com — 09-07-2009 10:54

Les mémoires
Samedi 21 et dimanche 22 novembre 2009 à Paris

Responsables : Charles Melman, Muriel Drazien, Rebecca Majster-Veken, Jean-Jacques Tyszler


Les polémiques suscitées par la proposition du Président de la République concernant ce qu'il est convenu d'appeler "devoir de mémoire" ont montré à quel point cette question reste d'une terrible actualité. Ne serait-ce que dans le refus de l'envisager dans son double rapport à l'histoire et à la subjectivité.

Nous pouvons donc nous interroger sur cette mémoire, et sur sa place dans ce que la clinique d'aujourd'hui donne à entendre dans l'inlassable frappe de la répétition.

D'un côté, le trop de mémoire qui, faute d'un lieu où le sujet pourrait s'acquitter de sa dette, rend le deuil impossible ou l'enferme dans un repliement communautaire. D'autre part, les divers modes de non-dit qui perpétuent la marque d'un indicible. La clinique nous enseigne que c'est justement en ce lieu où gît la méconnaissance que la mémoire peut se donner à lire. En effet, telle une lettre dont la répétition apparemment hors sens ne cesse de marquer ses effets, cette mémoire est d'autant plus énigmatique que le traumatisme dont elle est l'écho est antérieur au patient lui-même : contenue dans une chaîne signifiante où elle n'est pas dite en tant que telle, son absence en fait la marque la plus sûre.

Avec le souci de transmettre quelque chose de cette interrogation aux jeunes psychiatres et psychanalystes en formation, souvent pris eux-mêmes dans la méconnaissance des faits et de l'ampleur des désastres subjectifs de ce dont la mémoire est porteuse, nous avons souhaité que ces Journées permettent d'entendre quelques témoins privilégiés de ces événements majeurs qu'ont été l'extermination des Juifs d'Europe, la terreur et les crimes staliniens.

Il s'agira d'en examiner les incidences actuelles, et de nous permettre d'affronter notre propre méconnaissance - peut-être serons-nous ainsi en mesure de repérer celle de nos patients -, méconnaissance dont les effets délétères sont bien connus du psychanalyste. Par exemple dans la façon dont certains jeunes peuvent se trouver aveuglément aspirés vers des causes militantes ou humanitaires, en guise de lieu où régler la dette impayable à laquelle ils tentent d'échapper sans jamais comprendre ni les fondements de leur propre motivation, ni les raisons profondes des passions mortifères et répétitives à la source des grands drames dont notre époque a pu se croire épargnée après le siècle dernier.

Parmi ceux qui ont consacré leur existence et leur talent à faire en sorte que l'oubli ne vienne pas sceller définitivement la méconnaissance dont nous venons, certains ont bien voulu répondre à notre invitation et nous nous réjouissons de les accueillir.

"L'inconscient c'est le social", dit Lacan. Il nous reste à préciser ce qui, du plus intime du sujet, est en résonance avec la méconnaissance que le social se trouve si souvent entretenir, sinon favoriser de façon délibérée.

Rebecca MAJSTER

http://www.freud-lacan.com/agenda/jrn211109.php