viebrisée — 10-03-2011 01:05 |
bonjour,
jusqu'à mes 9 ans, mon père a abusé de moi. je n'arrive pas à me souvenir quand ça a commencé, pour moi ça a toujours existé, aussi loin que je m'en souvienne. je ne sais pas si on peut parler de viol, il y a eu pénétration mais je ne me suis pas défendue, au fur et à mesure j'ai appris à faire semblant de dormir pour qu'il soit le seul acteur de ses désirs. à force, ça devenait une habitude, j'oubliais ce qu'il faisait, je n'y faisais plus attention, même si j'en souffrais à chaque fois autant. je ne me souviens pas qu'une seule fois il ait été un père pour moi. à chaque fois, on allait faire les magasins et il m'achetait des cadeaux par dizaines, pour acheter mon silence. mais je ne l'ai compris qu'il y a très peu de temps. je me suis laissée faire pendant des années, et un jour ma mère a quitté mon père et a décidé de partir s'installer dans le nord, ne supportant plus la chaleur du sud. c'est une fois là bas que j'ai commencé à parler. ma mère m'a écouté et elle a porté plainte, j'ai été entendue par les gendarmes et mon père a été mis en garde à vue, mais il a tout nié. tandis que l’enquête était en cours, je suis allée en vacances chez des amis, avec qui ma mère était proche. L'un d'eux, de 9 ans mon aîné, pendant les premiers jours, a été extrêmement gentil avec moi. il me prêtait sa game boy alors que ses frères n'avaient pas le droit d'y toucher, il faisait tout pour que je sois contente. et une nuit, alors que je dormais dans la chambre d'amis, il est venu me rejoindre et tandis que je dormais il a commencé à me caresser, à me déshabiller, à me lécher le corps jusqu'à me violer. je m'étais réveillée, et j'ai fait comme j'avais fait avec mon père, j'ai fais semblant de dormir. même si je savais qu'il n'avait pas le droit de faire ça, je n'arrivais pas à réagir. je me laissais faire comme à chaque fois. prise de peur, j'ai attendu d’être sure qu'il était retourné dans son lit et je me suis levée, j'ai fini ma nuit dans les toilettes. j'avais honte et je me sentais sale, je n'arrivais pas à me débarrasser de cette impression de saleté que je ressentais sur tout mon corps. prendre une douche aurait fait trop de bruit, je suis donc restée pleurer dans les toilettes jusqu'à ce que le jour se lève. lorsque quelqu'un s'est levé, je suis descendue, comme si de rien n'était. lorsque le garçon s'est à son tour levé, il a fait comme si de rien n'était, il rigolait comme à son habitude. et moi, je suis restée silencieuse toute la journée, jusqu'à ce que je rentre chez moi le soir. le lendemain, j'avais rendez-vous chez le médecin légiste dans le cadre de l’enquête concernant mon père. lorsqu'il a voulu m'examiner, je me suis mise à pleurer d'une manière incontrôlée. je ne l'ai pas laissé me toucher, il n'a donc pas pu m'examiner, juste dire aux policiers qui m'accompagnaient ma réaction. le procès a donc mené à un blanchissement. je n'ai pas osé parler tout de suite à ma mère de ce viol, mais lorsque j'en ai parlé toute ma famille a dit que j’étais sortie avec lui, et que nous avions juste joué, que c'était autant ma faute que la sienne, ce qui est totalement faux, j'avais 9 ans et il en avait 17 ... j'ai refusé de porter plainte pour ne pas recommencer l'horreur du procès contre mon père. j'en arrive à ne plus supporter ma petite sœur, je la vois s'épanouir, vivre une enfance heureuse, je suis jalouse de son bonheur et du coup je fais tout pour qu'elle soit malheureuse. Je ne supporte pas mon corps, et rien que le fait de voir des gens s'embrasser me donne envie de vomir. Je cherche à me libérer de tout ça, mais jusqu'à présent, malgré les psy je n'ai pas réussi à m'en libérer. excusez la longueur du message, mais on ne peut pas faire tenir en quelques lignes la moitié d'une vie.
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georgesN — 10-03-2011 09:48 |
Juste qq précisions: quel est votre âge et en quelle année a eu lieu le procès: nous sommes d'accord: il y a bien eu procès? votre père a comparu aux Assises? Ou bien s'est-il agi d'un non-lieu ? Vos traumatismes sont multiples: 1/deux viols 2/un inceste prolongé 3/un déni de justice 4/un sentiment d'abandon de vos proches 5/le sentiment d'être jugée et d'être jugée comme fautive d'avoir provoqué le désir d'un ado Quoi qu'il en soit, il ne faut pas abandonner l'idée d'une thérapie ou d'une analyse. Votre "réparation" sera longue, c'est donc un bon motif pour ne pas repousser ce travail.
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viebrisée — 10-03-2011 09:55 |
j'ai 18 ans, le procès a eu lieu en 2007 et 2008, et l'affaire a été traitée au tribunal correctionnel comme un abus sexuel et non comme un viol.
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georgesN — 10-03-2011 10:35 |
Cette artifice juridique, appelée correctionnalisation d'un crime (le viol est un crime), s'il est acceptée par la partie civile, permet de traiter l'affaire plus vite qu'aux Assises. Il est vraisemblable que l'impossibilité de l'expertise médicolégale vous a nui. Mais comme on vous comprend ! Pourriez-vous nous dire les "motivations" du jugement ? Qu'est-ce qui a motivé l’acquittement ?
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viebrisée — 10-03-2011 10:47 |
il n' avait pas assez de preuves, selon les juges, pour condamner mon père.
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georgesN — 10-03-2011 10:59 |
vous n'avez pas soupçonné que votre petite sœur pouvait avoir subi la même chose ?
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viebrisée — 10-03-2011 11:00 |
ma petite soeur n'a presque jamais vu son père, on a déménagé juste après sa naissance. elle l'a juste vu une fois en point rencontre.
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georgesN — 10-03-2011 11:06 |
un point de droit important, même si je suis bien persuadé que à ce jour vous ne voulez surtout pas revivre l'horreur d'un procès: une personne ne peut pas être jugée deux fois pour la même infraction; donc votre père ne pourrait pas être re-jugé pour violences sexuelles; mais il pourrait être re-jugé pour viol Par ailleurs, dans ce cas, vous avez jusqu'à vos 38 ans pour porter plainte pour viol par personne ayant autorité. Peu-être un jour... Mais pour aujourd'hui vous avez envie de vivre une vie aussi normale que possible et pour ça il faudrait vous faire aider! Êtes-vous indépendante, financièrement ? (pour pouvoir payer une thérapie )
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viebrisée — 10-03-2011 11:11 |
je suis indépendante, mais je vis avec peu de moyens, je n'ai donc pas la possibilité de payer une thérapie.
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georgesN — 10-03-2011 11:16 |
Mais trouvez-vous que ça pourrait vous être utile? Ou pensez-vous essayer d'oublier?
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viebrisée — 10-03-2011 11:19 |
oublier, je ne pourrais pas. mais utile, surement. je ne peux pas etre pire que je le suis maintenant. mais j'ai énormément de mal à parler.
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georgesN — 10-03-2011 11:38 |
Après beaucoup de silences, vous arriverez à parler. Si vous êtes près d'une grande ville, une piste pourrait être de chercher un(e) psychiatre qui serait en même temps psychanalyste de façon à faire un travail avec elle qui serait tout ou partie pris en charge par le Sécu.
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viebrisée — 10-03-2011 11:41 |
je voyais un psychiatre avant mais malgré avoir passé des heures dans son bureau je n'arrivais pas à lui parler
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georgesN — 10-03-2011 11:47 |
Ça a peut-être changé ? Faudrait réessayer!?
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viebrisée — 10-03-2011 12:01 |
il m'est impossible pour le moment de parler même à ma mère, aolrs un psy je sais pas trop ..
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georgesN — 10-03-2011 12:51 |
auriez-vous envie d'essayer de parler ?
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viebrisée — 10-03-2011 12:55 |
essayer, oui.
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georgesN — 10-03-2011 12:57 |
seul moyen: m'envoyer vos contacts (ligne tél. fixe) par mail PRIVé. Je n'aurai pas de place pour vous suivre en thérapie, mais si déjà votre parole se dénoue au téléphone, vous aurez avancé.
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viebrisée — 10-03-2011 13:01 |
je n'ai pas de téléphone.
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georgesN — 10-03-2011 13:03 |
vous avez une solution ? Skype, puisque vous avez internet ?!
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viebrisée — 10-03-2011 13:18 |
skype oui
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georgesN — 10-03-2011 13:22 |
alors donnez-moi des fourchette horaires et on se fixe RV -par mail privé, bien sur!
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