plus le goût de la vie

Peut-être bien... au moins avec un Minotaure, dans ce labyrinthe, la source des problèmes est identifiée, on sait ce qu'on a à faire... mais paumé et brisé comme je le suis, je ne trouve rien à quoi me raccrocher. Avant j'avais toujours un but, et c'était toujours dans le sens d'évoluer, maintenant même l'inévitable but professionnel ne me motive pas, et je ne cherche même plus à entrer en relation avec les autres, alors que ça a été mon obsession quand, plus jeune, j'étais phobique social.

C'est vrai qu'avant, c'est sous la pression extérieure que je réagissais et combattais. Souvent sous la pression de mon père il me semble: après avoir abandonné mes études en faculté, je vivotais de petits boulots, et il me pressait de faire une formation pour avoir un travail plus intéressant, une carrière...puis une fois dans l'hôtellerie, il sous-entendait qu'il y avait mieux comme travail, que je n'allais pas faire ça toute ma vie, en tout cas c'est comme ça que je le ressentais, et j'ai repris les études, sur un coup de tête, m'endettant pour 7 ans. Puis il y a eu mon expérience de manager, où au bout de 3 ans le burn-out, l'épuisement. La recherche d'une réorientation, mais mal guidé, mal informé, cela n'a rien donné... J'ai été à la rue quelques mois... suite à une dispute avec mes parents, mon père a décrété "si tu n'es pas content, tu fais ton sac et tu pars à la rue" . C'est ce que j'ai fais. C'est comme ça que j'ai retrouvé du travail, bien obligé, j'ai commencé à faire les saisons. J'ai fait une autre dépression, je me suis fait hospitaliser, et mes parents ont je pense commencé à comprendre que mes difficultés n'étaient pas dues à la flemme.
Mais c'est curieux j'ai le sentiment d'avoir cassé leur influence sur moi, d'abord en partant à la rue, puis en me faisant hospitaliser. Peut être que leur absence d'autorité sur moi me laisse désorienté?
Des fois je me dis que je me suis sabordé, quand après une grave dépression nerveuse j'ai abandonné la fac, alors que j'avais de bons résultats, des fois je me dis que je devrais retourner à la rue, au moins je serais face à moi-même et forcé de réagir...ou de dériver pour de bon. Et je me demande si je ne cherche pas à reproduire l'autodestruction de mes parents naturels (j'ai été adopté) , si je ne cherche pas à finir le boulot qu'ils avaient commencé, l'un en essayant de se suicider au gaz alors que j'étais petit enfant dans la pièce d'à côté, l'autre en disparaissant, abandonnant mari et enfants les uns après les autres, pour finir par se laisser mourir.

En fait, quand j'essaye de trouver une logique, une raison à mes difficultés, le constat est toujours le même: je n'y comprends rien. J'ai beau chercher le fil d'Ariane qui permettrait d'expliquer comment j'en suis arrivé là, je ne vois pas.

Votre question me semble toucher, sans que je puisse m'expliquer pourquoi, un point essentiel. La réponse est non, spontanément, sans que je sache vraiment pourquoi.
Je me rappelle, à mon adoption, j'étais anxieux, et je pense que je faisais tout pour être un "bon garçon" et être bien accepté. Cette anxiété ne m'a pas quitté, avec tout le monde, j'avais peur de ne pas être accepté, d'être rejeté, et la moindre moquerie ou boutade me mettait dans tout mes états: je me sentais rejeté pour rien. Adolescent, je cherchais à tout prix à être accepté dans la bande, et me faisais invariablement...rejeter, ce qui ne faisait qu'accroitre mon anxiété avec les autres. A la fac, quand j'ai réussi ma première année, je n'étais pas content, ma réussite me pesait quelque part, et pour finir, après ma dépression, je me suis sabordé en n'allant pas passer les examens pour le passage en licence.
Voilà ce qui me vient à l'esprit en relation avec votre question. Est-ce que je me sens légitime dans mon être et dans ma vie? encore une fois, non, mais pourquoi? je ne me sens pas à la hauteur des efforts à fournir pour avoir une vie "réussie" (travail, amour, amis, tout ça...), un rien me décourage, je négative bien plus facilement que je ne positive, je suis un faible, un raté, alors comment se trouver légitime avec de telles dispositions d'esprit? et comment se trouver légitime, finalement, quand, enfant, on vous a abandonné comme une vieille chaussette, sans explication ni rien? je sais que ma mère naturelle était témoin de jéhovah, de ce fait, la contraception... ça n'était pas possible, ce qui revient à dire que je suis né par accident, ou de façon...illégitime? je n'étais pas voulu, pas désiré au fond. Elle avait des rapports avec des hommes, et les enfants qui naissaient -elle en a fait 6- elle les abandonnait, elle les laissait littéralement derrière elle. Elle s'est mariée deux fois, et les deux fois, maximum 2 ans après elle disparaissait dans la nature, laissant mari et enfants dans l'incompréhension. Ado, je ne savais pas tout ça, je ne l'ai découvert que récemment, mais je le sentais confusément et je la haïssais de m'avoir abandonné. Aujourd'hui, je sais qu'elle a subi de terribles violences dans son enfance, la rendant manifestement incapable d'attachement. Malgré tout, en reparlant de cela, c'est de la colère que je ressens. Et un profond dégoût de moi-même. Je parle de dégoût... comment avoir le goût de la vie avec ça?

Certes non je ne suis pas responsable de cet état de fait.En réalité, je ne m'étais jamais figuré les choses comme je vous les ai exprimées... peut être qu'il fallait que je reporte cette colère sur quelqu'un, et qu'en l'absence de ma mère, je l'ai reportée sur moi-même. Certains vont externaliser, reporter sur des facteurs extérieurs la cause de leurs problèmes, d'autres, comme moi, vont intérioriser, s'en prendre à eux-mêmes, question de fonctionnement! Ca m'a fait un petit déclic d'exprimer cela, il serait peut être temps de passer à autre chose! Cela dit, comprendre est une chose, mais surmonter l'anxiété avec les autres, changer ses comportements et ses habitudes de pensées inadaptés, c'est une autre paire de manche!