Asdecoeur — 18-08-2010 17:02

Bonjour,

J'ai 22 ans, suis une jeune femme assez épanouie, je mène mon petit bonhomme de chemin loin d'une famille assez destructrice dans l'ensemble. Je suis des études en master, j'ai deux emplois à côté. Globalement je suis quelqu'un de stable.
J'ai eu recours à plusieurs thérapies pour guérir des troubles de la personnalité, mais c'est un autre sujet.

Il y a autre chose qui m'a toujours intrigué et posé problème, mais en minimisant son importance, et en en ayant jamais parlé : j'ai été abusé par mon frère. Lui a 7 ans de plus que moi. A l'époque j'avais moins de 7 ans, je n'en sais pas plus. Je revois nettement le lieu : nous étions dans sa chambre, dans notre appartement que nous avons quitté en 1995. J'avais 7 ans au maximum. Et lui 14 au plus, même si je pense que c'était moins.

C'était un soir je crois : j'étais assise par terre, nue apparemment. Il avait le sexe à l'air et voulait que je mette la bouche sur son pénis. Je refusais. Tout le long j'ai refusé. Pourtant il m'a dit qu'il ferait pareil avec moi, et que ça se passerait bien. C'est ce qu'il a fait. Il m'a léché. Je n'ai pas bougé. Il a refait une tentative pour que je lui pratique une fellation, mais j'ai refusé.
Et là, notre mère est arrivée : elle n'a pas hurlé (bien que ce soit son habitude), mais elle a juste dit d'arrêter. Ensuite elle m'a demandé ce qu'il avait fait, je me revois sourire et lui dire qu'il ne faisait rien.
Ça, c'est ce dont je me souviens ; je ne crois pas qu'il y ait autre chose, mais je ne peux pas l'affirmer avec certitude.

Je n'ai jamais oublié ce moment, pour autant je n'ai jamais imaginé qu'il pouvait éventuellement être la clé de beaucoup de mes problèmes :

J'ai toujours eu un sentiment d'infériorité ; dans chaque situation que je vis, je me sens inférieure à la personne qui est en face de moi. A l'heure actuelle, j'essaie de vaincre ça : je progresse pas à pas, en ayant à mes côtés un homme compréhensif.

Je n'ai pas confiance en moi. Pire encore, j'ai toujours eu l'impression qu'être née fille dans cette famille, c'était une tare ! Je trouve que c'est choquant de dire ça, au 21° siècle. Et pourtant c'est l'impression que j'ai.

"Je suis née coupable", ai-je dit à ma psy. Comme pour le sentiment d'infériorité, je ressens toujours ça. Je me sens toujours de trop. Coupable de tout, même si je n'ai rien fait. Je m'excuse toujours à tort.

Tous ces troubles me suivent depuis l'enfance. Certains sont résolus. Ceux-là persistent.
D'ailleurs depuis que je suis petite fille, j'ai une tendance maladive à la masturbation : je ne veux pas dire que c'est depuis ce moment-là car je n'en sais rien. Mais je sais que déjà à l'école maternelle je me masturbais pendant la sieste, également chez moi. Ça m'a toujours suivi.
Au lit avec mon homme, c'est génial mais... il y a toujours des pensées sombres. Comme : je suis une salope, c'est mal ce que je fais.

Tout ça bien sûr, je ne le lui dis pas. Je n'en parle pas. Vue de l'extérieur, je suis quelqu'un de parfaitement équilibré et sain. Je ne montre jamais rien, je ne parle jamais de rien. Mon conjoint dit que je vais péter les plombs à ne jamais rien dire, sauf que ça n'arrive jamais : je trouve toujours des exutoires à mes angoisses. Tantôt je les écris, ensuite je les brûle. Tantôt je dessine. Depuis mon plus jeune âge, je me suis crée un monde imaginaire, dans ma tête, qui me permet de m'évader à des moments où la vie tangible ne me satisfait pas. En faisant un test psychologique pour une entreprise qui recrutait, j'étais arrivée à la conclusion que 60% de ma vie se déroule dans ma tête. C'est un moyen de m'évader également, de libérer les tensions.
Jamais je n'ai un mot plus que l'autre envers les gens sous prétexte que je suis mal. Tous mes maux sont en moi, dans ma tête. Et je ressasse.

Je suis pratiquement sûre que mes troubles sont liés à ce vécu-là. Je ne peux pas les expliquer autrement. Et j'aimerais en guérir. Il n'est pas question d'en parler à ma famille (ça ne m'apporterait rien) ou de se venger ; je veux juste vivre ma vie normalement, ne plus avoir de troubles. 

Que me conseillez-vous ?

georgesN — 18-08-2010 19:57

"guérir des troubles de la personnalité, mais c'est un autre sujet."
Elle est bien bonne celle-ci !... :-)

Asdecoeur — 19-08-2010 10:01

mais encore ?

georgesN — 19-08-2010 11:18

vous décrétez, ex abrupto, que vos troubles de la personnalité sont un autre sujet et ça fait sourire un analyste car la psychanalyse est un approche holistique de la personne. C'est un peu comme si vous demandiez qu'un médecin vous soulage d'un fièvre tout en lui disant j'ai aussi une infection urinaire mais on verra plus tard , c'est un autre problème!
tout basiquement: avez vous évoqué ces abus fraternels avec vos thérapeutes?

Asdecoeur — 19-08-2010 11:42

Non jamais. Ni avec personne d'autre d'ailleurs. Hier sur ce site, c'était la première fois que je confiais ça.

georgesN — 19-08-2010 22:53

alors c'est bon signe

Asdecoeur — 20-08-2010 14:35

Merci pour vos réponses. Que me conseillez-vous de faire à présent ?

georgesN — 20-08-2010 15:04

je "conseille" très rarement; je pense bien plus constructif que le patient désire lui-même et décide de faire ceci ou cela. Ainsi, faire un vrai travail analytique vous sera un jour ou l'autre nécessaire. Mais à vous de dire quel jour ! Ainsi QUI a décrété que votre penchant à la masturbation était maladif? Ce sont tous des problèmes que je rencontre quotidiennement.