La juste distance entre collègues ... complexe à définir !!!

J'avais besoin d'exprimer mon tumulte intérieur du moment.
En effet, ce que je vis actuellement est lié à une soif profonde d'être aimée et reconnue; ce qui fait que j'ai tendance à me perdre dans la relation. (ce n'est cependant pas systématique)
En février 2008 après avoir perdu 22 kg en 8 mois (suite à une forme de manipulation mentale en mars 2007 et à des violences morales faites à des collègues et à moi même), j'ai dû me reposer pendant 3 mois 1/2 pour ce qu'on appelle un burn-out.
Depuis novembre 2006 un nouveau directeur a été placé mais il a des qualités mais malheureusement pas les compétences pour assurer les responsabilités qu'on lui confie et il affirme haut et fort que ce n'est pas son truc! il ne va pas en profondeur dans les dossiers et après deux ans, il ne connaît toujours pas le contenu de mes dossiers. Si je lui expose un problème, il est incapable de m'apporter une piste de solution et me laisse me débrouiller.
De plus j'ai un autre collègue à qui on a imposé un dossier sur lequel je bossais déjà depuis deux ans (sur le plan administratif)! j'ai voulu lui transmettre un maximum d'info et l'ai trop materné (c'est avec le recul que je m'en suis rendue compte) et je me suis retrouvée d'une certaine manière en charge du dossier complet! après diverses relances sur des points importants sur lesquels il devait bosser sans quoi il pourrait y avoir des conséquences fâcheuses, le dernier délai pour ce qu'il devait faire était arrivé et il était trop tard !
j'ai mis une énergie incroyable pour que les choses fonctionnent mais j'ai mis toute l'énergie que lui ne mettait pas (comme avec le directeur) et
je me suis épuisée!
pendant mon arrêt j'ai pu écrire à ce collègue que je ne pouvais plus travailler de cette manière / que j'étais en train de me détruire etc... et il m'a répondu en disant qu'il était responsable de tout cela et que si quelqu'un devait modifier son comportement c'était lui etc...
vous imaginez bien quel soulagement pour moi (étant donné l'état moral dans lequel je me retrouvais) ! il reconnaissait enfin ses responsabilités!!!!
lorsque je suis revenue, il a fait plus attention à mon état / il me demandait si ça allait ! et il avait vraiment dans l'idée de prendre ses responsabilités et de ne pas provoquer une nouvelle fois cet état d'épuisement! il a bien fait mention du fait qu'on constituait une équipe et qu'on se soutiendrait !
je n'aurais jamais cru que ce jeune homme se remettrait en question et du coup je le regardais différemment et commençais à être fascinée par lui ! j'avais envie de partager des choses avec lui! c'était la première fois que je me retrouvais à faire équipe avec quelqu'un!
et puis il ne me sortait plus de la tête ! j'essayais de connaître ses goûts, de mieux comprendre son fonctionnement, ses croyances!
tout en étant bien consciente quelque part en moi que ce n'était pas réciproque (même en terme d'amitié, il existe un échange, un partage et là ce n'était pas le cas... parce que s'il me prêtait tel dvd, il l'avait prêté à mille autres personnes avant moi) et moi j'avais soif d'exclusivité, de fusion en quelque sorte!

Le lundi 15 septembre 2008, j'avais réussi, pour la première fois dans une discussion en dehors du travail, à me positionner et à partager une conviction qui l'a apparemment interpelé:  J'étais contente qu'il semble entendre ce que j'avais à dire ! jusqu'alors je me laissais pomper toute mon énergie en observant tout ce qu'il faisait, disait, en mémorisant tout à son sujet!!!!
Le mardi 16 septembre 2008, je discutais avec une collègue du fait que j'étais un peu gênée de pratiquer le théâtre (que je pratique depuis 4 ans maintenant) avec un ou une collègue de travail ! après ce que j'ai vécu, j'aurais problablement du mal à me lâcher devant un collègue ! Je viens déjà de souffrir à cause, entre autre du milieu professionnel!
En fait, pour expliquer le pourquoi de cette discussion... une nouvelle collègue, avec qui je fais du théâtre depuis 1 an, a fait de la pub pour l'atelier !
Cette autre collègue avait donc dans l'idée de rejoindre l'atelier ! J'éprouve actuellement le besoin, après ce burn out, de faire une séparation réelle entre vie professionnelle et vie privée! D'autant que dans cette entreprise, il y a une fusion entre les gens; ce qui fait qu'on mélange tout et on en arrive à ne plus pouvoir dire les choses... une vraie secte... à différentes échelles (direction générale; direction du site; formateurs; administratifs)
Vous imaginez bien que c'est un sujet tellement délicat ( et je suis souvent maladroite c'est à dire que je veux toujours être la plus vraie possible avec les gens et ceux que j'ai en face ne sont pas forcément vrais mais fourbes)
bref elle a dit être blessée (sentiment de rejet car j'ai dit que je n'étais pas certaine de continuer le théâtre).... ce que je comprends bien ... je me suis excusée pour ma maladresse et lui ai précisé que c'était son choix de toute façon et que de mon côté j'avais à faire le mien, c'est-à-dire,  d'arrêter d'aller dans cet atelier si je ne le sentais pas
Toujours est-il qu'elle n'a pas voulu comprendre et à commencer à en parler partout !

De plus,  le collègue,dont je vous ai parlé plus haut, est intervenu et à commencer à me dire qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais cette idée ! que l'acteur porte un masque et que ce ne sont pas ses émotions puisqu'il est dans un rôle /
Je suis restée calme un moment pour lui  expliquer que mon chemin dans le théâtre m'amenait à penser que les émotions ne peuvent venir que de moi et par ailleurs qu' elles sont au service du personnage que j'incarne ! il y a donc effectivement une distance qui s'installe!
Après que je lui aie expliqué que nous faisons essentiellement des improvisations dans cet atelier ... il a eu l'air de mieux comprendre !

Mais il a quand même commencé à parler de quelquechose qui n'avait rien à voir !
il m'a dit que sa copine et lui, lors d'une soirée à laquelle j'avais été conviée pour le retour d'une ancienne collègue, avaient trouvé que j'étais paradoxale parce que je n'osais pas exposer une peinture et que je faisais du théâtre ! que j'avais certainement oublié la notion de plaisir !!!
Je vous explique cette histoire de peinture !
Chaque membre du personnel a eu pour consigne de faire une peinture en se servant des doigts sur le thème "couleur de vacances" afin d'inaugurer la nouvelle salle conviviale!
C'est la première fois que je peins de cette manière. ça faisait longtemps que j'en rêvais! je n'avais jamais osé car j'avais une sorte de complexe car mon père, mon frère, ma soeur et mon mari peignent mais ils ont pris des cours.
Et là, J'ai pris énormément de plaisir à travailler les couleurs. Je me suis lâchée... c'était un grand moment pour moi... j'en ai même oublié le temps !

Après avoir terminé cette peinture j'ai justement croisé ce collègue à qui j'ai partagé ce sentiment de plaisir et d'intemporalité! Il m'avait même répondu qu'il n'avait pris aucun plaisir à faire ce travail!
Entre-temps une autre collègue avait jeté un coup d'oeil sur les peintures qui étaient en train de sécher ... et, par déduction, elle a compris que les peintures à partir  desquelles elle avait imaginé des choses érotiques, étaient les miennes et elle me l'a dit.
Du coup je me suis sentie hyper- gênée mais paradoxalement j'en ai parlé comme si j'en étais fière (ça reste entre nous ... en fait depuis toujours j'ai ce sentiment d'être enfermée dans l'image d'une petite fille stricte, coincée et j'ai été conditionnée dans un environnement religieux qui frustre une jeune fille pleine de vie)

Lors de la soirée dont je parlais ci-dessus, la collègue qui avait fait l'interprétation érotique, était présente ... ce sujet revint dans la conversation mais de façon légère!!!!

Même si elle m'a dit que ce n'était que son interprétation, il n'empêche que lorsque j'ai regardé de nouveau ma peinture ... j'avais oublié tout le plaisir que j'avais pris à la faire ! la beauté des couleurs trouvés et en plus j'avais honte ! et je ne voulais absolument pas qu'on sache quel était mon dessin!

Et en quelque minute ce mardi 16 septembre 2008... ce collègue auquel je m'étais attachée, qui ne me sortait pas de la tête, et face auquel je me suis positionnée la veille sur une conviction personnelle, m'attaquait personnellement en parlant hyper fort !
il me disait que sa copine et lui me trouvaient paradoxale parce que je ne voulais qu'on voit cette peinture et qu'à côté de cela je pratique le théâtre aidez moi à faire le lien, à comprendre la finesse de cette réflexion de monsieur le juge et son assistante !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Après ces phrases assassines il a dit "Je ne comprends pas .... ""ce n'est pas par pur esprit de contradiction que je te dis cela..." et encore
"mais ne t'inquiète pas, ça ne m'empêche pas de dormir la nuit"
et là des sanglots me sont remontés de très loin ! je suis partie
et il a dit "oh je n'aurais dû rien dire"
j'ai mis du temps avant d'arrêter de pleurer ! bizarrement ça me faisait du bien de verser ses larmes! j'observais en même temps qu'il avait touché à une partie de moi très blessée! je ne sais pas si quelqu'un m'avait déjà fait mal de cette manière!
L'après-midi, je devais travailler avec lui et je lui parlais avec distance ! j'ai animé la réunion de façon très professionnelle en présentant tous les points à travailler et il a été très carré pour la première fois !
Tous les jours, lorsqu'il passait pour me saluer, je lui disais bonjour comme à n'importe quelle personne se présentant sur le site, comme à un inconnu!
Vendredi 19 septembre 2008, il a essayé de me parler d'un dossier épineux sur lequel j'avais une fois de plus rattraper les boulettes qu'il avait faites (j'espère que je vais savoir me corriger) et ça ne m'intéressait pas ...
alors qu'avant je me noyais dans son regard même si ce qu'il me disait était inintéressant...

[D'ailleurs ce qui est curieux ou logique c'est que ce dossier épineux c'est celui pour lequel je l'avais relancé tout le mois de janvier et pour lequel il avait laissé passer les délais d'où de nombreuses conséquences et une altercation violente entre le client et lui! et il m'a demandé de faire les choses pour lui et j'ai dit oui alors qu'il m'avait beaucoup de tort et que j'aurais peut-être lui dire d'assumer ses erreurs!]

J'ai répondu aux arguments de façon machinale et ensuite je me suis tournée vers l'extérieur et...  silence... j'étais bien sans lui parler ! Il est parti très rapidement sans finir sa cigarette et m'a souhaité un bon après-midi ! J'ai cru qu'il allait chialer!
deux autres collègues m'ont d'ailleurs  dit que ça le bouffait cette situation!
il s'est même excusé auprès d'une nouvelle collègue pour dire qu'il était le premier à ne pas vouloir faire ce genre de choses car la vie est déjà assez compliquée !
Ce qui est "drôle" c'est que la semaine précédente, il m'avait reprise devant tout le monde, parce que j'avais donné mon point de vue sur un collègue plutôt irrespectueux avec les femmes! mais de façon légères et il avait dit que les nouvelles feraient leur expérience elle-même ! qu'il n'aimait pas qu'on casse du sucre sur le dos des autres! et du coup il dramatisait tout !
une semaine après il me violente devant une quinzaine de collègues !
je sais aujourd'hui que je lui ai donné énormément de pouvoir sur moi mais je n'arrivais pas à faire autrement ! il me hantait ! je ne me sentais plus libre
Je dois dire que, le fait d'avoir mis cette distance avec lui vendredi, m'a permis de comprendre que je suis capable de vivre sans son influence, par moi-même!
ça réveille les douleurs du rejet car je me mets à l'écart dans un premier temps car je me suis sentie humiliée trahie non-respectée ! et je suis aujourd'hui très en colère
D'habitude, je suis la première à écrire un mail ou  à essayer de communiquer mais là ! je crois vraiment qu'il est allé trop loin ! et j'ose dire que j'attends seulement s'il le souhaite qu'il me fasse ses excuses pas parce qu'il pense différemment ou qu'il ne comprend pas les choses mais parce qu'il m'a humilié en parlant fort comme il l'a fait et avec une violence ! comme s'il me reprochait  d'être ce que je suis, un être humain avec ses forces, ses faiblesses, ses contradictions!

Je pense qu'on a une vie entière pour apprendre; qu'on passera sa vie à chercher qui on est, ce qu'on veut ... c'est la vie et c'est beau même si c'est fatiguant et douloureux parfois de se remettre en question!

Le problème qui se pose à moi c'est comment je vais tenir dans ces conditions ?! c'est nouveau pour moi de prendre mes distances ... je n'ai jamais su faire ça auparavant !ma conscience me disait de faire attention mais je n'arrivais pas à me protéger ! l'effet de groupes est assez terrible pour ça ! si tu ne fonctionnes pas comme les autres, en l'occurrence comme je l'exprimais tout à l'heure dans une sorte de fusion, tu n'es pas acceptée dans le clan!

Ma réaction aujourd'hui c'est de me rapprocher de celui que j'aime profondément, qui me connaît très bien, qui accepte mes qualités et même mes défauts même si ça l'agace (et il commence à me dire quand ça l'agace ... je trouve ça très positif!!!); nous avons beaucoup de points communs et nous sommes à l'aise l'un avec l'autre, nous rions ensemble, nous dialoguons beaucoup sur des sujets profonds, nous sommes tendres l'un avec l'autre, un peu foufou, nous organisons au pied levé une soirée danse à deux la semaine dernière sur les années 80 cette semaine sur la nouvelle scène française, nous avons pris plaisir à aller ensemble au musée hier; nous écoutons de la musique ensemble et nous nous autorisons à avoir nos moments seuls pour digérer pour être plus précise pour que je digère ce que j'ai vécu cette semaine....

merci de m'avoir lue et bonne semaine à tous !