sourose — 22-10-2008 21:02

J'ai 38 ans, une petite fille qui a 3 ans, je viens de me séparer de son père qui a 60 ans. Je recherche désespéremment à retrouver les souvenirs de mon enfance depuis bientôt 10 ans.
Le père qui m'a "élevée" n'est pas mon père biologique. Il arrive dans 4 jours chez moi pour un séjour d'une semaine. Je suis terrifiée. Je vois mon analyste vendredi soir mais je crains de n'avoir pas assez de temps pour finir d'assembler le puzzle que je travaille depuis toutes ces années.
J'ai lu tous les messages de cette rubrique et je viens de finir le livre de Louise Grenier sur "les violences de l'autre - faire parler les silences de son histoire", qui m'a permis de bien avancer dans mon cheminement.
Je n'ai pas de souvenirs propres avant l'âge de 12 ans, sinon ceux qui m'ont été raconté. J'ai des doutes, des présemptions, des ressentis. Mon corps me parle mais ma tête doute. J'ai eu un énorme bouton dans le coup après un baiser donné par mon père à cet endroit précis il y a dix ans.
Il y a 3 ans, je suis allée quelques jours seule chez lui avec ma fille, et il l'a embrassée sur l'oreille d'une manière dégoutante à mes yeux, comme si il voulait la gober. Il me regardait d'un air narquois en le faisant. Je lui ai demandé à 3 reprises de cesser, la troisième fois il a essayé de le faire discrètement mais je l'ai vu et j'ai parlé si fort que sa femme (ma belle-mère) l'a entendu. Ce fut un moment de drame. J'ai dit à mon père qu'il pouvait embrasser l'oreille de sa femme de cette façon mais pas ma fille. Puis je ne l'ai plus laissé s'approcher d'elle. Mais j'étais, et je suis toujours, terrifiée. Depuis, il est revenu, une fois par an, il a recommencé une fois lors d'un repas mais furtivement, mon regard l'a peut-être dissuadé de poursuivre.
Aujourd'hui je suis seule, le père de ma fille n'est pas loin mais je serai seule pour affronter cet homme. Suis-je stupide de lui ouvrir encore les portes de ma maison?
Je voudrais tellement pouvoir asséner des faits, des souvenirs précis qui fonderaient mon refus d'exposer ma fille!
J'ai bien sûr interrogé ma mère à de nombreuses reprises, elle ne peut croire que mon père m'ait fait du mal, m'ait abusée, pendant mon enfance. Elle dit simplement qu'il était très sévère et menaçant, avec elle comme avec moi.
Quand j'avais 3 ou 4 ans, elle lui a avoué que je n'étais pas sa fille. Ils sont restés mariés jusqu'à mes 17 ans. J'imagine qu'il a pu "péter les plombs" et se venger, peut-être inconsciemment, sur moi. Même s'il affirme le contraire en disant qu'il m'a toujours considéré et aimé comme sa fille.
Comment affronter au mieux l'épreuve qui se profile devant moi? Merci d'avance pour votre aide.

georgesN — 23-10-2008 13:57

"une petite fille qui a 3 ans"..."Il y a 3 ans, je suis allée quelques jours seule chez lui avec ma fille, et il l'a embrassée" C'était alors un nouveau né?
"des souvenirs précis qui fonderaient mon refus d'exposer ma fille!"
Votre préconscient vous alerte et c'est suffisant, me semble-t-il pour justifier un refus de simple prudence?

sourose — 23-10-2008 20:06

Ma fille avait 6 mois, très peu de cheveux. Il l'a embrassée tout d'abord sur le crâne puis a "gobé" son oreille. Elle était sur ses genoux. Je lui ai dit: "papa ne fait pas ça". Il a semblé ne pas comprendre. J'ai répété "papa, arrête ça". Je me sentais tétanisée. Je lui ai néanmoins repris ma fille. Nous étions à l'apéro. Pendant le repas, il a voulu la reprendre. Je lui ai confié avec réticence. Il a recommencé une seconde fois. J'ai dit à nouveau: "papa, arrête ça" et j'ai repris ma fille. Ma belle-mère ne semblait avoir rien vu et ne comprenait pas pourquoi je l'avais reprise. Dès lors, je n'ai plus voulu que mon père touche à ma fille. J'ai passé une nuit blanche, terrassée par l'angoisse, et je n'ai réussi qu'à faire ma valise, mais non à partir. Au petit matin, nous nous sommes rencontrés dans la cuisine. Je lui ai dit: "fais attention à ce que tu fais". Tout au long de la deuxième journée, je ne l'ai pas quitté des yeux. Ma tension intérieure était quasi insoutenable. Le soir venu, au moment du repas, il a voulu la prendre sur ses genoux. Il était face à moi. Il a pivoté sur sa chaise: je ne voyais plus ce qu'il faisait avec ma fille. Je me suis levée, j'ai fait le tour de la table pour le voir, une troisième fois, sucer l'oreille de ma fille. J'ai alors été beaucoup plus explicite, comme je l'ai précisé dans mon premier message. J'ai aussi dit que son attitude me rappelait des mauvais souvenirs.
Pourtant je n'ai pas de souvenirs proprement dits. Mais l'enjeu me semblait vital.
J'ai l'impression que refuser de le voir c'est refuser de l'affronter et j'ai le sentiment que seule la confrontation me permettra d'entrevoir la vérité. Mais je me trompe peut-être.

georgesN — 24-10-2008 08:30

"Suis-je stupide de lui ouvrir encore les portes"
non, mais bien contradictoire!
Avez-vous au minimum la possibilité de ne jamais le laisser seul avec vote fille ?
Ce n'est pas vendredi soir que votre puzzle sera terminé mais la question la plus centrale semble bien être quelque chose comme la fascination du lapin devant le cobra...
Vous avez encore un long chemin avant de vous défaire de ça et de l'emprise du cobra !
L'urgence étant de ne surtout pas fournir un autre petit lapin en pâture...