Enora — 25-06-2009 15:17 |
Une question sur « l’autodestruction » que je perçois chez mon enfant Notamment se tirer les cheveux, se frapper, ou se ronger les ongles !!!
Freud disait que les enfants qui ont été élevés dans la violence ont tendance à l'âge adulte à être agressif avec les autres. Au contraire, les enfants élevés dans la douceur ont cette tendance inversée : ils deviennent agressifs à l'encontre d'eux-mêmes.
Est-ce que le fait de refréner son agressivité est malsain et conduit à l’autodestruction ?
Je pense au fait que nous vivons dans le grand calme, peace & love….nous fuyons toute forme de violence, et l’évitons coute que coute en extérieur ; chez nous, nous intervenons systématiquement dans leurs disputes, les empêchons de se battre, de se bousculer etc …on met beaucoup l’accent sur le fait que de se battre n’apporte aucune solution.
Je remarque qu’à ce moment là mon fils (qui a tendance à se ronger en permanence les ongles et peau) monte en pression, puis donne des coups de pieds dans les meubles, je pense qu’il se fait vraiment mal, mais ne dit rien au sujet de son éventuelle douleur, par contre il crie sa rage, couvrant nos paroles…puis parfois se tire les cheveux, se pince etc…
Cette lecture de la pulsion de vie et en particulier de mort (thanatos) me fait réfléchir sur le fait, qu’en voulant faire bien : apprendre à être non-violent, à privilégier le dialogue, peut finalement causer du tord dans leur construction.
En d’autres termes est-il préférable de laisser les enfants se chamailler, afin de laisser cette « agressivité » se retourner vers l’extérieur et non sur eux même ?
|
georgesN — 25-06-2009 20:35 |
"En d’autres termes est-il préférable de laisser les enfants se chamailler, afin de laisser cette « agressivité » se retourner vers l’extérieur et non sur eux même ?" je crois. Sinon, c'est comme remettre à la main un bouchon de champagne qui vient d'être ôté !
|
Enora — 25-06-2009 21:21 |
merci pour votre réponse, l'image du bouchon est bien vu !
Le texte que j’ai lu : « violence et nature humaine »
Cite notamment Freud, Gusdorf, puis enfin Gandhi
Il n’est pas possible d’être non-violent, si l’on n’a pas au préalable compris en profondeur ce qu’est la violence.
La non-violence elle-même ne se comprend pas comme une manière de fuir la violence (là j'ai faux, moi je fuyais...)
Toute la question est de savoir si la non-violence est seulement un héroïsme de la volonté ou si elle correspond à un état d'être naturel.
la non-violence est une stratégie de combat. Ce n’est pas un repli, c’est une manière de combattre le mal sans l’alimenter.
Pourtant, la non-violence est supérieure à la violence car elle en a la compréhension, elle sait que la violence nourrit la violence.
Ce que l’homme violent demande, c’est de trouver en face de lui une résistance violente qui lui permette de montrer sa force. Si on ne jette pas d’huile sur le feu, la violence va se défaire d’elle-même. C’est un peu comme la boule de neige qui roule. Elle ne s’alimente que si elle trouve sur son parcours de quoi se renforcer. Aussi la première règle est de ne rien faire qui puisse relancer la violence. « La non-violence ne consiste pas à s’abstenir de tout combat réel, face à la méchanceté.
Au contraire, je vois dans la non-violence une forme de lutte plus énergique et plus authentique que la simple loi du talion qui aboutit à multiplier par deux la méchanceté
la non-violence ne se réduit pas à un héroïsme de la volonté seule contre tout. Elle implique un travail sur soi. Seule la connaissance de soi peut remonter les processus qui engendrent la violence. La violence ne surgit pas sans raison, par on ne sait quel entité qui nous manipulerait à notre insu. Elle a son siège dans la nature des noeuds psychiques de la conscience. Elle est largement alimentée par la frustration, la tension intérieure qu’elle décharge.
De là suit que c’est seulement en libérant la conscience des tensions qu’elle accumule, que la création d’un état de paix est possible. Il n’y a pas de culture de la violence, même si la violence peut prendre une forme organisée. Par contre il y a une Culture de la non-violence et des moyens de la non-violence et dont le tout premier est d’abord de substituer en permanence à l’affrontement physique la parole échangée, le dialogue.
Plus profondément, ne peut-on pas dire qu'il y a un état non-violent de la conscience en qui tout conflit s'est abolit, parce que toute tension s'est abolie?
|
Enora — 28-06-2009 00:14 |
a écrit:"En d’autres termes est-il préférable de laisser les enfants se chamailler ?" je crois.
Je touche un point très important pour moi, je m’aperçois qu’il m’est « impossible » malgré ma volonté de les laisser se chamailler, comme il m’est impossible de rester neutre et inactive devant toute forme de violence…c’est un automatisme : ne pas réagir déclenche une angoisse, comme un danger immédiat.
Un soupçon d’explication vient à moi : je ne peux reproduire ce qui m’apparait comme « indifférence », l’indifférence dont faisaient preuve peut être mes parents envers moi, nous laissant à nos propres « chamailleries », régler nos comptes seuls….pour des raisons qui sont les leurs ?!! mais qui ne peuvent être les miennes.
Mon "angoisse" serait de laisser une personne « faible » devant une menace à laquelle elle ne pourrait faire face, en présence d’un adulte responsable manquant à son devoir d’assistance.
Pour apaiser cette angoisse : Il me faut trouver le juste milieu, entre la simple discorde et la réelle mise en danger ?????!!!!
|
georgesN — 28-06-2009 08:50 |
la grande difficulté pour tout parent est de savoir à quel moment précis la "bagarre" n'est plus du domaine du jeu (pensez aux lionceaux qui se donnent de bons coups de pattes) càd: du FAIRE-SEMBLANT; mais bascule dans le domaine de la déstructivité. La limite est souvent indécidable.
|
Enora — 28-06-2009 09:29 |
Bonjour, et Merci pour votre réponse.
a écrit:pensez aux lionceaux qui se donnent de bons coups de pattes
: après le loup, le lion....mais oui les animaux sont de bons exemples par leur instinct, qui me semble, non remis en cause par leur congénère....
Peut être me faut il simplement accepter toute violence qu'il y a en chacun d'entre nous.... ça progresse ?!!! il y a peu je la fuyais et la trouvait inacceptable : Voire allergisante.
Aujourd’hui je conçois, qu’elle a tout lieu d’exister, et de s’exprimer. et que comme dit dans le post 3 : Il n’est pas possible d’être non-violent, si l’on n’a pas au préalable compris en profondeur ce qu’est la violence.
Il me reste encore, a lutter contre l'angoisse (un peu grotesque) qu'elle me provoque
Bon dimanche.....
|
georgesN — 28-06-2009 09:53 |
"l'angoisse (un peu grotesque) qu'elle me provoque" l'angoisse a-t-elle besoin d'être ainsi qualifiée? Elle est là, simplement, et ne dit pas sa cause. A vous de la chercher... Bon dimanche !
|
Enora — 28-06-2009 11:28 |
Je cherche, je cherche…..je perçois quelques lueurs au bout de ce long tunnel ;-))
Merci de m’éclairer !
|
Enora — 03-07-2009 23:49 |
a écrit:la grande difficulté pour tout parent
Le secret de la réussite avec un enfant c'est de ne pas être ses parents :)
|