de dire!) Mais nous ne sommes pas en séance !.... (Et je vais être peu présent aujourd'hui.) Continuez à réfléchir ! :-)
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lapetitecapucine — 02-08-2011 10:26 |
Merci pour votre réponse.
Il me néglige totalement. Oui. Ou alors, suis-je trop en attente de ce que moi-même je n'arrive pas à me donner ? Cependant il existe des hommes attentifs et prévenants. Ce n'est pas son cas ....
J'attends peut-être les "mauvaises choses". Mais pour sûr, des attentions de sa part me rendraient heureuse, confiante et valorisée un tant soit peu.
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georgesN — 02-08-2011 10:38 |
et de qui une fille attend-elle le plus "les bonnes choses"? Quel est l'homme dont le regard, s'il a manqué, va perpétuer ce manque ?
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lapetitecapucine — 02-08-2011 10:49 |
Vous avez raison, cet homme c'est un "père" non ?
Le souci c'est que ma thérapie révèle plutôt qu'à travers mes relations avec des hommes, je cherche ma mère.
Oui, j'ai été surprise moi aussi, mais mon psychiatre est formel. Ma mère était une femme très froide et non maternelle. Mon père est au contraire très "couvrant" (trop à mon sens). Il m'a toujours choyée, sur-couvée.
Ceci dit .... il m'a beaucoup rabaissée aussi .... à l'adolescence il m'a beaucoup diminuée, dénigrée, insultée parfois.
???
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lapetitecapucine — 02-08-2011 11:02 |
Je complète mon précédent message ...
Il peut paraitre paradoxal de chercher un père dans mes relations, car ce dernier a toujours été omniprésent, étouffant même. Petite, il était adorable avec moi, très protecteur.
Ma mère nous a quittés quand j'avais 12 ans, pour vivre sa vie, et je me suis retrouvée seule avec mon père, en vase clos.
Il a beaucoup changé à ce moment là. Il est devenir tyrannique avec moi, il refusait que je vois ma mère. Plus j'avançais en âge, plus il me dénigrait, en étant vindicatif, mais aussi en ne respectant pas mon intimité, en s'immiscant dans mes affaires personnelles et il n'a jamais manqué de remettre en doute mes capacités personnelles (autonomie, propreté etc). Pour lui je suis "sale", "imbécile", il m'avait même taxée de "pute".
c'est peut-être là que tout s'explique. Si j'ai accroché à l'analyse de mon psy, c'est parce qu'il est vrai que ma mère n'a jamais été affectueuse avec moi; aujourd'hui elle ne me parle même plus. J'ai toujours été soit une copine soit inexistante pour elle.
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lapetitecapucine — 02-08-2011 15:27 |
Il est vrai que c'est assez tendu avec mon père depuis quelques temps.
Ma rupture amoureuse n'a pas aidé à me rendre sereine. Et comme mon père tend à me rabaisser à la moindre occasion en m'infantilisant, ou doutant de mes capacités, j'ai tendance à présent, à être agressive avec lui.
Il noirçit tout en permanence. L'autre jour, il m'a même reproché d'être responsable d'un problème mécanique sur ma propre voiture (ce n'est déjà pas drôle pour moi mais il en rajoute une couche). Il m'a aussi accusée de mentir alors que ce n'était pas le cas. Il se rend sur mon lieu de travail pour m'espionner.
Ce ne sont que des bribes d'exemples. Il y a quelques semaines, un épisode grave est arrivé. J'étais chez lui et je lui ai demandé de me soigner une infection que j'avais dans l'oreille. Quand il a regardé mon oreille, il a poussé un hurlement (alors que son état n'était pas dramatique, faut pas non plus exagérer) et il m'a asséné un violent coup de point dans le thorax. Je suis partie dans ma chambre mais il m'a suivie et la tension est montée, on s'est carrément frappés, comme deux fous, j'étais hors de moi et je crois que j'aurais pu le tuer je vous l'assure. Et là mes mots sont sortis : je lui ai dis que par sa faute, je suis condamnée à aller voir un psy, que ma vie est ratée, que je n'ai pas confiance en moi, etc etc ......
Après cela je suis partie chez moi dans un état de fureur exceptionnel. Je saignais abondamment au genou. Plusieurs jours sont passés durant lesquels la rupture a été totale avec mon père. J'étais très mal, je culpabilisais de l'avoir frappé, et insulté, mais j'avais répondu à ses provocations finalement.
Il a fini par se re-manifester quelques jours plus tard, comme si de rien n'était. Nous n'avons jamais réévoqué cette histoire. Cependant, son attitude n'a en rien changé. Il est omniprésent, il se mêle de tout, a son avis sur tout me concernant, quand il n'hésite pas à sous-entendre qu'aucun employeur ne veut de moi -je suis en recherche d'emploi-.
C'est arrivé à un stade où je peine à le rencontrer. Sa présence m'insupporte et je finis par devenir dure dans mes propos. Mais il fait tout pour que je puisse avoir besoin de lui, en multipliant les petits services pour moi (emmener ma voiture au garage, m'acheter à manger etc ...).
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georgesN — 02-08-2011 17:26 |
petite capucine, si votre psy connaissait cet échange il en serait mécontent et il aurait -un peu- raison; en effet nous faisons qq chose qui n'est pas de la psychothérapie et il verrait mes interventions comme un chien dans un jeu de quilles. Je ne dis pas que c'est inutile mais ça risque de perturber votre travail même si ce n'est pas inutile de "croiser" les interprétations. Ça peut vous faire rebondir utilement. Votre problématique est bel et bien une question de triangulation œdipienne "tordue". Je dois me retenir de surinterpréter bien que votre "cas" me paraisse tout à fait intéressant. Un seul petit point (petit mais capital !): votre père devrait lire Peau d’Âne !!!
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lapetitecapucine — 02-08-2011 17:46 |
Re-bonjour et merci encore pour votre aide,
Mon psy mécontent, sans doute, mais quelque part, ces deux mois et demi de "suspens" imposés ont chaque fois sur moi l'effet d'une bombe nucléaire à retardement. L'année dernière déjà, j'étais allée voir un autre psy, qui a eu le même discours que vous, et souhaitait que je sois ferme dans mon choix, à savoir ne pas cotoyer deux psys (et je comprends parfaitement).
De plus, mon psy a eu connaissance de tous ces éléments sur mon père, sans jamais me pousser à l'analyse quant à lui Il a focalisé sur ma mère, mais n'a jamais soulevé quoi que ce soit sur mon père, mis à part qu'il n'aime pas "la femme", et qu'il est dépendant affectif de moi.
Sachez que vos interventions me sont d'une grande aide et préparent justement, à orienter mon analyse, au lieu de perdre du temps à envisager des conjectures désastreuses. Car à force de cette thérapie, j'en suis venue à haïr ma mère, au profit de mon père qui me pourrit la vie. Et finalement le problème n'est pas résolu.
Ce que je comprends, c'est que j'ai été élevée et maltraitée (psychologiquement) par un pervers narcissique. J'ai fais bcp de recherches ce jour et tout se recoupe concernant le profil paternel. Pour autant, je n'arrive pas à le détester, car il a su pendant des années, susciter ma pitié, en faisant notamment du chantage au suicide, ou se faisant passer pour victime. Au final à presque trente ans je suis totalement destructurée, et encore, je mesure mes propos ici sur le forum par souci d'anonymat, pudeur et honte.
Je reviens sur votre post ... excusez-moi mais je ne comprends pas cette expression : " triangulation œdipienne "tordue".Tout cela est tellement confus pour moi ... Je pense que mon père a opéré un transfert de ma mère vers moi lorsqu'elle est partie. Je sais qu'elle a vécu un enfer avec lui, lui qui maitrisait tout de sa vie, qui gérait tous ses comptes bancaires comme avec moi, qui l'infantilisait, elle a été très malheureuse. Mais je lui en veux de m'avoir abandonnée, sachant qu'en plus elle me laissait avec l'homme qui la détruite pendant 18 ans.
Merci pour votre dernière remarque, je vais me renseigner sur Peau d'âne. J'ai beaucoup lu dans ma vie, mais j'aurais peut être du m'intéresser à ce dernier plus tôt ....
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georgesN — 03-08-2011 08:28 |
c'est très drôle parce que vous me demandez d'expliciter l'expression "triangulation..." et vous en donnez une illustration parfaite dans les 5 lignes qui suivent !!! Le triangle est simplement, dans l'hypothèse de l’œdipe: la mère, le père et l'enfant; triangle où chacun est censé jouer son rôle et qui, dans votre histoire, joue un rôle inadéquat: la mère, supposée donner chaleur et présence fout le camp, tandis que le père supposer dire la Loi, la transgresse gravement en emprisonnant sa fille dans une emprise incestuelle. Ce qui explique ce sentiment d'être "totalement déstructurée".
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lapetitecapucine — 03-08-2011 08:45 |
Bonjour,
Sachez qu'en l'espace de quelques échanges vous m'avez formidablement permis d'avancer dans mon analyse. Peut-être que dans un premier temps, je refusais de voir la Réalité des choses, à savoir cette relation malsaine et Incestueuse avec mon père.
je suppose que c'est pour cette raison que mon père me rebute quelque part ? Je ne supporte pas son regard, sur moi, je ne supporte pas qu'il m'effleure, je ne supporte pas ses questions, je dis souvent qu'il me harcèle à trop m'appeler ou me "surveiller". Souvent, je lui dis : "Arrête de me regarder comme ça.". Je ressens un profond malaise en sa présence.
Vous parlez de Loi. Dire que mon père a toujours redouté tout ce qui a trait à la Justice et à l'Autorité. De plus, il a l'air de se défendre quant au fait qu'il aurait pu avoir un comportement inadéquat avec sa propre fille. Il se justifie en permanence en disant que j'ai eu un père "normal", mais une mère non présente.
Maintenant, je vous avoue avoir du mal à établir un lien entre ma recherche frénétique d'amour et d'affection/attentions (auprès des hommes) ET la relation incestueuse avec mon père qui, si j'en crois, devrait au contraire m'amener à fuir l'Homme non ? Un père peut-il être incestueux et pour autant, dénigrer sa fille, la rabaisser ? (il semble que oui).
Je constate en tous les cas, que j'ai une colère sourde en moi, et parfois mon ami "paye les pots cassés" de mon mal-être, c'est comme si je lui en voulais (peut-être fais-je un transfert ?).
Pour revenir sur vos mots, en effet chacun dans ce trio, n'a pas tenu le rôle qui lui incombait, que ce soit ma mère ou mon père. Ma mère a vécu plus de 18 ans de tyrannie sous le joug de mon père, elle pouvait imaginer qu'il reproduirait ce schéma avec moi ? .....
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georgesN — 03-08-2011 09:07 |
Bonjour! votre réaction est tout à fait riche. Plus que riche: c'est une véritable nébuleuse, une constellation de réflexions sur vous-même, votre passé, votre structure familiale et vos potentialités. Je suis heureux que vous sentiez tout ce que ça vous donne à penser. Il y a deux ennuis: 1/ l'espèce d'impudeur qu'il y a à déballer tout ceci sur un forum et 2/ ceci implique que dans une certaine mesure je me sens "responsable de vous"; je veux dire par là qu'il me faudrait, déontologiquement, que je reprenne point par point chacune de vos réflexions pour les creuser ou vous éviter une mésinterprétation ! So...!
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lapetitecapucine — 03-08-2011 09:15 |
Vous avez déjà fait énormément. A la lumière de vos mots, j'ai effectué des recherches, je comprends mieux à présent, toutes les conséquences ressenties que je ne comprenais pas chez moi (phobie de l'engagement, peur de l'intimité et autres dysfonctionnements).
Pour ce qui est de l'impudeur, vous avez raison, c'est ennuyeux. Je trouve que la situation est bien malsaine pour figurer sur un forum. Je n'en ressentais pas les limites, mais vous m'avez comme "recadrée" et je m'accorde avec votre remarque.
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lapetitecapucine — 03-08-2011 11:22 |
Vous avez eu raison d'employer l'adjectif "incestuelle" et non "incestueuse". Il apparait bien que c'était en effet, une emprise incestuelle, donc non marquée par des rapports physiques.
J'ai souvent fait preuve de "rage" et de colère sourde dans mes relations avec les hommes, mais aussi avec mon père, notamment dans le conflit qui nous a poussés à nous battre dernièrement. Je crois que j'aurais pu le tuer.
Aujourd'hui je suis en colère. Durant toute ma vie je l'ai ménagé (en plus, ma mère l'avait quitté, le pauvre ....) au détriment de ma propre construction. Le problème c'est qu'à la seule idée de "m'envoler", j'ai peur, car j'ai la croyance ferme que sans lui, je suis perdue et vouée à l'échec, la pauvreté, les soucis de santé etc ....
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georgesN — 03-08-2011 11:34 |
le choix des mots est capital !... Vous avez de bonnes lectures. Aristote définit la colère comme un besoin pénible de "se venger": à méditer. La meilleure façon ne serait-elle pas de le maintenir à distance ? Vous le puniriez de ne plus avoir d’emprise sur sa chose Maintenir à distance: c'est la seule et unique adoptable vis à vis d'un pervers: changer de trottoir; aucune autre solution; Et du coup ne serait-ce pas la stratégie adoptée par votre mère ? Ne serait-il pas temps, avant même de parler de rapprochement, de commencer à faire tabula rasa de vos idées sur votre mère ? Peut-être est-elle partie en vous laissant, simplement parce qu'elle comprenait l'impossibilité où elle était de vous détacher -décoller- du père capable d'une telle emprise ? C'était peine perdue!
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lapetitecapucine — 03-08-2011 12:23 |
J'essaye de vraiment vous retranscrire ici mon vécu profond. C'est d'autant plus aisé qu'à présent il me semble que nous avons cerné le problème. Jusqu'alors, je perçevais les conséquences (peur de l'engagement, de l'intimité, relations affectives difficiles, angoisses, rejet des émotions etc ....) sans pour autant comprendre pourquoi j'agissais ou réagissais ainsi. C'est un infini soulagement, même si l'objet de la réponse m'effraie terriblement.
Concernant ma colère, et mes rapports avec les hommes, j'avais effectivement perçu chez moi cette tendance à "péter les plombs" dans certains cas, état limite de violence sinon physique, au moins verbale. Quelque chose de "malgré moi", non maitrisable. J'en souffre, surtout après coup. Mais n'est-ce pas comme vous le dites, un moyen pour moi de me venger ? est-ce à dire que je mets tous ces hommes "dans le même panier" que celui de mon père ? Pourtant, je n'ai jamais aimé les hommes trop bons, trop gentils, trop "faciles". J'ai au contraire, choisi des hommes méchants, peu démonstratifs, ou pas disponibles.
Toujours est-il que je suis manifestement en colère, mais en colère contre tout. C'est un état quasi permanent que je dissimule derrière une apparente douceur, limpidité, mais tout bouillonne à l'intérieur. Les rapports que j'ai avec mon père sont purement teintés d'agressivité de ma part, et même s'il me rend service (s'occuper de ma voiture ou faire mes courses) je ne le remercie pas, c'est trop déchirant pour moi que de dire merci.
Il y a encore peu, et face aux difficultés financières qui me menacent, j'avais pensé retourner vivre chez mon père (il n'a évidemment pas refait sa vie). Quelle erreur !!!! retourner dans l'antre du malheur. Mais plus encore, comme vous le dites, il me faudrait changer de trottoir. Je sais qu'il n'y a pas vraiment d'alternatives possibles et j'en ressens le besoin à présent (couper les ponts, vivre enfin pour moi). Je n'ai pas encore la méthode pour ce faire. Mais c'est progressif et je vois que sa présence m'insupporte.
Je pense que ma mère est une femme très lucide, qui connait très bien mon père, nous avons beaucoup parlé de lui ensemble, de son attitude. Elle a très certainement mesuré la difficulté, voire l'impossibilité, de faire quoi que ce soit pour rompre la corde qui me maintenait à mon père. Je déplore aujourd'hui son absence réelle, son silence, le fait qu'elle ne m'appelle jamais. Elle me manque c'est certain, et j'aimerais réinstaurer un dialogue, mais je la sens distante et totalement désinvestie de moi.
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georgesN — 03-08-2011 12:36 |
rien que ce texte que vous me (nous!) livrez mériterait plusieurs heures de séances! je crois tout compte fait que vous devriez les imprimer et les travailler avec votre psy. 3 choses:- la colère est le besoin de se venger - il y a tellement de multiples raisons pour que votre mère vous ait désinvestie!... - vous ne vous attachez qu'aux hommes qui ressemblent à votre père;c'est en vertu de l’exception au principe de plaisir, qui a tant interpellé S.Freud à partir de 1920: on cherche à répéter ce qui vous blesse.
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lapetitecapucine — 03-08-2011 14:04 |
Et pourtant, en séance depuis deux ans bientôt, il me semble que j'avais pris une mauvaise direction en focalisant sur la problématique maternelle et non celle avec le père.
D'ailleurs, lorsque mon psy m'a dit que je cherchais ma mère à travers les hommes, je lui ai fais répéter et m'expliquer, il a illustré et confirmé ses propos. De fait, je l'ai pris pour argent comptant. Il est vrai que ma mère était une femme froide et peu maternelle (j'oserais dire, peu aimante) alors je pensais choisir des partenaires m'y faisant penser.
Je reste convaincue cependant, au vu de ce qui ressort de nos échanges, que je souffre bien effectivement des conséquences liées à une relation incestuelle (qui dure encore, je peux vous l'affirmer ...).
J'essayerai donc d'aborder tout cela avec mon psy comme vous le suggérez, mais si je vois qu'il n'adhère pas, ni ne m'aide à travailler ce sujet, il me faudra changer de praticien.
Je reviens sur vos trois points ...
- la colère est le besoin de se venger. Est-ce à dire que le besoin de se venger s'exprime par la colère ? une fois vengée, la colère se dissipe donc ? Mais comment se venger ? (j'imagine en rompant l'entrave incestuelle avec mon père). il est certain que j'ai quand même gâté quelques relations affectives à cause de ma colère, qui s'exprime par la violence et peut faire peur ou déranger réellement.
- ces raisons sont forcément à mes yeux liées au fait que j'ai pu décevoir ma mère d'une façon ou d'une autre, je le vis donc comme un échec et un abandon
- la ressemblance entre ces hommes et mon père est très subtile alors, mais en effet le résultat demeure le même. Paradoxalement, mon père a toujours été très possessif, affectueux avec moi (petite et plus tard) mais je vais avec des hommes qui sont froids et peu tactiles. Mais le dénigrement et le rabaissement sont bien là et constituent un facteur commun.
J'ai encore du mal à comprendre quel plaisir on retire à souffrir ....
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georgesN — 04-08-2011 09:10 |
tout ceci aurait besoin de beaucoup d'éclaircissements, d'affinage et le temps et l'espace me manque... La relation à la mère ne peut être traitée en deux lignes: c'est infiniment plus complexe. Le psychisme relève de ce que les scientifiques nomment "l'hypercomplexe". D'où la nécessité de la temporalité, de la narrativité dans le discours.. Votre histoire s'est nouée en trente ans, malgré votre besoin de réponse et votre "urgence", laissez le temps agir!...
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lapetitecapucine — 04-08-2011 16:00 |
Oui j'ai tendance à vouloir aller trop vite, mais j'ai tellement besoin d'aller mieux .... Ceci dit, depuis nos échanges, j'ai l'impression d'avoir fais un bond en avant. Je dois être plus confiante quant au "temps", auquel vous faites référence.
Ce midi j'ai vu mon père. Maintenant son attitude m'apparait flagrante. Il m'attendait sur le parking de mon entreprise (c'était prévu) mais sa voiture était vide : En réalité, il se baladait au milieu des voitures pour chercher la mienne et s'assurer qu'ainsi, je ne l'ai pas prêtée.
Après il m'a "sentie" comme il le fait depuis longtemps, il s'approche et me "renifle", je n'ai jamais accepté cela mais à présent, je me révolte et aujourd'hui je lui ai dis que son attitude est purement malsaine, ce à quoi il a répondu "mais non, c'est tout à fait normal qu'un père sente sa fille !". Parfois il me disait que je sentais mauvais.
Est-il seulement conscient de tout ça ????? on dirait que oui, que tout est calculé pour faire du mal. Mais pourquoi ? Il alterne donc entre ce comportement et des attitudes gentilles, excessivement gentilles même (me rendre service, me conduire quelque part, etc ...).
J'ai du mal à comprendre son fonctionnement.
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georgesN — 04-08-2011 17:06 |
"tout est calculé pour faire du mal" tout de même, ne sombrez pas dans la paranoïa ! Je doute que ce soit conscient comme comportement; mais c'est peut-être pire parce qu'il vous considère vraiment comme sa propriété et il va être de plus en plus important que le cadriez sévèrement. Il ne s'agit pas d'être méchante mais de lui imposer LA distance. Je vous avais suggéré la lecture de Peau d'âne pour comprendre ce qu'est la tentation de l'inceste, mais pour votre mère, c'est Blanche-Neige que je vous invite à relire. Lisez -surtout le personnage de la marâtre- et essayez de comprendre par vous même.
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lapetitecapucine — 04-08-2011 17:28 |
Vous avez raison, j'ai eu tendance à être trop observatrice et à trop interpréter. Mais il est certain qu'il me considère comme sa priorité.
Et quand il me dit que cela est "normal" je me demande s'il est réellement sérieux, sincère, s'il pense réellement que cela est normal (il avait l'air d'y croire réellement).
Je précise également que sa mère a aussi eu un comportement incestuel avec lui et son frère (qui a fini par se suicider d'ailleurs, mais après que la mère soit décédée, étrange).
Merci beaucoup pour vos références en terme de contes, j'avais lu la Psychanalyse des contes de fées mais j'étais loin encore de tous ces questionnements. Mais ce qui est important c'est d'en faire une lecture et une interprétation personnelles. Je vais de ce pas aller me renseigner sur Blanche-Neige et notamment le rôle de la marâtre, j'ai à ce propos une petite idée ... je ferai un retour ici même après réfléxion.
Merci encore
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georgesN — 04-08-2011 18:15 |
"qu'il me considère comme sa priorité. " lapsus intéressant !!! Bettleheim dit souvent des bêtises (surtout sur l'autisme) mais en gros il a été le premier à chercher un sens psychanalytique au conte. Précisons pour vous gagner du temps: une belle-mère, une marâtre, dans les contes, n'est rien d'autre que la MÈRE: ça permet à l'inconscient, surtout infantile, de pouvoir exprimer la haine ou la destructivité à l'endroit de la mère sans culpabilité.
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lapetitecapucine — 04-08-2011 20:13 |
Bonsoir,
J'ai en effet constaté le lapsus fait sur le mot "propriété" une fois que ma réponse était lancée ... ! L'avantage de ne pouvoir éditer son texte, c'est qu'effectivement les lapsus demeurent inévitablement.
Cependant, je ne suis pas surprise d'avoir employé ce terme. A mon sens toutefois, priorité est beaucoup plus positif que propriété, ne croyez-vous pas ? Cela a presque une connotation de sacrifice, ce que mon père n'a jamais manqué de me faire comprendre d'ailleurs : il sacrifie sa vie personnelle pour moi (et il n'a pas manqué de me culpabiliser à ce propos, comme si j'étais incapable de mener ma vie et que par conséquent, je l'empêchais de réaliser la sienne).
Je consens que mon père me place telle une priorité dans sa vie, c'est du moins ainsi que je l'ai toujours pensé, avant de comprendre que j'étais aussi et surtout SA propriété ...
Pour revenir à ma mère, et au conte de Blanche-Neige, il me semblait bien que cela avait trait à l'affaire de jalousie éprouvée par ma mère à mon encontre.
Je pense que j'ai plus d'avancées concernant ma mère que mon père. Une amie proche m'a dit il y a quelques mois, que ma mère est jalouse de moi. Mais cela ne date pas d'hier. Lorsque j'étais petite, elle était très jalouse de l'attention que pouvait m'accorder mon père. Elle se terrait dans un mutisme effrayant. Elle boudait pendant des jours. Elle était froide, dure, avec moi tout autant qu'avec mon père. Par son comportement, elle a formidablement encouragé le rapprochement entre mon père et moi : lui, délaissé, rejeté, et moi réprimée par réaction.
Maintenant, que penser ? qui a commencé finalement ? est-ce que l'attitude de mon père envers moi est une conséquence de celle de ma mère ? ou l'inverse ? jalousie, provoquée par le comportement de mon père ?
Toujours est-il que ma mère est ce qu'on appelle une femme enfant. Elle n'a jamais supporté vieillir, l'usure du temps. Elle a un peu renié sa maternité également. Je reste convaincue qu'elle aurait préféré avoir un fils. Elle m'envie et envie aux autres femmes la jeunesse et la beauté. Il faut aussi savoir qu'elle a un parcours affectif proche du mien. A présent elle ne m'appelle plus, elle m'a sortie de sa vie, je ne sais pas pourquoi. Mais je pense que tout cela a été très complexe et litigieux dans le triangle que nous formions.
Je pense que j'ai cependant manqué de soulever certains points du conte non ? il me semble que je n'en saisis pas tout le message à dire vrai ....
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lapetitecapucine — 04-08-2011 22:56 |
J'ai une tendance paradoxale, avec mon père (et parfois avec mon ami je l'avoue) à m'infantiliser moi-même, comme pour surenchérir quant au traitement de mon père. Par exemple, a contrario de la colère haineuse, je peux me transformer en présence de mon père en gamine, petite fille, et quelque part au fond, vous ne serez pas surpris de savoir que je le suis restée malgré tout ...
Une part de moi m'empêche de grandir. Il est vrai qu'à 30 ans je n'ai pas réellement la vie de bien des femmes, mères de famille, mariées. Je n'en souffre pas trop encore mais cela viendra sans doute.
Il y a aussi le fait qu'à travers certaines femmes je cherche une maman (je n'emploie pas le mot "mère" volontairement). Je le vois dans ma vie quotidienne. Au travail par exemple, une de mes collègues ressemble à la maman que j'aurais voulu avoir, et elle me traite un peu comme une jeune fille (c'est à dire pas en adulte tout à fait et je n'y vois aucun manque de respect) et j'aime énorément ça. A travers presque toutes les mamans de mes ex amis j'ai recherché celle qui me manquait.
J'aimerais arrêtée cette quête impossible mais quelque part, je m'aime en enfant.
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georgesN — 04-08-2011 23:28 |
vous pouvez continuer à écrire ce qui vous vient
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lapetitecapucine — 04-08-2011 23:42 |
Merci ... je me suis quelque peu retenue, je n'aurais pas du ...
Ce soir mon ami n'est pas là, il est allé voir ses parents (malades) et ne rentrera que demain.
Curieusement, je pensais exulter, et en réalité je n'ai rien fais, je me suis sentie angoissée et mal. J'ai eu des bouffées d'angoisse et des peurs irraisonnées (un bruit, ou quelque chose que j'ai cru anormal). Au travail, j'angoissais déjà à l'idée de me dire qu'il me faudrait combler cette soirée, sans lui.
J'ai été incapable de m'occuper réellement de moi et de profiter de voir du monde, de sortir. Le vide.
J'attends toujours énormément de lui, comme ne serait-ce qu'un appel, un message "gentil". Et fatalement, je suis rarement satisfaite.
La vie vaut-elle d'être vécue si c'est pour se trainer ainsi, misérablement, sans envies, sans foi ? j'en doute fort. La dépression subsiste depuis des années sans améliorations si ce n'est, je l'avoue, l'extinction de l'envie de mourir.
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georgesN — 04-08-2011 23:56 |
ca serait extrêmement fructueux à tout point de vue que vous vous rapprochiez de votre mère. Et plus utile encore qu'elle vous raconte, et raconte encore, si elle le peut, votre conception, votre naissance puis vos premières semaines de vie, etc.
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lapetitecapucine — 05-08-2011 00:03 |
Bonsoir,
Nous avons parlé avec ma mère, de ma naissance. Elle m'a dit que lorsque la sage-femme m'a amenée auprès d'elle, elle a dit à ma mère : "Vous avez une fille !" et ma mère a nié en bloc, elle répétait que non, elle n'avait pas de fille. Voilà mes premiers rapports avec ma mère, une fois sortie de son ventre.
Pour le reste, j'ignore tout. Il faudrait pour cela, arriver à parler, s'entendre, revenir sur un passé qu'elle même peut être, n'a pas envie d'évoquer. Mais j'en aurais comme vous le suggérez, réellement besoin. Je ne sais pas si elle m'a réellement désirée, attendue.
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georgesN — 05-08-2011 00:06 |
c'est une évidence que tous ces éléments vous manquent. Il faut que vous soyez, vous, assez forte pour entreprendre cette démarche, d'abord, puis ensuite lui exprimer votre besoin d'une rencontre. Elle ne vous a sans doute jamais rencontrée. Je doute fort qu'elle vous repousserait.
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georgesN — 05-08-2011 08:13 |
Bonjour, bien dormi ?! Vous qui semblez aimer découvrir, je pense que vous auriez beaucoup à puiser dans l’œuvre de Anne Ancelin Schützenberger. Vous savez que si vous désirer me communiquer des éléments trop privés pour être écrits sur ces posts, vous pouvez me les écrire, éventuellement, par mail privé; Bonne journée !
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lapetitecapucine — 05-08-2011 08:53 |
Bonjour,
merci à vous, j'ai relativement bien dormi mais mes angoisses ont tendance à me faire repousser le moment de dormir ...
Vous avez tout à fait raison, je n'ai probablement jamais rencontré ma mère, encore que nous avons quelques fois parlé de mon père en toute conscience, mais j'ai le sentiment qu'on a survolé voire évité l'essentiel.
Il me faudra un peu de temps mais il sera en effet nécessaire de la voir et de discuter. Je sens néanmoins qu'un peu de temps me sera utile pour être prête à ce dialogue.
Il est vrai que j'ignore énormément de choses relatives à l'histoire de mes parents, l'un comme l'autre. Ils ont toujours été secrets quant à leur enfance/adolescence, j'ignore énormément de choses. J'ai questionné, mais mon père entretient une forme de mystère, et quant à ma mère je n'ai pas osé, par peur peut être de réveiller des choses pénibles.
J'ai vu, constaté des évènements, enfants, qui m'ont interpellée voire "marquée". Toujours sans que je puisse comprendre. Je vous dirais en privé, certains éléments, car je me suis aperçue que mes parents ont vécu des épisodes douloureux similaires (une sorte d'effet "miroir"). Ce qui s'est produit de désastreux et de tragique d'un côté comme de l'autre, m'amène nécessairement à penser qu'il y a eu des liens malsains dans les familles.
Je suis enchantée des références que vous m'avez donné. J'effectue déjà des recherches sur la psychogénéalogie et j'irai ce midi, voir si je peux me procurer un ouvrage de Mme Schützenberger car c'est tout à fait utile pour moi. Je reste profondément confiante quant au fait que je peux comprendre, et me trouver enfin, à la lumière de ces outils.
Bonne journée à vous !
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georgesN — 05-08-2011 08:55 |
Votre bonne volonté, votre excitation, votre désir de progresser font plaisir à voir ! Courage, vous avancez !
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lapetitecapucine — 05-08-2011 12:05 |
Merci à vous !
Je suis portée par un élan d'enthousiasme qui me fait beaucoup de bien.
J'ai l'impression qu'un poids s'est retiré quelque part, bien que le travail soit encore long à effectuer.
En faisant des recherches sur internet, j'ai retrouvé un arbre généalogique formidable du côté de mon père ! maintenant, une porte s'ouvre ....
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