Dentelle — 19-11-2009 19:02 |
Bonjour,
Cette immense sensation de différence que je ne peux m’empêcher de ressentir, j’ai eu à l’esprit tout à l’heure, que quoique je fasse dans ma phase de ‘reconstruction’ qui me semble en bonne voie, j’ai ce sentiment que j’ai un blanc immense, une fracture énorme qui fait que jamais je ne pourrai prétendre ressentir cette ‘normalité’ que je cherche à tout prix intégrer –
Bien sure qu’est ce que la normalité ?
Je me dis que lorsqu’un jeune enfant se construit avec quelques vices de construction, lui est il réellement possible de ressentir en grandissant, les bienfaits d’une construction saine et solide de base ?
Pour se reconstruire il y a la thérapie, et oui vraiment je me sens mieux, plutôt en paix avec moi-même, je crois que j'ai brisé une chaine, et j'ai décidé de rafistoler point par point l'ouvrage un peu étiolé
Et soudain au sein d’un groupe parmi lequel je me sens à priori, bien, j’éprouve subitement un malaise, car leur discussion me semble tout d'un coup étrangère.
Petit accroc, une absence, je creuse au fond de moi, mais non je ne ressens pas leurs émotions que ces personnes semblent partagées avec tant de joie, je ne ressens rien et j’ai douloureusement le sentiment qu’il me manque un truc, une case-
j’ai l’impression que je ne connais pas, tout simplement ce que la plupart des personnes partage, alors je m’isole dans ma bulle, petite bulle de sang, et je ne peux m’empêcher de triturer mes neurones, dans l’espoir d’éprouver avec sincérité ce que certains éprouvent, parce que ce n'est pas possible, ne sommes nous pas tous constitué de la même manière ? la fracture éprouvée peut elle être aussi incurable ?
Dans la reconstruction est-il préférable d’accepter qu’il me manquera toujours des cases, et que finalement l’édifice final n’est pas si mal que ça, en comparaison du premier assemblage ?
Ou peut-on, à force de travail, retrouver les sentiments manquants- ceux qui crées en moi cette frustration, ce malaise ? merci
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Dentelle — 26-11-2009 15:25 |
bonjour,
Ce manque que je ressens, il me semble que c’est en rapport avec l’attachement, ce lien affectif avec un autre être vivant ou objet.
J’ai le sentiment pourtant, d’être « attachée » à un autre vivant ou un objet, puis lorsque je perds cet autre, ou lorsque l’on me demande de me séparer de l’objet, je me rends compte que je n’ai aucune émotion- c’est ainsi !
Ce qui me chagrine c’est ce sentiment d’être « pas à ma place » ou que je sois, je complexe beaucoup parce que je me sens hypocrite, car je mens pour être comme les autres, alors je me force à aimer, complimenter, prononcer des mots d’amour….au fond je sais que je le dis parce qu’il faut le dire, et je peux m’en contenter. Je ne suis sans doute pas la seule personne à être quelque peu hypocrite.
Mais ce que j’aimerais comprendre c’est : qu’est ce qui fait à un moment donner « fracture »dans le processus de développement ?
Pourquoi je ne réussie pas à ressentir dans mes trippes ces sentiments forts ? J’aimerais tant les éprouver mais pour de vrais, ressentir cette forme de « dépendance »
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Thérapeute — 04-12-2009 17:02 |
Bonjour,
a écrit:J’ai le sentiment pourtant, d’être « attachée » à un autre vivant ou un objet, puis lorsque je perds cet autre, ou lorsque l’on me demande de me séparer de l’objet,
.. lisez vous Lacan ? L'objet "à"..
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Dentelle — 04-12-2009 17:28 |
Bonsoir, Non je n'ai pas eu occasion de lire cet ouvrage vous pourriez me donner un léger résumé, même si je me doute que ce n'est pas vraiment évident. merci
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Thérapeute — 04-12-2009 17:37 |
un résumé.. c'est un des "plus gros morceaux" de Lacan.. Je vous conseille de lire le Séminaire X. La référence à l’objet a lacanien reprend ici sous une autre forme la question du désir, tel qu’elle est posée par Freud. Cet objet cause du désir, en tant qu’il n’existe pas, mais qui pourtant est indispensable à la conceptualisation du désir qui sans cesse renaît de ses cendres, pourrait être définit "comme un reste, comme ce qui est irréductible à la symbolisation au lieu de l’Autre". Il est indispensable à la conceptualisation du désir, dans la mesure où s’il existait, alors il y aurait bien le moyen de mettre la main dessus. Par conséquent, la question du désir pourrait trouver une réponse. L’expérience clinique montre qu’il y a là un impossible.
;)
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Dentelle — 06-12-2009 13:26 |
bonjour,
Merci pour votre conseil, et je dois vous dire après lecture : Voilà mon souci : je n’angoisse pas du tout dans l’idée de « la perte d’une perte » et je n’en souffre jamais.
J’apprécie d’être entourée, mais quand l’objet ou l’autre disparait cela ne me fait rien du tout, je me dis juste « c’est comme ça »
Je ne ressens pas de douleur dans la perte et pas d’angoisse à l’idée de perdre, j’en ai conscience je sens que ce n’est pas tout à fait « normal » et la honte (non pas l’angoisse), j’ai honte de le dire car je vois tout le monde pleurer un être cher, mais je ne ressens pas cette douleur.
Parfois j’ai envie de faire « semblant » pour paraitre humain. Et j’y arrive, mais je me sens comédienne, ça me fatigue de jouer ce rôle, d’exprimer des sentiments que j’étudie avant de les restituer, de les amplifier.
je dis "je t'aime" je trouve que ça sonne faux, mais je me dis qu'il faut que je le dise un peu pour rassurer l'autre, et quand cet autre me dit qu'il m'aime, je ne ressens rien, plusieurs fois d'ailleurs je lui répond : "merci" - et ça le choque, il s'exlame avec un grand étonnement "Merci ?????" je me dis "mince ce n'est pas la réponse qu'il attendait" Quand je quittait un homme, il souffrait terriblement, était en colère, faisait beaucoup pour me récupérer, là il me faisait pitié, mais je ne ressentait pas ce qu’il éprouvait, pourquoi il souffrait autant d’une rupture. J’ai à la fois des pensées ironiques sur l’état dans lequel ça le mettait (que je ne comprends pas) et avec réflexion j’ai honte d’éprouver : Quedal, le grand néant.
Puis je me pose la question et à force de me poser cette question, je m’aperçois que j’ai un gros problème de sentiment, d’affection, d’amour. D’ailleurs au final c’est ce que l’on me dit : « que je suis un cœur de pierre derrière l’apparence de quelqu’un de tellement gentil -d’affectueux » j’ai l’apparence d’être fragile et d’une infini douceur et en creusant les gens ni trouve que de la pierre froide, du marbre. Je ressens enfin de l’attachement à une personne, même un chien, puis cet autre meurt, je n’ai pas de larmes, pourtant je pensais que j’en aurais, j’en été persuadée. J’ai, quelques minutes, un léger sentiment de manque, je cherche cet autre : puis je me dis « mais non, untel est mort » et voilà. Je ressens alors un drôle de sentiment : pourquoi je ne suis pas effondrée, inconsolable, en deuil ??
Je me suis mariée depuis quelques années, avec un homme qui m'aime énormement, mais c'est toujours pareil : "je t'aime !" j'ai envie de répondre : merci. Alors je fais attention, parce qu'il me dit souvent que je ne l'aime pas, comme il m'aime.
merci
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Thérapeute — 07-12-2009 14:58 |
a écrit:Parfois j’ai envie de faire « semblant » pour paraitre humain
Quoi ou qui vous aurait "dés-humanisée" ? Quel pourrait être ce deuil non vécu?
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Dentelle — 07-12-2009 16:01 |
Je ne sais pas, Monsieur.
qu'est ce qui ou qui est ce qui nous rend humain, à la base ? est ce que l'on né tous profondement humain, ou le devient on ? qu'est ce qui fait que je me sens fracturée ?
toute petite je n'ai aucun souvenir avant 6/8ans après :
si je cherche : mes parents sont très présents, je sais qu'ils m'aiment, mais avec une distance physique, je n'ai aucun souvenir d'être en contact, ou très peu, je ne me rappelle pas être enlaçée par l'un de mes parents, d'être en contact et encore moins en peau à peau, je ne connais pas le toucher de leur peau.
peu de bisous, j'évitais ce contact, et ils n'étaient pas très demandeurs non plus.
très naïve je suis tombée dans plusieurs embuscades étant gamine, avec des ados, puis avec un homme. toujours faible j'ai connu la violence psychologique et physique avec un autre homme.
aujourd'hui tout va bien, l'homme avec qui je suis est adorable et déborde de gentillesse de douceur, chaque fois qu'il pose ses grandes mains sur moi ça me fait l'effet d'une chaleur immense et apaisante, chaque tension s'évanouie : alors je ne saurais vous dire pourquoi je ne réussie pas à donner avec sincérité un peu de mon "humanité" qui doit quand même être quelque part ?
merci
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Thérapeute — 07-12-2009 16:19 |
a écrit:mon "humanité" qui doit quand même être quelque part ?
heureusement! ;)
a écrit:qu'est ce qui fait que je me sens fracturée ?
peut être est 'il temps pour vous d'aller avec l'aide d'un(e) professionnel chercher la réponse.. qu'en pensez vous?
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Dentelle — 08-12-2009 10:20 |
bonjour monsieur,
a écrit:peut être est 'il temps pour vous d'aller avec l'aide d'un(e) professionnel chercher la réponse.. qu'en pensez vous?
Je vous dirai que je ne me suis pas bien fait comprendre : J’ai fais une thérapie et j’en sors des plus soulagée, des plus heureuses, vous ne pouvez même pas imaginer comme je me sens légère, apaisée. J’en vante les mérites à tous ceux qui me semble en souffrance tellement je suis convaincue des bienfaits de cette thérapie.
Nous avons conclus de mettre un terme avec mon thérapeute, car tout était dis, et c’est vrai j’ai TOUT dis, si je réfléchie encore et encore, j’ai fais le tour, la boucle est bouclée, le livre de mes souffrances s’est terminé, et je l’ai fermé.je sais que si je devais continuer cette thérapie, je ne saurais plus quoi dire, car mon discours a changé, ma vie est devant.
MAIS, malgré ce nouveau départ, ce nouveau bonheur…….j’ai cette question qui surgit en moi : Est-ce que dans cette reconstruction, il faut que j’accepte que j’aurai toujours des cases manquantes, des failles, des expériences non acquises qui font que au plus profond de moi en tant qu’humain, il y a un oubli fondamentale dans une non transmission de l’amour, du contact, l’association permanente de l’acte d’amour subi, donc inintéressant, douloureux, et même si j’enlève la douleur physique je dirai sans ressenti véritable, comme si systématiquement ma conscience se disjonctée par réflexe : tu me touches je disjoncte, la machine se met seule en sécurité pour ne pas être détruite par la foudre.
J’ai toujours ce sentiment d’avoir par ma thérapie, compris des milliers de choses, et de ce fait ne plus comprendre la majorité des gens, mes collègues, les passants, le tout le monde et le n’importe qui, je me sens mal (et à part) parmi eux, parce que je ne comprends pas, je ne ressens pas, mais pas du TOUT ce qu’ils expriment.
Ça m’attriste car dans mon vécu, n’est pas imprimé l’expérience, donc la mémoire, le ressenti physique et moral de leur dire. Je ne ressens pas la douleur, ni l’amour, je me sens plutôt bien alors c’est génial, mais je me sens comme toujours détachée, neutre sans vraiment de ressenti puissant, étourdissant, l'amour fou ?????? aimer d'amour l'autre, je ne sais toujours pas Par exemple je peux ressentir une légère peine, une tristesse qui m’amène quelques larmes qui roulent seules mais je n’ai pas de Pleurs, de cris…….je peux sourire, mais je n’ai pas d’éclats de rire, de fous rire incontrôlables alors souvent les autres me disent « oui mais toi rien ne te fait rire, t’es pas drôle » pourtant j’ai l’impression à ce moment d’avoir ri à cette blague, et j'essaye d'observer mon expression, et oui je suis mono expression, agréable mais pas franchement expressive.
???
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Dentelle — 10-12-2009 14:25 |
c'est drôle la vie !
parce que je prends le temps aujourd'hui : d'allez mieux, de m'asseoir un peu comme à l'écart, surelevée et j'observe les autres, je m'observe Moi, je me rends que......et je décide de faire un vrai travail sur moi, sur ma façon d'être.
je perçois les choses, je me dis 'tiens là y a comme un problème', je le sais, je vois que ça fait souffrir, que ça surprend, que ça désequilibre même, mon couple et malgré cela, je n'arrive pas à faire fonctionner mon corps.
par exemple j'apprécie que mon mari me serre dans ses bras, pose les mains sur moi (ce qui n'était pas évident avant ma thérapie) et j'aimerais tant lui rendre, le serrer à mon tour, aller spontanément vers lui, le toucher l'embrasser......mon esprit le veut, mais le corps refuse de se mettre en action, il est inanimé, en veille ??
je vois des gens s'enlaçaient, être très tactiles, montrant leur affection avec aisance et plaisir, j'aimerais tant faire ça, j'en ai envie, à peine je pose ma main sur autrui, j'ai envie de m'excuser
j'ai envie de deposer d'inombrable bisous sur mes enfants, mais 'j'oublie' je le fais beaucoup plus maintenant c'est vrai, et ils me le rendent beaucoup, je commence à vraiment apprécier ces moments de calins, mais souvent 'j'oublie' ???? et je me dis 'zut, j'ai oublié de les embrasser pour dormir' ou je me rends compte que je ne les ai pas embrassé de la journée, je m'en veux, je les aime beaucoup
je ne suis au fond de moi, débordande d'amour et de tendresse, et je renvoie l'image d'une épouse ni affectueuse ni démonstrative, et je crains d'être une maman froide et distante, alors que mon esprit le veut tant !!!!
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Thérapeute — 10-12-2009 14:31 |
a écrit:alors que mon esprit le veut tant !!!!
qu'est ce qui a créé cette dichotomie corps/esprit ?
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Dentelle — 10-12-2009 15:47 |
C’est bien cela, je sens cette division : une partie règne l’autre partie est court circuitée
Je peux d’après le travail effectué, comprendre de où cela vient, mon souci est comment ne faire plus qu’un avec ces deux parties corps/esprit, qui me semblent à la fois proche et si inaccessible.
ça me semblait si clair il y a peu.....est ce un ressenti classique : ce petit flottement, quitter un état pour se diriger vers un autre, et subitement se sentir flotter entre les deux......???? merci
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Thérapeute — 10-12-2009 15:58 |
oui en quelque sorte.. du mal à expliquer la cause.. mais je respecte votre silence à ce sujet.
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Dentelle — 10-12-2009 16:22 |
ce n'est pas vraiment que je veux être dans le silence, c'est que la / les causes sont terriblement classiques : abus / manque d'attention et d'affection / agression à l'âge adulte / violence verbale et physique d'un compagnon
aujourd'hui tout va bien, mais ai je manqué un 'truc' ??? mon esprit avance, mais mon corps semble être oublié quelque part, je l'ai égaré, non ????
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Thérapeute — 10-12-2009 16:50 |
a écrit:je l'ai égaré, non ??
... ou pas encore remis en place? ;)
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Dentelle — 10-12-2009 16:59 |
y a t il une méthode à privilégiée pour cette remise en place, ou dois je laisser le temps au temps.
merci de me consacrer un peu de votre temps, c'est très agréable d'être entendu
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Dentelle — 10-12-2009 17:01 |
privilégier : désolée !!
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Thérapeute — 10-12-2009 17:55 |
l'hypnose pourrait vous aider à trouver le moment de la "fracture" et également vous aider à trouver le chemin d'accès à votre "réunification", à moins qu'il n'y ait séquelle psychologique et donc le besoin d'un soutien pro.
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Dentelle — 10-12-2009 20:21 |
Merci beaucoup pour votre attention envers moi
l'hypnose je n'y avais pas pensé ! s'il y a séquelle psychologique : je ne comprends pas vraiment
l'hypnothérapeute prends surement en charge le soutien psy en parallèle, non ?
merci pour vos pistes.
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Thérapeute — 11-12-2009 16:02 |
logiquement oui, "le risque" est dans les remontées d'images dans les 24/48 heures qui suivent.
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