Esperanza — 22-02-2009 13:02

Bonjour,

Depuis près de deux ans je suis en analyse avec un psy en qui j'ai totale confiance. Cela fait quelques mois déjà que je lui explique que je sens mon analyse arriver au bout. En fait, je me sens bien dans ma vie, beaucoup plus équilibrée et sereine. C'était mon but à la base lorsque je suis allée le trouver, suite à une dépression et à de l'épuisement. Aujourd'hui je vais bien, j'ai appris à me connaître, et maitrise ma vie.
Je suis bombée amoureuse de mon psy depuis plus d'un an, et me rends compte qu'à chaque rendez-vous avec lui, mon amour pour lui s'amplifie.
Je n'ai plus vraiment de sujets à développer avec lui, si ce n'est que mes sentiments envers lui.
Lui par contre, n'est pas d'accord avec moi. Il dit que la fin se décide en général d'un commun accord entre le patient et le psy, et selon lui, je ne suis pas encore arrivée à ce stade.
Il m'a déjà dit ça en automne et j'ai alors décidé de continuer.
Comment faire, lorsqu'on a plus vraiment de sujetes importants à traiter, mais qu'on assiste au séances uniquement pour voir la personne qu'on aime ? n'est-ce pas de l'ordre de la triche ? je lui ai dit tout ça, mais cela ne semble pas le déranger pour autant. Alors que moi si !
Ces derniers temps, j'ai l'impression d'être dépendante de lui, c'est-à-dire lorsque je le vois, je suis heureuse, et aussitôt que je m'en vais de son cabinet, il me manque. Telle lorsqu'on aime quelqu'un tout simplement.
Que faire pour bien faire? Merci de vos précieuses réponses.

georgesN — 22-02-2009 13:44

"Ces derniers temps, j'ai l'impression d'être dépendante de lui, c'est-à-dire lorsque je le vois, je suis heureuse, et aussitôt que je m'en vais de son cabinet, il me manque."
ceci est la preuve que vous avez encore besoin de travailler sur vous, ne serait-ce que, précisément, pour accomplir la résolution de votre transfert !!

Esperanza — 22-02-2009 17:57

Je ne vois pas vraiment de solution à ce problème, si ce n'est que soit : arrêter la thérapie, pour faire le deuil de cet amour, ou alors le vivre avec lui, mais j'ai des difficultés à croire qu'en continuant à entretenir ce lien avec lui, j'en arriverai à modifier mes sentiments.Il me semble aussi qu'il est courant quand on aime qu'on voudrait voir la personne aimée souvent et qu'elle nous manque à chaque instant.  N'est-ce pas toujours de l'ordre d'un transfert, lorsqu'on aime, même dans la vie courante ?Nous trimballons toujours notre  "passé amoureux" avec nous, il fait partie intégrante de nous non ?  il y a bel et bien  aussi des psys qui se marient et forment un couple avec leur patient(e) cela arrive, et leur relation n'est pas forcément vouée à l'échec. J'ai l'impression d'être dans une impasse et c'est pas facile à vivre !

georgesN — 22-02-2009 21:34

"plus vraiment de sujets à développer avec lui, si ce n'est que mes sentiments envers lui."
cette phrase a deux sens: soit vous le lui avez déjà dit, soit non. Qu'en est-il?Y at-til "réponse" de sa part?
Ceci dit, le psy qui épouse sa patiente est un cas d'école! est-il fréquent? personne ne le sait: les psys ne s'en vantent peut-être pas!
Globalement, je dirais que l'asymétrie de fait entre le thérapeute et sa patiente n'est pas forcément sans risques.
Question perfide: vous supportez ses autres patientes?

Esperanza — 23-02-2009 18:18

Bonjour et merci beaucoup de votre réponse,

Oui, nous avons longuement parlé des sentiments que j'éprouve à son égard. Il dit que c'est  en  parlant que les choses vont se dénouer ?? cela fait une année que régulièrement nous en parlons. Je ne sais pas ce qu'il pense réellement. Il garde sa place et reste le plus neutre possible. C'est un pro !
Il dit qu'un amour en thérapie n'est pas possible, qu'en dehors deux adultes sont libres de faire ce qu'ils veulent.
Mais il ne veut pas que j'arrête..(attend-il que je tombe amoureuse de qq'un d'autre ?)il dit que non, car je lui ai demandé! ou veut-il que je sois à son image ? son professionnalisme peut-il déteindre sur sa vie privée ? J'ai confiance en lui, mais il est difficile pour moi de continuer la thérapie , et puis ,dans quel but ? Si je dois faire le deuil de cet amour, autant ne plus le voir, mais il ne me répond pas la dessus, et si nous devons nous trouver pourquoi attendre encore ?
Je comprends bien qu'un amour entre un thérapeute et une ancienne patiente, ne soit pas sans risques, mais dans un couple dit "Normal" il y  a des risques aussi. Tout est risqué dans la vie, mais quand on aime... les risques on les prend volontiers.

Ses autres patients et patientes, je ne les connais pas, ils font partie de sa vie professionnelle, (il est très sérieux  et engagé dans son travail) je n'ai pas besoin d'un homme qui se consacre à moi sans avoir  d'autres occupations que moi, au contraire, je respecte son travail et son engagement.

Le plus difficile pour moi est ce temps que je passe à ne pas savoir si un jour je vais me retrouver à faire le deuil, ou si il y a espoir. En quelque sorte, je ne sais pas sur quel pied danser, et c'est déstabilisant. J'ai eu beau me dire : adviendra ce qu'il adviendra, cela est très difficile pour moi.
Pourtant en vous écrivant ici, les choses me paraissent  de plus en plus claires :

- ma thérapie est terminée; si je reste c'est uniquement la peur de quitter l'homme que j'aime et non le thérapeute.
Alors je sens que le risque pour moi... eh bien.. il commence ici !!
ceci me demande du courage, mais n'est-ce pas aussi une preuve que je suis capable d'assumer mes choix ?

georgesN — 23-02-2009 18:53

"Pourtant en vous écrivant ici, les choses me paraissent  de plus en plus claires"
alors continuez !!
A supposer qu'il éprouve qq chose, comme un bon pro, il est en droit d'avoir de sérieux doutes sur vos sentiments, par définition, de par la nature de l'amour de transfert et non à cause de vos qualités propres.
Alors? quitter le thérapeute et aller à la rencontre de l'homme ?
A vous de voir.

Esperanza — 24-02-2009 17:18

Bonjour, et merci encore de votre précieuse réponse,
en effet, c'est comme si un voile était tombé lorsque j'ai écrit ici. Tout-à-coup les choses me paraissaient beaucoup plus claire, et je me suis sentie soulagée.
J'ai continué d'écrire, mais sous forme de lettre à mon psy. Je compte lui donner en main propre, pour qu'il puisse la lire devant moi et que nous puissions en parler ensuite. Aurais-je le courage ? je perds mes moyens (disons les 2/3) lorsque je suis face à lui.
Biensûr qu'il est en droit de douter de mes sentiments, mais comment faire pour lui prouver qu'ils lui sont destinés ? en restant et en souffrant ? je ne crois pas, je pense qu'en prenant mes responsabilités envers cet amour, c.à.d, qu'en acceptant l'idée d'un refus de sa part, il peut se sentir plus libre d'être franc avec moi, quoi qu'il éprouve ou n'éprouve pas!
Comment lui dire tout cela ? comment trouver les bons mots ? lorsque je quitte son cabinet, j'ai souvent l'impression de ne pas avoir dit les bonnes choses, ou d'avoir oublié la moitié de ce que je voulais lui dire.
C'est n'est pas autrement grave, sauf que là se joue peut-être l'avenir d'un amour auquel je tiens vraiment!
A croire que l'amour ça se mérite !
M.

georgesN — 25-02-2009 09:37

"Comment lui dire tout cela ? comment trouver les bons mots ? lorsque je quitte son cabinet, j'ai souvent l'impression de ne pas avoir dit les bonnes choses, ou d'avoir oublié la moitié de ce que je voulais lui dire."
au vu de ce que vous écrivez, j'ai le sentiment qu'il vous sera plus utile comme psy que comme amant  :)

Esperanza — 25-02-2009 10:34

J'avoue, votre réponse m'a un peu choquée ! Si je me pose toutes ces questions, c'est tout simplement que l'enjeu est grand pour moi.
Si lui, a de sérieux doutes concernant mes sentiments, cela me donne l'impression de devoir lui prouver l'authenticité de mon amour.
Le psy ne juge pas sont patient, il reste neutre face à lui, mais dans mon cas, il va bien émettre un jugement ? celui de se dire que j'arrête ma thérapie, mais que je suis en plein transfert!
Mais peut-être avez-vous raison. Mon besoin de vouloir "bien faire à tout prix", pourrait me jouer des tours, finalement c'est de ma vie qu'il s'agit, et c'est à moi de la gérer. Lui est là pour me soutenir dans ma démarche. J'ai besoin de savoir où je vais, et de me sentir en harmonie avec la direction  que j'ai choisie. Et maintenant, je  m'en sens capable, plus besoin de béquilles !

A force de vouloir être sûre à 100% de mes décisions, (alors qu'à l'intérieur de moi-même je sais que je fais bien) je me mets le doute là où justement je pense être dans le vrai! Accepter l'idée qu'on ne peut jamais avoir 100% de garantie, et qu'on peut se tromper est un signe d'indulgence envers soi-même, et pourquoi pas aussi un moyen de s'accepter avec ses faiblesses  et  tout simplement s'aimer ?

georgesN — 25-02-2009 11:55

"tout simplement s'aimer ?"
oui! mais pour vous aimer vous avez tellement besoin d'être aimée! êtes-vous au clair, dans votre analyse, sur ce point?

Esperanza — 25-02-2009 14:39

Oui, il a de cela biensûr, mais ne serait-ce pas prétentieux de ma part de dire le contraire? Je pense que nous avons tous besoin d'être aimés. Se sentir aimé nous donne des ailes et une incroyable force!
Durant ma thérapie j'ai appris à m'aimer aussi dans la solitude amoureuse. A ne pas vivre à travers l'autre. Et de toutes manières, il est rare de devoir affirmer ne pas être aimé du tout. Il y a toujours quelque part un ami, un parent ,un enfant , même un admirateur secret, qui a le regard qui pétille et qui nous sourit lorsque nous apparaissons. Cela aussi c'est être aimé !  Et cela aussi nous valorise...
Ce que j'ai découvert durant mon analyse, certainement à travers mon psy,(puisque il est mon miroir) c'est une image de moi-même que je n'ai jamais pris la peine de regarder vraiment, et que je regarde aujourd'hui avec plus d'attention., et de tolérance. N'est-ce pas un début prometteur ? en tous cas c'est un sentiment agréable :-)

georgesN — 25-02-2009 15:13

mais bien sur, c'est très normal. Mais j'ai écrit tellement besoin; j'indiquais une piste possible; piste d'un manque, piste d'une compulsion à trouver enfinl'être capable de donner sans parcimonie cet amour; besoin de cet amour charnel que Freud définit comme étant la réplique constante au cours de chaque vie à retrouver le sein, l'amour maternel, celui qui ne manque jamais. Sauf...

Esperanza — 25-02-2009 21:30

Ce que j'ai besoin surtout, c'est qu'on croit en moi, et de savoir dans quelle direction je vais. Dans l'amour, ou dans le deuil de cet amour ? , mais  de me trouver entre l'espoir et la peur, m'est difficilement supportable.