Gustavie — 06-04-2011 20:19 |
Bonjour,
Quelques visites ici et des réponses intéressantes à mes message m'ont conduit à vouloir pousser la porte d'un psy. J'ai senti qu'il était temps, j'en ai enfin compris l'utilité, et la perspective d'un travail de ce genre m'a parue à vrai dire passionnante. En ce sens, ce forum a rempli son office! Je remercie les psy qui m'avaient répondu.
Mais. Me revoilà ici...
En séance face à ma psy - très bien, on me l'a recommandée-, je ne parviens pas à parler. Je ne trouve rien à dire, ou pour être exacte, je ne trouve rien d'intéressant à dire. Je sais que ce temps m'appartient, qu'il faut que je fournisse le "combustible" du travai, soit, mes mots, mais rien ne sort. Pour meubler, je noie le poisson. Je parle de choses accessoires, en fixant un coin du mur - j'ai du mal à la regarder dans les yeux aussi- . Parfois ma psy me garde une heure en séance - il me semble que c'est beaucoup- et me dit à ce sujet qu'elle évalue le temps de la séance à l'importance de ce qui s'y produit ou dit...Mais je ne le ressens pas ainsi, je pense "elle perd son temps" ( idiot: c'est moi qui le perd), je me dis qu'elle doit s'ennuyer ( je me soucie du bien-être de ma psy! oui! )
Il se trouve que la salle d'attente est mal isolée phoniquement et que j'entends ce qui se dit lors de la séance précédente. Et ca n'arrange rien, parce ce que j'entends me fait penser qu'il y a vraiment des gens qui consultent pour pas grand chose, des jérémiades, qui ennuient la psy ...Et quand j'arrive après, je suis encore plus bloquée...
La seule fois où j'ai dit des choses suffisamment importantes pour que je sois un minimum émue, la doctoresse l'a été plus que moi. Elle a dit que ce que je racontais était difficile, son visage exprimait de la consternation horrifiée, et sa voix a un peu tremblé. Et je me suis braquée, comme à l'ordinaire. J'ai dit quelque chose comme : "Pas tant que ça, il ne faut pas exagérer. On fait avec. Peut-être que j'exagère". Je n'exagérais pas. J'édulcorais. Sa réaction, humaine, m'a braquée.
J'avoue ne pas comprendre. Ce qu'on va chercher dans un cabinet, n'est ce pas précisément cette forme d'écoute compréhensive?
J'ai le sentiment que plus sa réaction est humaine, plus son écoute est compréhensive, et plus elle s'oppose à celles qu'ont eues mes parents vis à vis de moi. Et là, mon passé m'apparaît encore plus dur que ce que je pensais. Je crois que ça je ne le supporte pas. Je reviens plus "lourde" des séances. Serait-ce du déni?
Ma psy pense qu'il faut que je la vois au moins 2 fois par semaine. Elle y tient, m'appelle quand elle a un empêchement pour aussitôt trouver une solution. Elle me semble très impliquée dans mon travail. Mais j'ai le sentiment qu'elle l'est sans moi...
Qu'en pensez-vous? Peut-être suis-je en train de redécouvrir la roue, que tout cela est naturel, me direz-vous...
Bien à vous, Gustavie
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Thérapeute — 08-04-2011 17:25 |
a écrit:J'ai le sentiment que plus sa réaction est humaine, plus son écoute est compréhensive, et plus elle s'oppose à celles qu'ont eues mes parents vis à vis de moi. Et là, mon passé m'apparaît encore plus dur que ce que je pensais. Je crois que ça je ne le supporte pas. Je reviens plus "lourde" des séances.
le lui avez vous dit??
a écrit:Serait-ce du déni?
ou une forme de transfert?
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Gustavie — 10-04-2011 11:43 |
Merci pour votre réponse.
Je ne me sens pas capable de le lui dire. C'est étrange, mais cela me couterait trop, je crois. Elle comprend, je le vois bien. Lors de notre dernière séance, je me suis arrêtée de parler au milieu d'une phrase. Elle m'a demandé pourquoi, et je n'ai su que répondre que "m'entendre parler de moi me dégoûtait, que l'on gagnait plus à se taire. Que les gens se plaignaient trop". Le discours de mes parents, dont j'ai souffert pourtant...
Bref, elle a fait une entorse à son silence habituelle, voyant que je ne parlerais plus guère. Elle m'a parlé de protection, de remparts, de "forteresse vide". Cela m'a interpellée: c'est un expression employée pour désigner l'autisme infantile...J'ai eu du mal à saisir. Il n'a jamais été question d'autisme dans mon cas...
Transfert? Ce qui est sûr, c'est que quand je parle seule ainsi, sans pouvoir la regarder, j'ai l'impression de reproduire ces pathétique tentatives d'expression de moi ou d'explication face à mes parents, qui se soldaient toujours par la même chose: le " C'est indigne de se plaindre" de mon père, les détournements de tête, voire les changements de pièce de ma mère.
Pourtant, je ne vis plus chez eux depuis mes dix-huit ans. C'est comme si je n'avais pas grandi.
Je vais tenter de parler plus à ma psy, je sens qu'il faut que j'en passe par là. Mais j'ai peur de pleurer en séance, et de me dire, une fois encore "Tu n'es qu'une pleureuse".
Merci de me lire quoi qu'il en soit. C'est tellement plus facile ainsi.
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Thérapeute — 10-04-2011 13:04 |
a écrit:que l'on gagnait plus à se taire
qui est le "on"?
a écrit:Mais j'ai peur de pleurer en séance,
et alors? cela fait parti des séances, avec l'avantage énorme de n'y être ni jugé ni moqué.. personne ne sortira de la pièce, ni ne sortira une phrase toute faite.. et comme tout praticien qui se respecte ,elle saura fournir la boite de mouchoir en papier.. ;)
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Gustavie — 10-04-2011 21:42 |
Le "on"...Tiens, oui. Je retrouve là les généralités impersonnelles que j'ai tant entendue chez moi..."On" se plaint trop, "les gens" devraient...etc. Je parle comme eux.
Pour le paquet de mouchoirs, il est là, je l'ai bien vu, sur l'angle du bureau de la psy! Mais je ne pleure presque jamais, et à chaque fois que ça m'arrive, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une maladie. Je sais que la psy ne me jugera pas...Moi en revanche, je le ferai!
Merci de vos réponses!
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Thérapeute — 14-04-2011 14:50 |
a écrit:Moi en revanche, je le ferai!
dans quel intéret? faire comme"on"?
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Gustavie — 14-04-2011 20:01 |
J'ai , c'est vrai, cette si grande sévérité vis-à-vis de moi-même...Pleurer me donne envie de me gifler - je le fais, d'ailleurs. J'ai honte de le dire, mais je me suis cassée le nez toute seule il y a quelques mois, parce que je me sentais craquer, faible, que je n'avançais pas assez dans mon travail...Je me suis donc auto-frappée, une véritable hystérique, pour me faire cesser - de quoi? d'être "faible"? - ...Du Grand-Guignol quand j'y pense, avec pour tout résultat une légère bosse sur le nez qui ne partira plus et qui me rappelle ma stupidité chaque matin devant ma glace. Il y a tellement de violence larvée chez moi. Cela rejoint d'ailleurs un autre de mes sujets ici...
J'ai travaillé un été avec des enfants à problèmes, et l'un d'entre eux, battu chez lui, se frappait ainsi souvent le visage, à la moindre remontrance ou contrariété. Il répétait en boucle, "Je sais, je suis nul, je sais". Je trouvais cela insupportable, j'aurais fait n'importe quoi pour qu'il arrête, je le prenais même parfois dans mes bras pour le calmer, moi d'ordinaire si froide...Et pourtant, quand il s'agit de moi-même, je n'ai aucune pitié.
Vous avez raison, ce mode de fonctionnement est si improductif, je le sais bien...Mais comme je n'arrive pas à m'ouvrir à ma psy...Peur que les grandes vannes lâchent, et de ne plus pouvoir mettre un pied devant l'autre.
Merci de votre écoute - ou plutôt, de revenir me lire de temps en temps!
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