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Je ne vois plus mes enfants

#1  37533

Ionica
Invité

Je ne vois plus mes enfants

J'ai deux grands enfants, 30 et 32 ans, que je ne vois plus.
Je n'arrive plus à vivre avec ça. J'ai essayé de comprendre, de leur demander ce qu'ils me reprochaient et attendaient de moi, je n'ai jamais eu de réelle réponse, ou alors une réponse comme: "On ne veut plus te voir ni te parler". 
Je ne comprends pas tant de haine (c'est ce que je perçois surtout chez mon fils, les rares fois qu'il s'est adressé à moi) ou d’indifférence (c'est ce que je perçois surtout chez ma fille). Je me réfère pour cela à des contacts très épisodiques comme j'en ai eu exceptionnellement l'année passée suite au décès de ma mère.
Tout le reste de ma famille me rejette de la façon la plus criante, tout en le niant ("C'est dans ta tête, personne ne te rejette"). Même ma mère (décédée l'année passée à l'âge de 97 ans) n'a plus voulu me voir pendant plusieurs années, sauf en fin de vie. Elle aurait dit à une amie que je l'avais frappée.
Mon fils (32 ans) m'a écrit l'année passée : "J'ai choisi mon sacrifice : une vie sans mère pour éviter le conflit ouvert permanent (de mes proches et moi-même)" (c'est ainsi - texto - que c'est formulé).
Ma fille (30 ans) m'a souvent dit dans le passé que je ne signifiais rien pour elle, que son père était important pour elle mais moi pas.
Tout cela s’est installé au fil des ans, je pourrais évoquer des anecdotes, raconter tel ou tel épisode, remplir des pages et des pages, mais aujourd’hui tout tient dans ce constat : il n’y a plus aucun contact entre nous, mes messages restent sans réponse, c’est comme si je n’existais pas et qu’ils n’existaient pas.
Je n'arrive pas à vivre ainsi. Je me dis parfois que c’est encore pire que d’avoir perdu un enfant si le souvenir qui reste est un souvenir d’amour. Je me sens profondément seule et seule dans ma souffrance, même si j'ai des amis, mais qui, à de rares exceptions près, ne mesurent pas ce que je vis. Je les vois aussi de moins en moins parce que tout m'est effort.
Je sombre de plus en plus dans la dépression, je ne travaille plus, j'ai perdu le goût de vivre. J'ai l'impression d'avoir tout essayé pour m'en sortir, mais je ne m'en sors pas. Si je suis sincère avec moi-même, le sentiment qui me domine c’est que j'ai envie de mourir, de disparaître.
Je vois une psychologue, avant cela j'ai vu pendant un bout de temps un psychanalyste, et l'un et l'autre m'ont sans aucun doute aidée, mais j'ai l'impression que là aussi j'arrive au bout de ce qui peut m'aider. Avec ce message c'est comme une bouteille que je jette à la mer. Je ne sais même pas ce que j'en attends.

 

#2  37541

Re: Je ne vois plus mes enfants

Chère Madame,

Qu'il est douloureux ce départ ! Que leur silence doit vous peser. Mais que pouvez vous vraiment mettre en place pour "contrer" leur choix ?
Depuis toutes ces années vous avez probablement TOUT essayer...
Je perçois comme une résolution, mais est ce bien raisonnable ?
Peut-on faire le deuil de ses enfants vivants ?
Bien sur que non ! Il ne s'agit pas d'un amour décidé, mais d'une filiation certaine, vers le désir de faire vivre et c'est déjà en cela que ce n'est pas possible.
Et si au lieu d'essayer de contrer leur choix, vous alliez plutôt dans leur sens ? Et si vous les acceptiez comme ils sont devenus ? Et si vous vous intéressiez à ce qu'ils mettent en place dans leur vie, dans leur couple, dans leur travail... Et si vous les écoutiez et les épauliez ? Avez vous déjà essayez d'être vraiment "là" pour eux, comme ils le demandent ?

Votre plainte correspond sans aucun doute à votre douleur, mais serait-ce possible pour vous de la taire devant eux ? Votre plainte peut les étouffer et peut les renvoyer à leur incapacité de vous démontrer qu'ils vous aiment.
Et si vous les aimiez comme vous me l'écrivez, passionnément. Et si vous leur démontriez sans reproche, sans ne plus rien attendre d'eux, mais en leur exprimant non pas votre douleur, mais votre amour, tout simplement ?
L'avez vous tentez ?
Est-ce possible pour vous de ne pas être dans le reproche, mais dans l'aide et la démonstration.
N'est-ce pas un des rôles qu'attend le tout petit enfant ?

Vos enfants sont certes grands, mais ils expriment leur désir dans leur rupture.
Ils semblent exprimer leur besoin insatiable de reconnaissance de leur douleur, de demandes d'aides, de supports. Vous semblez avoir été idéalisée par vos enfants et la déception de la simple réalité peut être trop difficile à confronter pour eux.  Sans même ne chercher à comprendre la raison de cette idéalisation, il serait bon de comprendre déjà que La rupture presque "adolescente" traduit en elle-même une suffisance, une peur de ne pas être compris, ni entendu. Ils ne parviennent pas à TOUT vous dire, car ils ont encore probablement peur de l'autorité hiérarchique de la mère qui demande le silence et l'écoute. La rupture peut également suggérer la toxicité d'une possible rencontre. Leur parole ne pouvant s'exprimer en face à face ( trop de honte, trop de colère, trop de peur...), ils peuvent la fuir pour ne pas devoir la supporter car elle leur est insupportable.

Que vous reproche t il ? Leur ressenti probablement... Bien qu'ils ne soient (souvent) pas conformes aux vôtres, pouvez-vous les entendre sans les nier ? Les écouter sans mots-dire, puis peut-être, si ils l'attendent, vous excuser de ne pas avoir été parfaite ? Et puis donner, permettre et vivre.

Quel parent peut s'assurer être parfait, aucun ! Mais ils l'appendront lorsqu'eux-même, seront à leur tour de "vieux" parents...

Et si vous ne cherchiez plus les raisons de leur colère, mais accueilliez leur silence en répondant par de l'amour.

Je vous propose un cahier du bonheur, petit cahier de douceurs pour l'Autre avec un grand A.
Composées de feuilles blanches reliées entre elles, puis sur chaque feuille le prénom d'un proche jusqu'au plus lointain ami.
Tous les jours et ce deux fois par jour ( une fois le matin, une fois l'après-midi ou en soirée ), dans ce cahier je vous propose de noter un plaisir offert à quelqu'un, une pensée communiquée, une douceur partagée, un service rendu, un mot, un appel... Ecoutez, observer et essayer de faire de votre mieux pour répondre à l'attente de l'autre, et ce, sans ne rien attendre d'autre que le plaisir de donner.
Qu'en pensez vous ?

Votre fils vous a écrit : j'ai choisi mon "SACRIFICE", le mot est fort pour exprimer que cela lui coût et vous demande en ce mot de lui montrer comment faire autrement. Probablement en "ravalant", en leur présence, vos conflits intérieurs...
N'est ce donc pas possible pour vous ?
Bonne continuation.


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