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Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

#1  29330

lostfranck
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Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

Bonjour,

Il s'agit de la première fois que je m'exprime sur ce sujet, j'espère que vous excuserez les longueurs du message, je ressens le besoin d'"ouvrir les vannes".
J'ai 30 ans, et je suis depuis maintenant 4 ans le compagnon d'une femme que je trouve toujours aussi extraordinaire. J'en suis fou amoureux. C'est une jeune femme brillante et ravissante, je ne peux m'imaginer m'en séparer.
Malheureusement, je la vois se battre contre elle-même, le monde entier, y perdre beaucoup d'énergie. J'assiste impuissant à ce combat,  je ne peux pas l'aider. Je m'en rends compte aujourd'hui.
Je parle de combat, et je crois que c'est le mot le plus approprié. Lorsque je considère son parcours, je me rends compte qu'elle a toujours dû se battre. C'est un mot qu'elle utilise d'ailleurs souvent. Issue d'un milieu très modeste ( ses parents sont ouvriers), elle a réussi brillamment ses études de médecine. Elle se considère comme une "transfuge de classe", et n'a plus que très peu de contacts avec sa famille, qui de son côté demeure convaincue qu'elle les méprise. Sa mère est une femme intelligente, mais froide et dure, dénuée d'affection. Son père, quant à lui, est affecté de troubles mentaux assez graves, qui l'empêchent de travailler. Elle n'aime pas en parler. Bref, pas de soutien possible de la part de sa famille, que je ne connais pas moi-même.
Son rapport aux hommes est catastrophique, et j'en fais souvent les frais. Très jolie, elle suscite leur convoitise. C'est une chose qu'elle a du mal à supporter. Elle tient parfois des propos  d'une grande violence à leur sujet.  Longtemps j'ai cru qu'il s'agissait d'une pose "féministe", comme beaucoup de femmes intelligentes en affectent. Mais je m'étais trompé. Il y a un an, nous avons eu une discussion très éprouvante, durant laquelle elle m'a confié avoir été par deux fois abusée par un homme.
La première fois, elle avait treize ans. Un moniteur de colonie de vacances lui a fait subir une semaine d'attouchements , qu'elle n'a jamais eu, dit-elle, le courage de dénoncer. Et la culpabilité sans doute de lui avoir ainsi permis de recommencer.
La seconde fois, il s'agissait de son premier petit ami, le fils d'une grande famille bourgeoise de deux ans son aîné , qui, devant son refus de coucher avec lui, l'a soumise a un premier rapport forcé. Elle avait quinze ans. Je précise le statut social du garçon à dessein: dans sa tête, la violence masculine se confond assez couramment avec toute autre forme de domination, économique en particulier (Je suis moi-même issu d'une famille aisée, et nos rapports n'en sont que compliqués.)
Durant son aveu, elle se tenait prostrée, les genoux coincés entre les bras, elle fixait le mur et débitait ces choses d'une voix monocorde, désincarnée. Elle a ensuite demandé à rester seule, sans me regarder. Durant deux semaines je n'ai pas eu de ses nouvelles. C'est le pire souvenir de ma vie.
Cette confession, je la lui ai pour ainsi dire extorquée, frustré je l'avoue par son manque d'appétence pour la chose sexuelle. J'en ai honte aujourd'hui.
Je suis perdu . Depuis son aveu, nos rapports sexuels sont devenus quasi inexistants. C'est très dur à vivre, car c'est une femme désirable. Ils peuvent tourner au calvaire, pour nous deux: elle se met à pleurer en pleine action, se liquéfie dans mes bras et se laisse couler à terre parfois, sans réagir. Et maintenant, je ne peux m'empêcher de penser que le désir que j'éprouve pour elle n'est en nature pas très différent de celui de ses deux abuseurs, et cela me glace. Je n'ose plus la toucher. Et je me demande ce qu'elle ressentait durant nos rapports, avant qu'elle ne me parle de tout cela.
Nous parlons beaucoup, nous avons des échanges très enrichissants, mais il y a "ça" entre nous, et un avenir commun en sursis. Elle m'a fait récemment, le plus simplement du monde, une proposition inenvisageable pour moi: prendre des maîtresses. Ne pas le lui dire, mais me "satisfaire sensuellement" (ce sont ses mots) ailleurs, avec, dit-elle, "le risque de [me] perdre que cela comporte". La connaissant, je sais bien qu'il ne s'agit pas d'un moyen de tester ma résistance. Elle le pense.
Je précise aussi, parce que c'est important, qu'elle est en analyse, depuis plusieurs années. Elle fait tout ce qu'elle peut pour aller mieux, et dans la vie de tous les jours, elle semble épanouie. Mais parfois, quand elle se dépouille de toutes ses protections, elle sombre dans des moments d'abattements désespérés, et parle d'elle comme d'une "carcasse vide." Je ne sais jamais comment la soulager.
J'en ai fini, je ne voudrais pas vous fatiguer. J'attends de vous des conseils, même si la situation me semble insoluble. Je ne veux pas la perdre, je l'admire, je la trouve courageuse, elle mérite d'être heureuse. Mais je me dis parfois qu'elle le serait peut-être plus sans un homme. Sans moi et mes désirs, pourtant si naturels. Comment l'admettre? Comment faire au mieux?

Je vous remercie.
Lostfranck.

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#2  29881

Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

bonjour,

a écrit:

Durant son aveu

? ha ! elle est coupable d'avoir été abusée?

a écrit:

Je ne sais jamais comment la soulager.

pas vous, son thérapeute.. et ne cherchez surtout pas à prendre sa place (au psy) vous y laisseriez bien des plumes..
la comprendre? déjà en comprenant que les victimes d'abus sont : morcelées..  qu'il y a eu au moment de l'acte une séparation corps/esprit, que seul un long travail d'analyse peut permettre une délicate et difficile "réunification" du Moi.
ne vous jugez pas d'avoir du désir pour elle ,mais comprenez que Sa notion à elle a été touchée, au propre comme au figuré..


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#3  29883

lostfranck
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Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

Bonjour M. Dulac,

Je vous remercie de m’avoir répondu.

Le mot « aveu » sonne violemment, c’est vrai. J’avais pourtant relu, et pas qu’une fois, mon intervention avant de la poster, pour qu’elle soit la plus juste possible.
« Aveu » d’un crime, donc ? Pas les abus qu’elle a subis, c’est impossible, comment lui en vouloir pour ça ? J’espère que rien en moi ne la pense coupable.

Mais pour être honnête, je lui en veux tout de même, à un autre niveau. De ne pas me l’avoir dit plus tôt, et donc de m’avoir laissé croire que j’étais le seul responsable de ses rejets. De me regarder souvent comme un abominable « salaud-abuseur », juste parce qu’il m’a pris l’envie de la serrer contre moi, à l’impromptue. Et peut-être aussi parce que je n’imaginais pas ma vie de couple ainsi : je voulais vivre avec elle, et non pas avec un elle « morcelé », les deux fantômes et le psy de l’ombre.

A ce propos, pour réagir à votre deuxième suggestion, c’est vrai que « jouer au psy » avec elle c’est courir au casse-pipe. Dès que j’ose une suggestion ou un conseil, elle se braque, ou explose, me dit que je me prends encore pour « Jésus rachetant malheurs et péchés », que je ne sais tout simplement pas la « laisser tranquille avec ça »…Tout est intrusion pour elle, même un banal conseil.

Or, si je n’interviens pas, je me sens inutile. Sans me prendre pour le héros messianique des films américains, j’ai du mal à concevoir une relation affective sans avoir un rôle « actif » à y jouer, vous l’aurez peut-être compris. Pourquoi faut-il que ce soit si offensant pour elle ? Quand je lis la fin de votre message, je me demande si tout cela n’est pas voué à l’échec. Non pas tant à cause de la longue construction qu’elle doit entreprendre, que du fait qu’elle m’exclut résolument du processus.
Qu’en pensez-vous ?

Lostfranck.

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#4  29885

Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

a écrit:

mot « aveu » sonne violemment,

c'était juste ce que je voulais souligner..
pour votre information, des patientes et patients (et oui bien plus que l'on ne le pense) peuvent avoir besoin des plusieurs mois pour commencer à en parler en séance! chez un(e ) pro ,alors imaginez face à un proche!
hélas oui , hélas normal ! vous êtes l'image du bonhomme qui a.. une sorte de transfert inconscient et imparable, du moins tant que le travail thérapeutique commence à détourner ce transfert sur le thérapeute..

a écrit:

les deux fantômes

reformulé (pour que vous puissiez mieux comprendre) par : la petite fille violée dans sa chair et la femme dans ses souffrances..

a écrit:

…Tout est intrusion pour elle,

Oui ! à votre avis comment le moniteur a fait pour arriver à ses fins? l'attirer dans son piège de prédateur pervers.. surement comme pour beaucoup de victimes, par des mots, des attentions,etc.. pour finir l'intrusion dont vous parlez..: imaginez que ce soit vous qui ayez été abusé, intrusion ne rimerait 'il pas avec introduction, dans le sens sexuel du terme??

a écrit:

Quand je lis la fin de votre message, je me demande si tout cela n’est pas voué à l’échec

ou est la notion d'échec dans mes propos? à moins que ce soit cette partie de vous:

a écrit:

Or, si je n’interviens pas, je me sens inutile. Sans me prendre pour le héros messianique des films américains, j’ai du mal à concevoir une relation affective sans avoir un rôle « actif » à y jouer

qui a lu, interprété mes mots?? qu'en pensez vous?


Thérapeute

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#5  29886

Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

pui souvenez vous de ceci:

a écrit:

J'ai 30 ans, et je suis depuis maintenant 4 ans le compagnon d'une femme que je trouve toujours aussi extraordinaire. J'en suis fou amoureux. C'est une jeune femme brillante et ravissante, je ne peux m'imaginer m'en séparer.

autant d'amour ne saurait que vous donner la force et la patience.. non?!


Thérapeute

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#6  29889

lostfranck
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Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

Vous avez raison, et soulignez pour finir l'essentiel: je l'aime énormément, en ces termes. J'aimerais qu'elle puisse les recevoir,  ces termes...

Voyez-vous, je veux donner, faire, prouver, aider. Cela m'évite de penser à ce qui lui est arrivé. Ou pour le dire autrement, de penser que cela arrive, et pas seulement aux petites filles.
D'ailleurs je relis ce que vous m'écrivez:

"imaginez que ce soit vous qui ayez été abusé, intrusion ne rimerait 'il pas avec introduction, dans le sens sexuel du terme??"

C'est une idée extrêmement dérangeante pour moi. Je ne peux -veux?- pas me l'imaginer. C'est rassurant de se dire qu'il y a toujours moyen de faire quelque chose, de parer, d'infléchir. Au point de tout relire en termes d'échec/réussites, comme, finalement oui, dans les films américains...

Mais bien-sûr, face à elle, cela ne tient plus...Je me vois bien lui tenir ces genre de discours: il y a toujours moyen de faire quelque chose, de parer, d'infléchir!

C'est drôle de venir sur un site truffé de psychanalystes, croyant chercher des pistes pour mon amie, et finir par avouer - tiens toujours cet aveu...- que j'ai une peur monstre de l'impuissance et de l'intrusion!

Grand merci à vous en tous cas, au plaisir,

Lostfranck.

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#7  29890

Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

a écrit:

site truffé de psychanalystes

ce qui semble assez normal puisque c'est un site de psy..wink

a écrit:

croyant chercher des pistes pour mon amie

et en avoir trouvé pour vous?? dixit votre:

a écrit:

j'ai une peur monstre de l'impuissance et de l'intrusion!

bonne journée..


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#8  29891

lostfranck
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Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

Oui, on cherche toujours pour soi, en fin de compte...
Merci encore, ce fut stimulant. Ce soir en rentrant je ne lui demanderai pas "si je peux faire quelque chose pour elle", comme toujours!
Bonne journée à vous,

F.

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#9  29898

Re: Désarroi du compagnon d'une femme abusée, besoin d'y voir clair.

Pse de quoi..
et bon courage à vous deux.


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